Même si la piètre performance des minots jeudi soir face à Limassol (3-0) peut faire craindre une génération sans talent, il n’est pas forcément juste de juger tous les joueurs sous cet oeil-là d’autant que c’est sur la durée que certains se révèlent. Elie Baup, lui, estime au contraire que ces jeunes du centre de formation de l’OM ont « du potentiel ». Avec des finances asséchées, les dirigeants phocéens sont contraints de se tourner vers eux même si le niveau auquel ils évoluent (la CFA2 pour les plus âgés ou les U19 pour les autres) est très loin d’être formateur pour le très haut niveau. Après avoir passé en revue les meilleurs joueurs de football formés à l’OM, voici donc l’avenir de Marseille.
Pour eux le futur c’est maintenant
Parmi les joueurs passés par le centre de formation de l’OM et qui aujourd’hui sont toujours sous les mêmes couleurs, il y a quelques joueurs dont le niveau est sensiblement supérieur aux autres.
A. Ayew : le jeune espoir devenu cadre
Amené par son père Abedi Pelé qui demeure fan de son ancienne équipe, André Ayew intègre à 15 ans le centre de formation de l’OM . Après un prêt assez peu convaincant à Lorient, le jeune gaucher casse la baraque avec Arles-Avignon (Ligue 2) en devenant un artisan majeur de la remontée du club provençal. Après une coupe du monde 2010 de grande qualité, il s’impose l’année suivante sous les ordres de Deschamps. La hargne, un physique affuté et l’efficacité sont ses meilleures qualités. Malgré une certaine baisse de qualité dans ses prestations depuis 18 mois, il est aujourd’hui un titulaire indéboulonnable du onze de Baup. André Ayew, c’est déjà 35 buts à l’OM au poste d’ailier gauche en deux ans et demi. Inutile de dire qu’il attire les convoitises de plusieurs grands clubs dont le Bayern Munich qui le suit depuis plusieurs saisons.
J. Ayew : bientôt titulaire indiscutable en attaque ?
Né à Marseille, Jordan Ayew a longtemps été considéré comme l’un des joyaux du centre de formation de l’OM avec lequel il a engrangé quelques trophées (dont celui de champion de France des moins de 16 ans avec Eric Thiery). Il signe à 17 ans son premier contrat pro pour une durée de 3 ans (prolongé de 3 années supplémentaires depuis). Très ambitieux et annoncé comme le plus prometteur des enfants Ayew, il a parfois eu du mal à soutenir les inévitables comparaisons avec son père ou son frère André. Il profite aujourd’hui de la blessure d’André-Pierre Gignac et la méforme de Loïc Rémy pour marquer les esprits. Il a inscrit cette saison 6 buts en 10 titularisations. A ce rythme, il va s’imposer durablement au club.
Abdullah : le maitre de la simplicité et de l’efficacité
Titularisé à plusieurs reprises cette saison par Baup, Rafidine Abdullah a étonné par sa maturité, la simplicité dans son jeu, sa puissance et sa capacité à délivrer des passes réussies. Né à Marseille, Abdullah a déjà plusieurs sélections en équipe de France chez les jeunes mais avoue avec intelligence apprendre tous les jours avec le groupe phocéen. En concurrence avec un Kaboré qui ne donne pas satisfaction, Abdullah a certainement une belle carte à jouer dès cette saison si le coach olympien lui laisse sa chance. Inévitablement, le temps jouera en sa faveur et on peut espérer de lui qu’il devienne un élément important du club dans les années à venir.
Les futurs espoirs de l’OM
Si ces trois joueurs peuvent aujourd’hui prétendre à jouer les premiers rôles (ce qui est déjà le cas pour André Ayew), d’autres trépignent d’impatience en coulisses.
Omrani : la puissance est dans ses pieds
Arrivé à l’OM à 15 ans, Billel Omrani est un des grands espoirs du club phocéen. Puissant, technique et très athlétique, l’attaquant de pointe était d’ailleurs courtisé par de grands clubs européens (Manchester City, Tottenham, le Bayern Munich) lorsqu’il signe un contrat très intéressant (directement pro) avec l’Olympique de Marseille en mars 2011. Depuis, à l’instar d’André Ayew, l’attaquant phocéen dort un peu sur ses lauriers et ses 20 minutes face aux Girondins de Bordeaux ont de quoi inquiéter. Alors Billel à quand ton réveil ? A moins qu’il ne passe par un prêt comme cela est le cas de Gadi actuellement.
Gadi : une pépite qui ne demande qu’à briller
Né à Ris-Orangis dans l’Essonne, Chris Gadi devient un pur produit marseillais lorsqu’il intègre le club phocéen à l’âge de 15 ans. Si son prénom est un hommage à Chris Waddle (dont son père était fan), son jeu est très différent. Vif, technique et avec de grandes facilités pour éliminer les adversaires en un contre un, Gadi est prêté cette saison pour la première fois de sa carrière. Il enfile actuellement les buts (6 pour le moment) en National à Boulogne-sur-Mer. Ce départ lui a permis de gagner en maturité et en ambition. Son souhait est désormais bien sûr de revenir à l’OM pour « casser la baraque« . A noter qu’il est capable d’évoluer sur le côté comme dans l’axe de l’attaque.
Araaï : le nouveau petit prince de l’OM ?
Considéré comme le grand espoir du centre de formation de l’OM, Michel Araaï a Samir Nasri comme modèle et semble en capacité à suivre la trajectoire de son aîné. Plusieurs clubs étrangers de renom ont les yeux rivés sur lui alors qu’il n’a que 16 ans. Vif, technique, le jeune provençal semble avoir l’avenir devant lui. Araaï a rejoint l’OM à l’âge de 7 ans et est régulièrement surclassé depuis, ce qui montre son potentiel.
Aloé : un nouveau roc provençal ?
Né à La Ciotat, Baptiste Aloé est un défenseur à l’ancienne, très athlétique, impérial dans le jeu aérien et dur sur l’homme. Il est en plus un véritable meneur d’hommes, ce qui ne gâche rien. Aloé emmagasine actuellement de l’expérience avec les pros ce qui pourrait l’amener à avoir sa chance très bientôt. Baup ne tarit pas d’éloges à son sujet. « C’est un très bon défenseur car il a cette rage de défendre et de gagner les ballons dans les pieds de l’adversaire. C’est un garçon très sérieux et très intelligent dans son travail. » Des qualités rares dans le football actuellement. Aloé a réalisé son baptême en pro lors du match d’Europa League OM-Limassol (5-1) à un poste, inhabituel pour lui, d’arrière droit. Aloé peut être aussi dangereux sur les coups de pied arrêtés.
Azouni : pour faire la loi au milieu ?
Né à Marseille, Larry Azouni fait ses classes au Burel puis intègre le centre de formation de l’OM à l’âge de 13 ans alors que plusieurs autres clubs sont intéressés. Arrière central de formation, le jeune provençal est rapidement repositionné comme milieu de terrain en raison de son gabarit. Bon dans la lecture du jeu et la relance, Azouni pourrait peu à peu intégrer le groupe pro à la faveur des piètres performances de Kaboré et être à terme pourquoi pas associé avec Abdullah.
Jobello : un Rémy made in Marseille ?
Natif de la région parisienne mais sous les couleurs de l’Olympique de Marseille depuis l’âge de 15 ans, Wesley Jobello est un véritable dévoreur d’espaces et demeure plus à l’aise techniquement qu’on a pu le voir face aux Chypriotes. Son profil est assez proche de celui de Loïc Rémy même si le Lyonnais a une puissance que le jeune marseillais n’a pas encore. Il lui faut peut-être un peu de temps pour s’affirmer mais son potentiel sur le flanc droit (ou gauche) de l’attaque phocéenne pourrait l’amener à d’autres entrées en jeu cette saison. De quoi le faire progresser en attendant de prétendre à mieux.
Santiago : de la technique et de la créativité
Né à Marseille, Jonathan Santiago a connu hier sa première entrée en jeu avec les pros et a marqué les esprits avec quelques actions très intéressantes. Son petit gabarit et sa technique le rapproche d’un Mathieu Valbuena notamment avec une réelle qualité sur les coups de pied arrêtés. Santiago expliquait ce matin vouloir tout faire pour retourner chez les pros. Il a en tout cas indéniablement le potentiel pour, notamment s’il arrive à prendre de la densité physique.
Sy : une autre star à deux lettres
Découvert par les supporters de l’OM lors d’un match amical face au Benfica Lisbonne avec les pros, Ibrahima Sy avait étonné par sa maturité, son charisme et sa présence à tout juste 16 ans. Avec la volonté de marcher sur les traces du mythique phocéen Joseph-Antoine Bell, Sy intègre le centre de formation de l’OM a 15 ans. Un an après, il est le gardien des U19 alors que Fabri est celui de la CFA2. Moins technique et scolaire que Fabri, Sy dispose toutefois d’un plus gros potentiel avec notamment une détente assez exceptionnelle.
Classé au 16ème rang des centres de formation par la FFF, l’OM peine évidemment à se mesurer à la concurrence comme on l’a vu notamment avec l’Olympique Lyonnais qui récolte désormais les fruits d’un travail de longue haleine. « Si on va au bout de notre réflexion, l’idéal, dans l’absolu, serait d’avoir un jour 50% de l’équipe avec de joueurs formés au club« , avait indiqué José Anigo il y a quelques temps. Reste qu’on a vu face à Limassol le niveau d’écart entre le très haut niveau et celui de nos jeunes apprentis. A l’instar de ce qui a été fait avec Abdullah, il ne tient pourtant qu’à les faire entrer un par un dans le groupe phocéen au lieu de privilégier des pros vieillissants comme cela a été le cas jeudi avec Bracigliano par exemple. Mais les supporters marseillais sont-ils prêts à s’armer de patience ? Ça c’est une autre histoire.