Pas besoin d’être poissonnier pour vendre de l’Aulas… C’est désormais le produit phare de la saison foot, l’agitateur d’eaux troubles qui fait baver les tanches, le mec plus ultra! Tous les medias se l’arrachent, lui cirent ses pompes en suédine et boivent toutes ses paroles comme du petit lait. On se souvient encore de sa dernière apparition sur TF1 où les apparatchiks de Téléfoot lui léchouillaient les burnes telles des péripatéticiennes consciencieuses. Il sait distiller à loisir les petites phrases qui font mouche et dont les journaleux font immédiatement leur choux gras.
Souvenons doute de « ses doutes quant à l’équité du championnat à cause de l’arbitrage », trop favorable aux nantais à son goût, lors de l’exercice 2000/2001. N’oublions pas l’année dernière sa pression insupportable sur le corps arbitral et sa magistrale déstabilisation par médias interposés du chaud-bouillant Luis le Bossu. »Je suis inquiet car nous n’aborderons pas ce match à armes égales. Le club de la Capitale a des atouts extra-sportifs dans sa manche, contre lesquels nous ne pouvons malheureusement rien » avait-il déclaré avant le choc Lyon-PSG. Le jour J, Fernandez avait pété les plombs avant que le colin froid l’achève d’un tacle assassin, « Il nous a fallu protéger pas mal de gens contre les débordements de Luis », le faisant passer aux yeux du monde pour une petite frappe.
Mais comment a-ton pu en arriver là? Comment le jeune industriel ambitieux des eighties est-il devenu en quinze ans le personnage incontournable du football hexagonal de ce début de millénaire? Comme souvent en football, y’a du Nanard dans l’air… Eh oui, c’est Tapie qui, un beau jour de mars 1987 suggère au cours d’un repas, entre la poire et le fromage, aux journalistes sportifs locaux, le nom de Jean-Michel Aulas pour prendre les rênes de l’Olympique lyonnais, club à l’époque balbutiant et chaotique, enlisé dans les marais insalubres de la seconde division. L’idée fait son chemin et trois mois après, l’homme pressé accède à la présidence. Après tout va très vite. Il change tout dans ce club pépère au palmarès presque aussi vierge qu’une nonne carmélite, écrasé depuis des lustres par l’ogre stéphanois. Pêle-mêle, il vire Nouzaret, embauche Domenech et Lacombe puis congédie à son tour le Raymond en 93 et le remplace par Tigana, un des as du carré magique des bleus d’Hidalgo. Divorce avec ce dernier en 95, bref intermède Guy Stéphan puis long travail du tandem Lacombe-Broissart jusqu’à l’an 2000. Entre temps, le Pathé de Jérôme Seydoux est devenu actionnaire majoritaire et l’argent coule à flots sur les rives du Rhône. Çà aide… Ensuite, pour le training, c’est le très autiste Santini qui s’y colle pour la période la plus glorieuse des Gones. Il décroche enfin la timbale cette année et est bizarrement placardisé directeur sportif. Remplacé par le conciliant Le Guen, le ténébreux est désormais en charge des destinées de l’équipe de France.
L’ascension d’Aulas ne doit rien au hasard. A la différence de Tapie, il a su bétonner tous les recoins du microcosme footbalistique. Vice-président de la Ligue, il n’a pas hésité avec son complice lensois Martel, à propulser un poulet trisomique à la tête de cette haute instance. Il est là pour faire des sous, point barre. Il ne connaît rien au ballon rond. Là n’est pas la question. Il vise la mairie de Lyon. Pas encore d’actualité, patience… Il a contribué à pourrir le monde du football par ses méthodes. Assurément et complètement. C’est un être nuisible mais adulé par ses pairs. Sans hésitation. Adoré par les supporters mangeurs de quenelles. Instinct grégaire, quand tu nous tiens. Cet homme est partout et veut conquérir l’Europe. Halte au Napoléon du ballon rond… Qu’on l’exile aux Baléares, pour l’enduire de paillettes et de strass!