La période des transferts a débuté et pour le moment, on ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon pour acheter et vendre des joueurs. Même l’Olympique de Marseille, que l’on attendait très actif sur le marché, ne s’est pas encore manifesté. On peut légitimement s’inquiéter du budget qui sera alloué au recrutement sur la Canebière, mais également de la stratégie de Robert-Louis Dreyfus, actionnaire principal du club : mettra ou mettra pas des sous-sous dans la machine ?
Lorsque l’on parle de football et de transferts depuis quelques années et le fameux arrêt Bosman, on parle plus d’entreprises au lieu de clubs, de compétitivité, de finances internes, de fiscalité plus ou moins avantageuse, de plus-value lors de ventes de joueurs… Bref, on se rend compte que le domaine sportif laisse finalement place à un mini monde maniaco-capitaliste qui laisse certains sceptiques quant à l’avenir du ballon rond.
L’argent a pris le dessus ! Les clubs se qualifient pour des coupes d’Europe et s’impatientent des sommes qu’elles vont leur rapporter ! Le merchandising autour des grandes équipes européennes semble plus tourné vers le profit que vers le supporter passionné de foot, de sport et par les performances de son équipe favorite… Capitalisme quand tu nous tiens !!!
Aujourd’hui, nous les premiers, dans nos discussions de forum ou autour d’un bon verre de pinard, nous parlons des joueurs plus en terme de produits que de sportifs ! Un Zidane à 90 ou 100 millions d’euros, de quel droit ? Un Laurent Dumont à 20000 euros ( ce joueur n’existe pas) sous quel prétexte ? On fixe le montant des joueurs ou plutôt des transactions entre clubs à telle ou telle somme en fonction de leurs qualités et de leur potentiel autant qu’en fonction de l’offre et de la demande (la loi du marché). Cela découle aussi de ce que l’on veut faire la saison d’après, et selon la façon dont on voudra utiliser tel ou tel joueur…
Dans cette espèce de Monopoly footballistique, il n’y a peut être de place que pour les plus gros. Sans nous voiler la face, nous préfèrerions avoir Marseille en possession de la Rue de la Paix ou de l’Avenue des Champs Elysées, mais sans argent, on regarde les autres s’enrichir et s’armer à notre place. La législation et la fiscalité françaises ne font rien pour que la L1 rivalise avec ses grands concurrents européens et ceci reste bien dommage. La LNF préfère s’occuper du passage à 18 ou 20 clubs tous les trois ans… La France du football se cantonne elle aussi à son rôle de pays de solidarité, d’aide et de social ce qui tient du paradoxe et du micro-climat à l’ère du libéralo-individualisto-capitalisme exacerbé !
L’article 1 de la Déclaration des Droits TV et du Joueur Terrien le dit d’ailleurs ouvertement : « les clubs de foot ne naissent pas libres et égaux en droits ». Pas la peine de lire les autres articles pour comprendre où se situent nos équipes. Pendant ce temps, les meilleurs jeunes joueurs français s’en vont ou veulent déjà s’en aller, car leur pays ne fait pas rêver en matière de football. Ils se font donc acheter parfois même avant d’atteindre la maturité nécessaire à leur propre développement humain et sportif.
On veut acheter de bons jeunes en devenir afin de les revendre beaucoup plus cher et réaliser ainsi de gros bénéfices. Si c’est de bonne guerre, et que l’argent en est le nerf, on peut se poser plusieurs questions très légitimes : ne faudra-t-il pas plafonner les montants des transferts un beau jour ? Les entrées en bourse sont-elles un gage de flamboyance économique ou un risque plus ou moins masqué sur le long terme ? En cas d’aménagement de la fiscalité pour les clubs français, les entreprises ne revendiqueront-elles pas également une généralisation d’une éventuelle réforme fiscale (véritable catastrophe pour l’Etat) ? Le football n’est-il pas en train de creuser des inégalités entre les pays ? Ce mini monde libéralo-capitaliste peut-il s’effondrer ou connaître de grandes crises dans les décennies futures ?
Vendus comme des esclaves mais mieux payés que des chefs d’Etat et des hauts fonctionnaires, les « footballeurs sportifs » vont-ils laisser place aux « footballeurs mercenaires » ? Que reste-t-il de notre football, de l’amour du maillot, de l’amour des supporters, du plaisir du beau geste réalisé, de l’envie de faire rêver des enfants ? Le sport le plus populaire ne doit pas s’embourgeoiser par appât du gain, il doit rester avant tout ouvert et humain !
Entre foot-business et football-champagne, le choix est vite fait. De même, aucune hésitation entre la saveur des rencontres aller-retour de Coupe des Clubs Champions, et la pâleur de nombre de matches de Champion’s League. Choix plus Cornélien : le regard rempli de joie d’un enfant qui joue, dribble, marque et apprend la vie en équipe ou nos sentiments au dernier coup de sifflet de la finale de Munich en 93 ?
« On a soif d’idéal,
Attirés par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales… » (A mon maître Jedï) »