Marseille contre Lens… La géographie pourrait justifier des titres faciles, comme » le choc des extrêmes « , ou encore » le feu contre la glace « … Car tout sépare en apparence ces deux clubs, des moeurs contrastées de leur populace respective aux paysages qui les voient évoluer… Pourtant, au-delà des oppositions formelles, beaucoup de choses rapprochent ces deux bastions du football français : l’engouement et la ferveur populaire, un stade rempli et animé, des équipes traditionnellement accrocheuses et généreuses.
Puisque l’on ne peut expliquer par la proximité culturelle l’existence de caractéristiques communes, un seul élément permet de comprendre pourquoi, de part et d’autre de l’Hexagone, deux villes que tout oppose ont généré des formes d’adhésion très similaires à leur équipe : la composition sociologique de leurs armées de supporters. Ainsi Marseille, dernière grande ville de France où les pauvres n’ont pas été chassés à la périphérie, et Lens, ville minière par excellence, possèdent-elles à ce titre plus de points communs que Marseille et Nice d’une part, voire Lens et Lille d’autre part.
Mais ce soir il ne sera pas question de lutte des classes… Si les Lensois ont encore la gueule noire, c’est de honte, et pas de charbon… Leur début de saison est en effet aussi décevant que leur recrutement fut prometteur : le changement de stratégie, rompant avec le » tout-africain » adopté depuis quelques saisons, n’a pas encore porté ses fruits. Des joueurs confirmés de Ligue 1 sont venus renforcés les pensionnaires de Bollaert : les excellents Carrière et Leroy, le solide Gillet ou encore le prometteur Cousin étaient censés apporter plus de cohérence et de maîtrise technique à cette équipe. Il n’en est pour l’instant rien, et si les Sang et Or veulent sortir la tête du trou, il leur sera impératif de retourner… au charbon.
Marseille de son côté ne possède pas de mineur, à part peut-être Nasri… Mais justement, le jeune prodige paraît encore bien frêle pour porter toute une équipe sur ses étroites épaules. On l’a vu la semaine dernière face à Saint-Étienne, l’autre représentant industriel et ouvrier du football français… Si son talent ne fait aucun doute, il est encore trop tôt pour lui confier les rênes du jeu olympien, et le résultat ne fut pas à la hauteur des excessives espérances placées en lui – sinon très ponctuellement.
Puisqu’il est encore trop tôt pour le jeune Samir, ce match peut être l’occasion rêvée de relancer des forces vives de la nation olympienne jusque-là sous-exploitées… Il paraîtrait judicieux de vraiment donner sa chance à un Laurent Batlles qui a prouvé, lors des bribes de match qui lui furent accordées, qu’il pouvait être mieux qu’un ultime joker… De même, la bonne performance de Koke face aux Verts appelle d’autres participations. D’autant plus que Fabrice Fiorèse tarde à justifier le montant de son transfert, au point que l’on va bientôt se demander qui du PSG ou de l’OM s’est fait rouler dans la farine… Enfin – surtout ! – nos attaquants vont devoir prouver au candide José que le » tueur » recherché est déjà présent dans l’effectif.
Bref, il s’agira d’un match clé… Comme d’habitude, serais-je tenté d’ajouter : au-delà des trois points, il est temps pour tout le monde de comprendre qu’à Marseille tout est plus compliqué qu’ailleurs, et qu’aucune excuse n’a de valeur. Mais si Anigo a raison de fréquemment rappeler cette vérité aux joueurs, peut-être devrait-il lui-même s’en imprégner… En effet, l’entendre se plaindre de l’absence d’un buteur ou de défaillances dans l’animation offensive est assez affligeant, quand on sait que ce groupe a été choisi par lui seul, en connaissance de cause. L’alibi Perrin n’existe plus, les héritages Courbis et Tapie sont sportivement liquidés. A lui d’assumer.