La soirée du dimanche 9 mars 2003 restera gravée dans l’histoire du PSG et de l’OM.
En effet, le PSG n’avait plus gagné au Vélodrome depuis 15 ans et n’avait jamais battu l’OM lors des matches aller et retour la même saison depuis la création des deux clubs. L’OM restait sur 15 mois d’invisibilité à domicile et n’avait plus pris de but depuis plus de 6 matches et demi sur sa pelouse.
De plus, l’OM avait la possibilité de prendre 3 points d’avance sur Monaco et de s’installer confortablement en tête de la L1 tandis que le PSG se morfondait en milieu de tableau.
Ce bilan chiffré laissait espérer le pire aux joueurs de la capitale d’autant plus qu’une certaine revanche semblait hanter les esprits olympiens après le match aller et le match de Coupe tous deux perdus au Parc.
Il n’en fut rien, et l’OM s’inclina, le plus logiquement du monde, par le score humiliant de 3-0 sans que l’on puisse incriminer l’arbitre, les circonstances du match, la chance, ni même la prestation de nos joueurs.
En effet, dimanche soir, l’OM n’a pas été plus mauvais que depuis le début de la saison (excepté 2 ou 3 erreurs individuelles), l’OM est tombé contre un adversaire qui a opposé de la rigueur, de la combativité, de la présence physique, une bonne organisation tactique. Sur ces points, l’OM n’a pas a rougir de la comparaison, pas plus ce dimanche noir que lors des 30 matches précédents.
Paris a fait la différence techniquement car possédant des (il serait même plus honnête de dire une) individualités qui ont fait la décision. C’est à ce niveau que l’OM n’a pas pu rivaliser comme çà avait été le cas à Bordeaux et contre Monaco cette saison.
C’était se voiler la face depuis le début de la saison, se cachant derrière le classement très avantageux au vu de la qualité de jeu fournie, que dire que l’OM pouvait rivaliser dans le jeu avec Bordeaux, Monaco, Lyon et même le PSG. Ces équipes possédant des individualités et des talents que l’OM n’a pas.
Ce qu’on a vu dimanche soir n’est pas une nouveauté : l’OM est limité techniquement et notre classement ne reflète pas la valeur de notre effectif. Cela démontre qu’avec une équipe solide collectivement et homogène mais dénuée du moindre talent individuel, on peut être en tête du Championnat de France.
On peut ainsi leurrer la France du football mais si l’OM se retrouve la saison prochaine sur la scène européenne, on va au devant de branlées du même style, peut-être même encore plus larges et humiliantes.
Même si depuis la fin du match, les critiques pleuvent de toutes parts, je reste néanmoins persuadé que l’OM est sur la bonne voie.
Je pense en effet que l’OM est au début d’une nouvelle ère, et aucune grande période olympienne (début des années 70 et débuts des années 90 par exemple) n’a débuté directement par des succès. D’une part, car pour bâtir quelquechose il faut du temps et, d’autre part, si on gagne tout rapidement, on met la barre trop haut et on se casse la gueule très vite.
En quelques mois, le duo Perrin-Bouchet a remis sur pied (avec 3 bouts de ficelle) une équipe et un club exsangues sortant de 3 piteuses années et a engagé des débats allant bien au-delà du terrain (droits télé, gestion des calendriers, représentativité du club dans les instances nationales).
Cet ensemble de choses me fait espérer que l’équipe de l’OM de la fin des années 2000 pourrait être toute aussi glorieuse que celle de Marcel Leclerc (car je pense malheureusement que le niveau atteint par l’OM version Tapie, ne peut plus être approché par un club français).
Le seul bémol que je vois est que l’OM est en train d’acquérir une nouvelle image faite de sérieux, de travail, de sérénité ce qui en est complète opposition de phase avec l’image fantasque et rebelle de l’OM. Seul ce choc culturel entre l’image bien lisse et policée de ce nouvel OM et l’impulsivité de Marseille et ses supporters pourraient, tôt ou tard, causer un clash entre la cité phocéenne et son club.
En effet, comment imaginer un OM sans star, sans joueurs talentueux, avec seulement une équipe composée de bons petits footballeurs sérieux et bien propres sur eux (comme cette saison) mais sans la moindre folie ni créativité ?
C’est pour moi la plus grande difficulté qui guette la nouvelle direction olympienne (surtout que je ne suis pas certain que ce problème soit vu comme tel par la direction) car sur tous les autres points, aussi bien sur le terrain qu’en dehors, je crois voir poindre le début de quelquechose de grand.
Donc si cet écueil est évité, je pense que l’OM est bel et bien à l’orée d’une nouvelle grande période dont ce dimanche noir ne sera finalement qu’une des pierres fondatrices.