Labrune à l’OM : un télé-président bénévole !

Ce week-end, le Journal du Dimanche a consacré un long article au nouveau président du club marseillais, Vincent Labrune (« Comment Labrune dirige l’OM ») ; l’homme, aux nombreux relais dans les médias, a très vite été informé du projet de l’article, et a indiqué au journaliste les gens qu’il devait interviewer en priorité… ce qui a […]

Ce week-end, le Journal du Dimanche a consacré un long article au nouveau président du club marseillais, Vincent Labrune (« Comment Labrune dirige l’OM ») ; l’homme, aux nombreux relais dans les médias, a très vite été informé du projet de l’article, et a indiqué au journaliste les gens qu’il devait interviewer en priorité… ce qui a transformé le papier en panégyrique, chantant la gloire d’un président à l’aise avec tout le monde, maîtrisant tous ses dossiers, et volant de réunion en réunion.
On en apprend quand même un peu plus sur la personnalité et la méthode de management de celui qui préside aux destinées du club depuis l’éviction de Jean-Claude Dassier.

Présence limitée, salaire nul

Ce n’est pas la moindre des révélations de l’article du JDD : Labrune serait le premier président de l’ère LD à ne pas recevoir de salaire pour son travail. Là où on avait insisté lourdement sur les émoluments de Diouf et Dassier (entre 50 et 70.000 euros mensuels), on peut s’étonner de la nouveauté. En fait, cela souligne simplement que Labrune n’est que le délégué de Margarita Louis-Dreyfus, dont il est, en général, le conseiller, et particulièrement l’homme de confiance pour gérer l’OM.
Si l’on savait qu’il ne résidait pas à Marseille mais à Paris, on apprend aujourd’hui qu’il loge, à chacun de ses déplacements, au Sofitel Vieux-Port (l’un des hôtels les plus chic de la ville), et qu’entre la direction de sa boite de communication et ses responsabilités au sein du groupe Louis-Dreyfus, il ne consacre au club que  » trois à quatre heures par jour « . Soit sensiblement moins que ses prédécesseurs, mais pas forcément moins qu’un Bernard Tapie qui, en son temps, continuait de conduire ses autres affaires, et même, pendant un an, son ministère.

Loin des yeux, proche de Deschamps

On se doute qu’à ce rythme-là, il ne risque pas d’énerver ses subordonnés en étant sans cesse dans leurs pattes. Et il semble que les salariés du club, à commencer par Deschamps et Anigo, se satisfont de ce modus vivendi — cela étant, on les imagine mal se plaindre de leur employeur en public. L’entraîneur, par exemple, apprécie l’attitude de Labrune :  » Nous avions déjà une relation de confiance. Maintenant, nous travaillons aussi dans la transparence. Il vient parler dans le vestiaire, mais il n’y a pas d’ingérence. On échange sur la partie technique, mais il a sollicité notre avis plus souvent qu’il n’a donné le sien « . Et Didier Deschamps ajoute un signe de complicité qui ne trompe pas, sans doute dû au jeune âge des deux hommes :  » De toute ma carrière, Vincent est le premier président que je tutoie « .
De son côté, José Anigo raconte les interminables échanges de SMS et de coups de téléphone entre lui et son président, au cours des étapes décisives du mercato. Une présence distante, en quelque sorte, qui ne semble pas l’empêcher de gérer le club… en tous cas quand tout va bien. On verra si Vincent Labrune peut se tenir à cette méthode si jamais la crise du club venait à se prolonger !

Son créneau : représenter le club

S’il est un domaine dans lequel même les détracteurs de la manière Labrune peuvent espérer des résultats, c’est la représentation de l’OM auprès des différentes instances du football et des médias — ses deux spécialités, aime-t-il à souligner. Homme de réseaux, il met en avant sa  » réflexion stratégique « , et insiste sur l’expérience qu’il a acquise du temps où il présidait le Conseil de Surveillance : c’est moi, dit-il,  » qui règle tous les problèmes depuis trois ans « . On l’a ainsi vu dernièrement défendre Nicolas Nkoulou devant la commission de discipline de la LFP, où il a récolté les louanges de l’avocat Régis Rebuffat, mais pas de résultat exceptionnel, puisque le Camerounais a tout de même écopé de trois matchs fermes !
Un rôle plus politique pourrait ainsi lui être dévolu prochainement, puisqu’il candidate au conseil d’administration de l’Union des Clubs Professionnels de Football ainsi qu’à celui de la LFP, pour y remplacer Dassier. Le JDD semble assuré de son élection, et cite à ce sujet les éloges de ses confrères présidents ; Louvel, du Havre, souligne sa fine connaissance du foot, et Caiazzo, de Saint-Étienne, salue par exemple sa « vision » sur les droits télévisuels (dont on ne saura pas plus pour le moment),

Présider pour qui ?

Du temps où le président était directement l’actionnaire, on pouvait se faire une idée de ses motivations : prendre son pied à voir son équipe gagner, et engranger du prestige pour se forger une image valorisante dans le monde des affaires ou de la politique… Mais depuis que les présidents sont délégués par les Louis-Dreyfus, on ne peut manquer de se demander pour qui ils gouvernent l’OM. Il est évident que leur premier impératif est de limiter les pertes pour l’actionnaire, histoire d’en faire un bon « actif » du gigantesque groupe LD.
Ce type d’objectifs est-il compatible avec le foot européen de haut niveau d’aujourd’hui ? Un club peut-il durablement être dirigé par un homme ambitieux mais distant, et aux ordres d’une actionnaire mystérieuse ? On le saura plus précisément une fois que Vincent Labrune aura accompli une saison entière à la tête du club marseillais.