L’avis de supporter

Supporter l’OM, bien plus qu’une passion… Un sacerdoce : cette petite signature, visible sur le forum, est empreinte d’humour mais n’en reflète pas moins la vérité. Lorsqu’on y réfléchit deux minutes, il est vrai que depuis plus de 15 ans maintenant, il faut avoir le coeur bien accroché et les reins solides pour vivre au […]

Supporter l’OM, bien plus qu’une passion… Un sacerdoce : cette petite signature, visible sur le forum, est empreinte d’humour mais n’en reflète pas moins la vérité. Lorsqu’on y réfléchit deux minutes, il est vrai que depuis plus de 15 ans maintenant, il faut avoir le coeur bien accroché et les reins solides pour vivre au rythme des vicissitudes de ce club. Ces deux premières semaines de l’année 2009 illustrent un peu ce constat.
Jusqu’à ce milieu de semaine et alors que Mamadou Niang, le buteur-passeur-dynamiteur-leader de l’équipe s’était fracturé le pied le 6 décembre dernier, nos chers dirigeants n’avaient toujours pas mis la main sur le « tueur de goals » réclamé par Eric Gerets et les supporters marseillais. Cette absence de Mamadou a été sanctionnée sans attendre : aucun but dans le jeu, deux matchs nuls 0-0 et une branlée 0-3 plus tard, l’OM et ses supporters partaient fêter Noël la tête dans les épaules regardant les points et les clubs qui se dressaient entre eux et la première place avec lassitude. Les deux premiers matchs en mode gala de patinage artistique de 2009 n’ont guère été plus reluisants mais les résultats étaient cette fois là : une qualification laborieuse à Besançon en Coupe de France et une victoire à Auxerre en championnat. Quoiqu’il en soit, l’OM, cette machine à marquer semblait en panne de carburant sans Niang. Recruter un attaquant apparaissait donc comme urgent.
En même temps, il fallait être naïf pour croire que l’OM tiendrait toute une saison avec un seul attaquant de pointe (qui n’en est pas vraiment un de surcroît). Naïf ou stupide. Alors que les supporters sombraient dans la dépression sportive, les gratte-papier de la presse spécialisée s’en sont donnés à coeur-joie pour trouver LE joueur que l’OM allait faire signer : Dindane, Wiltord, Savidan, Maoulida, Bangoura, Crespo, Adriano, Podolski, Le Tallec, Larsson… Et pourquoi pas Drogba tant qu’on y est ?…

Le retour du messie
Ah… Le bon Didier, Saint Drogba, le buteur ivoirien, l’idole de tout Marseille. Son nom résonnait encore au Vélodrome avant la trêve quand les onze Olympiens présents sur la pelouse se prenaient une déculottée mémorable face à Nancy. Et bien nos chers dirigeants, que d’aucuns s’échinent à critiquer / vilipender / mépriser à tort et à travers, ont bel et bien profité de toute cette agitation médiatique et de cet étalage de Noms pour tenter l’impensable. Anigo et/ou Diouf ont en effet sondé en toute discrétion l’entourage de celui qui a laissé une partie de son âme à Marseille à l’été 2004. Pape Diouf avouant même avoir appris à croire au Père Noël quand le quotidien La Provence révèle ces tractations. A cet instant, le sentiment du supporter est partagé entre excitation et méfiance. Après tout, on est à l’OM, tout est possible. Le meilleur comme le pire. En général, c’est souvent le pire. Un éclair de lucidité plus tard, on comprend que Drogba et son salaire monumental, ne sont pas vraiment compatibles avec la Ligue 1. A moins que le joueur concède quelques sacrifices sur ses émoluments, comme l’ont laissé entendre certains de ses proches. Si DD est prêt à tout ou presque pour revenir, il faudrait être fou ou stupide (encore une fois) pour ne pas se lancer !

Judas revient
Justement à l’OM, on n’a certainement pas de fous et très peu de gens stupides, mais on a un Père Fouettard. Le Père Fouettard c’est un peu l’antithèse du Père Noël. Quand tu es sage, que tes résultats sont plutôt conformes aux attentes, que tu te qualifies deux fois de suite en Ligue des Champions, et que tu affiches des comptes excédentaires chaque saison, le Père Noël te récompense. Pas à Marseille, c’est plutôt l’inverse même… Cet obscur personnage est bien évidemment notre Helvète en tongs, le businessman hippy, amateur de gros cigares : Robert Louis-Dreyfus, actionnaire majoritaire de l’OM depuis « seulement » 15 ans. Ce dernier ne veut plus dépenser un centime. Le chat noir serait-il échaudé ? Certainement. Après avoir claqué sa tune avec tous les escrocs qui ont gravité autour de lui pendant plus d’une décennie, RLD refuse désormais de donner des moyens à la seule équipe dirigeante qui tienne la route que l’OM ait eu depuis longtemps. Logique non ? Après tout, quand on décide de virer Djibril Cissé parce que 400 000 € par mois pour cirer le banc, c’est un luxe que l’OM ne peut pas se permettre, ce n’est pas pour donner le double à un top-player. Didier Drogba, rappelons le est un joueur capable de mener une équipe en Finale de Coupe de l’UEFA, de planter plus de 30 buts dans une saison, récompensé par un ballon d’or africain, et qui qualifie son pays pour une phase finale de Coupe du Monde, tout en évoluant dans l’un des meilleurs clubs du monde. Un putain d’joueur quoi. Apparemment ce n’est pas bon pour l’OM ce type de joueur. Il vaut mieux filer la moitié de son salaire minimum à Wiltord et Brandao.

Faute de grives, on mange des merles
C’est vrai que Wiltord, même s’il a 70 ans, on l’aime bien, ne serait-ce que pour son but à l’Euro 2000, même si lui, préfère s’occuper des femmes de ses coéquipiers au lieu d’aller à l’entraînement. Ça mettra l’ambiance dans le vestiaire au moins. Quant à Brandao, comparativement à Didier Drogba, on peut affirmer avec certitude que le point commun qu’ils ont est capillaire. Pour le reste, bien malin sera celui qui pourra nous livrer une analyse détaillée de son jeu. A moins d’être Ukrainien, comment connaître ce joueur ? Gerets affirme qu’il saura être utile à l’équipe, car il est capable de jouer avec ses partenaires. C’est mieux quand on joue au foot. Au Brésil, ils ont mis au point une explication sémantique concernant le talent des footballeurs. Quand les jeunes joueurs approchent de l’adolescence, c’est le moment choisi pour leur donner leur surnom en se basant sur leurs spécificités. Les joueurs doués techniquement mais parfois un peu frêles seront affublés d’un suffixe en « ino », ceux qui sont rapides et puissants glanent un « o » et les gros balourds on leur colle un « ao »… Prometteur tout ça…
Bien évidemment on ne va pas faire trop la fine bouche, ni tirer à boulets rouges sur Wiltord et Brandao. Autant leur laisser un peu de temps pour montrer leur valeur. Après tout, les deux derniers attaquants recrutés lors d’un mercato d’Hiver avaient été plus que critiqués avant même leurs premiers matchs et ils avaient fait taire tout le monde de par des performances plus qu’honnêtes (je parle de Mickaël Pagis et Toifilou Maoulida). Lorsque les dernières recrues entreront sur le terrain, il faudra les encourager, puis les acclamer quand ils se montreront décisifs. Il est vrai qu’il n’est pas impossible qu’on les descende en flèche au premier faux pas. Et puis au moins, avec les économies réalisées sur ces transferts on va pouvoir acheter un toit au Vélodrome.
Sauf que Gaudin et Dreyfus (encore lui) n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les projets de travaux (ô joie). Enfin bref, samedi soir, l’OM reçoit Le Havre, lanterne rouge du championnat. On ne peut pas dire que cette rencontre déchaine les foules. Mais une victoire ramenant l’OM sur les talons des Lyonnais, un Brandao flamboyant (s’il joue), un Wiltord bondissant et tout le monde aura oublié Drogba, le Père Fouettard et le froid pénétrant du Vélodrome. Après tout, tout va plus vite à l’OM. C’est aussi pour ça qu’on l’aime.