Né le 7 septembre 1968 à Accra, sous le nom d’Odenke Abbey, d’un père Ghanéen et d’une mère Française, Marcel Desailly rejoint très vite la France. Il découvre le football à Nantes, où il passe son enfance et son adolescence. Le « roc », comme il sera surnommé quelques années plus tard, vit ses premières joies de footballeur dans le petit club du Mellinet. Très vite, il est repéré par le FC Nantes. Il intègre donc le centre de formation au milieu des années 80. Une forte amitié se construit alors avec Didier Deschamps, autre apprenti footballeur à la Jonelière. Desailly dispute son premier match en professionnel en 1986 et s’impose incontestablement en équipe première à partir de 1988, sous la houlette de Miroslav Blazevic, puis Jean-Claude Suaudeau, ses deux premiers mentors. Son physique imposant et son engagement sur le terrain font de lui un redoutable défenseur en division 1, où il accumule plus de 150 matchs jusqu’en 1992.
Son talent saute aux yeux de Bernard Tapie, tout puissant patron de l’OM, qui le recrute pour l’associer à son rugueux défenseur Basile Boli. Le duo évolue un an ensemble, formant une charnière de très haut niveau. Les Marseillais remportent la Ligue des Champions et Desailly est convoité par les plus grands clubs européens. Le scandale VA-OM éclate et il rallie finalement le Milan AC de Berlusconi en novembre 1993. Il porte les couleurs du club lombard pendant près de cinq ans. Sans aucun doute les saisons les plus accomplies de sa carrière. Aux côtés des Maldini, Boban, Weah, Savicevic et Baresi, il se bâtit un palmarès digne de ce nom avec notamment une nouvelle Ligue des Champions en 1994 et deux Scudetto en 1994 et 1996. C’est aussi pendant son quinquennat milanais qu’il s’impose en équipe de France, sur les vestiges de la non-qualification au Mondial aux Etats-Unis. Il devient un élément incontournable de la génération Aimé Jacquet jusqu’au sacre de 1998.
Champion du Monde, Marcel Desailly est considéré comme l’un des tous meilleurs défenseurs centraux du Monde et il rejoint Chelsea en 1998. À Londres, il devient « the Legend », jouant près de 200 matchs et portant le brassard durant près de la moitié de ces rencontres. Il est aussi nommé capitaine de l’Equipe de France après la victoire à l’Euro 2000 et l’arrêt de son ami Didier Deschamps. Il gagne une Cup en 2002 et fait partie de la génération montante qui a construit un cadre béni aux stars londoniennes d’aujourd’hui. Il quitte le club en 2004 pour rejoindre le Qatar, où il raccroche finalement les crampons en mai 2006.
Les années phocéennes
Robuste défenseur de 1,83m, Desailly fait ses gammes à Nantes pendant six ans. En 1993, alors qu’il n’a que vingt-quatre ans, il est transféré à Marseille. Le club voit en ce jeune homme un potentiel énorme. Polyvalent puisqu’il peut aussi évoluer en milieu défensif, il s’impose dans l’axe de la défense aux côtés de Basile Boli. Beckenbauer puis Goethals en font un élément clé. Il dispute 31 matchs de D1 et une autre vingtaine entre parcours européen et coupe nationale. Il reçoit ses premières convocations en Equipe de France. Sa montée en puissance est telle qu’il est pisté par le Milan. Sa cote de popularité est au sommet après la finale remportée à Munich. Il finit par signer en Lombardie en novembre 1993, alors que l’OM vend ses meilleurs joueurs en plein scandale VA-OM. Une énorme déception pour les supporters qui avaient bien cerné le potentiel énorme d’un joueur qui restera dans l’Histoire… à Milan et Chelsea. Dommage ! Personne ne lui enlèvera cependant d’avoir été l’un des titulaires du sacre européen, sommet suprême dans l’histoire marseillaise jalonnée de trophées et de conquêtes.
Tops et flops
Physique, tranchant, intraitable sur l’adversaire, Marcel Desailly a été, pendant ses meilleures années (1992-2000), le prototype parfait du stoppeur de la fin du XXe siècle. Il compensait une technique très basique par un sens du déplacement, une anticipation et une relance de très haut niveau. Très fort de la tête, il dominait bien souvent le domaine aérien. De cet engagement physique sans borne découle son véritable point faible : une certaine exposition aux blessures, qui ont miné certains passage de sa carrière, surtout les dernières années.
Geste de légende
St Etienne – OM, 1993 : coup-franc d’une quarantaine de mètres côté gauche de l’attaque marseillaise. Jean-Philippe Durand expédie le ballon dans la surface. Boksic et Boli cafouillent mais pas Desailly qui reprend le ballon de plein fouet du pied gauche au point de pénalty, trouvant la lucarne de Joseph-Antoine Bell.