Labrune détaille son projet pour l’OM

Dans les colonnes de France Football, Vincent Labrune a expliqué ce matin son projet pour l’Olympique de Marseille et notamment ses choix de recruter « français » et d’appliquer une politique financière rigoureuse.

Amené sur le devant de la scène après le départ de Pape Diouf et de Jean-Claude Dassier, Vincent Labrune n’est plus le dirigeant inexpérimenté que Michel Seydoux vilipendait cet été au sujet de Florian Thauvin. Le président marseillais a depuis quelques mois pris la mesure de son rôle et on le sent plus concerné par les affaires du club. Très actif cet été sur le marché des transferts, l’ancien président du conseil de surveillance communique aussi plus dans les médias. Une très bonne chose pour les supporters d’autant que son projet apparait comme une alternative crédible au « dumping » proposé l’ASM et le PSG. Ce matin, il explique longuement son projet dans les colonnes de l’hebdomadaire sportif.

L’auto-financement face à la subvention

Bien qu’il ait à sa tête l’une des familles les plus riches d’Europe, l’Olympique de Marseille s’auto-finance depuis la présidence de Pape Diouf. C’était le souhait de Robert Louis-Dreyfus à la fin de sa vie, c’est maintenant aussi celui de sa femme, Margarita, qui, elle, s’est avéré incroyablement douée en affaires au sein du groupe LD. « Elle est au coeur du projet, elle a toujours été là dans les moments difficiles et elle a largement impulsé le plan de rigueur mis en place il y a dix-huit mois et qui a porté ses fruits. Elle considère que le club doit s’autofinancer. À nous de trouver des solutions » relève Labrune. Un choix logique dans la perspective du fair-play financier mais qui peut cependant mal passer chez certains supporters qui digèrent mal les 316 millions de recrutement du Pars Saint-Germain (en 3 mercatos) et les 167 millions d’achat de l’AS Monaco. L’objectif est pourtant louable et peut permettre à terme de s’amender d’un propriétaire comme le FC Barcelone ou le Real Madrid avec un système de socios. C’est aussi le choix d’une gestion saine comme celle du Bayern Munich, d’Arsenal, du Borussia Dortmund (des clubs modèles pour Labrune) et de bien d’autres qui sont, eux, fair-play financier compatible. Il faut cependant espérer que le PSG et l’ASM seront rattrapés par l’UEFA pour leurs dépenses non auto-financées. Notons que les 41.5 millions d’euros dépensés par l’Olympique de Marseille l’ont été sans l’apport du moindre centime de Margarita Louis-Dreyfus. Au lieu de le déplorer, nous devrions nous en féliciter . Ne pas faire partie du gotha du football de la dette est certes lourd à avaler sur le court-terme mais est sur le long terme le gage de la pérénité.

L’OM et le choix d’acheter français

Si le PSG et l’ASM ont misé sur des joueurs étrangers, l’Olympique de Marseille s’est lui retranché sur des joueurs français. L’OM ne pouvant hélas se payer Zlatan Ibrahimovic ouRadamel Falcao), les dirigeants phocéens se sont retranchés sur le marché français. « Les très bons joueurs étrangers n’ont aucun intérêt à venir en France vu le niveau des prélèvements. Sauf à Paris et à Monaco, où ils touchent des rémunérations nettes d’impôt. (…) Au lieu de recruter des joueurs de deuxième ou troisième niveau international, nous avons préféré le premier choix français« . Notons que la famille de l’émir du Qatar bénéficie en France d’un régime fiscal aménagé dont on ne sait rien (secret défense) et que Monaco a un régime fiscal dérogatoire qui permet à l’ASM de ne payer ni impôts, ni charges. Dès lors comment rivaliser ? C’est impossible pour Labrune qui expliqué que le PSG a 17 joueurs impatriés et Marseille, un seul. Le régime fiscal des impatriés permet d’être exonéré de 30% sur ses impôts payés par Paris. Pendant ce temps, les autres joueurs français eux ne bénéficient pas de cet abattement.

Achetons un entraineur étranger !

Admiratif (comme beaucoup) du modèle économique et sportif du Borussia Dortmund qui a permis au club de la Ruhr d’engranger plus de 300 millions de recettes, Vincent Labrune a cependant peut-être oublié que l’un des socles de ce changement s’appelait Jürgen Klopp. Chantre du football ultra-offensif, l’entraineur allemand recruté en 2009 a transformé – avec Joachim Löw et quelques autres – le football allemand en moins d’une décennie. La Bundesliga est aujourd’hui l’un des meilleurs championnats du monde, avec des grands stades plein, une ambiance formidable et surtout … du beau jeu. Or force est de constater qu’Elie Baup, malgré toute la bonne volonté du monde, n’a pas le bagage et la culture du jeu permettant d’atteindre cet objectif et de raviver le feu dans les gradins où, avouons-le, on s’ennuie depuis des années (et bien avant qu’il n’arrive dans la cité phocéenne). Il manque donc un volet au projet du président de l’OM, celui de recruter un jeune entraineur ambitieux, créatif et charismatique. Même Didier Deschamps (dont certains estiment que c’est un grand coach même s’il montre autant de limites que ces prédécesseurs en équipe de France) ne correspond pas à ces critères. Il faut donc en finir avec la culture défensive et ultra-physique des entraineurs français (et des centres de formation agréé FFF). L’avenir passe probablement par un changement de culture qui ne peut que passer par un changement de coach.

Vincent Labrune estime que « ces politiques alternatives prennent un peu de temps » mais qu’elles porteront leurs fruits à terme. Reste qu’aucun club ne sera en mesure de contrer Monaco et Paris tant que ces derniers bénéficieront d’avantages dont les autres clubs ne bénéficient pas mais gageons qu’ils seront très bientôt rattrapés par la patrouille. Reste qu’il faudra aussi prendre d’autres décisions plus difficiles.