Devenus en quelques années sous la houlette de Canal+ et de M6 des vedettes de plusieurs shows télé consacrés au football, les consultants ont pris la fâcheuse habitude de distribuer les bonnes et mauvaises notes sans que pour autant ces dernières aient l’expérience du métier d’entraineur ou même le courage d’avoir essayé de l’être. Dans ce registre, ceux de Canal+ excellent, à commencer par Christophe Dugarry qui a vite oublié qu’à Marseille on l’appelait Dugachis tellement il y a été mauvais. Leur posture est simple et confortable : critiquer sans vergogne le travail des autres sans se demander si eux en seraient capables.
Simone de C+ à la relégation ?
Incroyablement cassant dans ses propos lorsqu’il oeuvrait au Canal Football Club, Marco Simone a eu l’audace (et le courage il faut le reconnaitre) de franchir le pas et de prendre le poste d’entraineur de l’AS Monaco en Ligue 2 laissé vacant après le départ de Laurent Banide. « Il va voir la différence entre être sur un plateau télé, parler du choix des autres, et être sur le banc » avait indiqué Didier Deschamps lors de l’intronisation de l’italien sur le Rocher. Le coach marseillais avait semble-t-il encore en travers de la gorge quelques jugements assenés de l’ancien parisien, lui qui pourtant n’avaient jamais mis les pieds sur un banc de touche en tant qu’entraineur. Aujourd’hui, l’AS Monaco est lanterne rouge de Ligue 2.
Dugarry, le roi du gachis verbal ?
Si Christophe Dugarry aime à rappeler son palmarès (« Moi qui ai fait 16 ans de carrière, qui ai 55 sélections, moi qui ai participé à deux Coupes du monde, deux championnats d’Europe et deux finales de coupe d’Europe, je ne suis pas légitime ?« ), il est tout de même bon que ceux qui l’ont vu jouer quelques temps lui rappelle aussi qu’il était loin d’être le grand joueur que ses propos pourraient le faire croire. Sur de ses jugements (le doute ne sont pas dans la panoplie du consultant), Dugarry s’illustre chaque week-end avec des analyses définitives sur des aspects du football qu’il ne connait pourtant pas. Dernière victime en date, le président Jean-Louis Triaud accusé de n’avoir aucune stratégie et aucun projet pour son club. Comme s’il suffisait de le décréter pour que cela soit.
Le grand ami de Zidane va même jusqu’à postuler pour la place du président Triaud. On ne peut que se réjouir de cette idée qui nous permettrait d’un part de se débarrasser de lui à la télévision et d’autre part de le voir de démener dans la réalité des choses. Nicolas de Tavernost a déjà fait son choix. « Je lui conseille de postuler à la présidence de Canal +. Il n’est pas assez ambitieux en voulant simplement présider les Girondins de Bordeaux. La présidence de Canal +, maintenant qu’il est journaliste, c’est dans la droite ligne de ce qu’il fait… »
Dhorasoo,
Moins dur que ses camarades mais tout aussi partial, Vikash Dhorasoo trainent ses guêtres chaque dimanche soir dans l’émission 100% foot aux côtés d’Eric Di Meco et de Vincent Duluc notamment. Licencié du PSG à la fin de sa carrière (c’est très rare), pointé du doigt par ses coéquipiers de l’équipe de France pour avoir sorti son film The Substitute sans leur accord et recalé par les actionnaires pour prendre la tête du Havre en 2009, Dhorasoo n’a au premier abord pas le pedigree pour donner des leçons de morale et en tout cas aucune expérience pour asséner des leçons de coaching. Pourtant chaque week-end, l’ancien lyonnais nous livre ses vérités d’un ton péremptoire. Oui Vikash il sait tout. Dommage que le cinéma et le poker ne lui prennent pas assez de son temps à lui aussi …
Courbis, l’homme qui n’a jamais rien gagné
Il n’y a pas qu’à la télé que l’audience monte dès qu’il s’agit de dézinguer tel ou tel coach. Sur RMC, celui qui se fait appeler « coach » Courbis n’est plus entraineur depuis longtemps et, même s’il n’a jamais rien gagné dans sa carrière, pense pouvoir juger du travail des autres. Certes l’ancien entraineur de Toulon, Bordeaux ou Marseille a pour lui son passé sur les bancs de touche (sans diplôme d’entraineur) mais au revers de sa veste de survêtements d’assez cuisants échecs sportifs (dont un avec l’OM) pour ne pas se prêter au questionnement facile et aux tirades assassines.
Le cirque médiatique oblige les plus ambitieux d’entre eux à se montrer plus durs qu’il ne faudrait, plus injustes qu’ils ne devraient. Les médias se délectent depuis des années de ce style de personnalités sans pour autant se demander s’il est juste de donner de l’audience à des gens qui ont approché le métier d’entraineur sans jamais le toucher. Mais ne sommes-nous pas, nous téléspectateurs passionnés de football, les premiers responsables de la place donnée à la télévision à ces gens-là ? Ce beau sport qu’est le football ne sort pas en tout cas grandi de ce battage médiatique et on ne peut que le regretter … ou bien éteindre notre télé.