Les maux de l’OM

L’OM va mal en ce début de championnat et aucune éclaircie ne pointe à l’horizon. Beaucoup d’inquiétudes sur les résultats, la manière et les prochaines échéances. Après un mois de compétition, voici un bilan à froid des carences et des quelques satisfactions de ce début de saison chaotique (1 seule victoire, même pas au Vélodrome, […]

L’OM va mal en ce début de championnat et aucune éclaircie ne pointe à l’horizon. Beaucoup d’inquiétudes sur les résultats, la manière et les prochaines échéances. Après un mois de compétition, voici un bilan à froid des carences et des quelques satisfactions de ce début de saison chaotique (1 seule victoire, même pas au Vélodrome, 3 nuls et 2 défaites en 7 matchs). Edifiant, et inquiètant.

Préparation physique : grosse fatigue
Elément clé du football moderne, la condition physique des joueurs semble être le gros point d’interrogation des dirigeants. Georges Gacon, préparateur physique expérimenté des olympiens semble être montré du doigt par la presse mais aussi désormais par ses propres dirigeants selon certains bruits de couloir. Albert Emon aurait, de plus, confirmé que la préparation physique n’avait pas été faite pour le premier tour de Ligue des Champions, ce qui aurait pu expliquer les difficultés actuelles. La préparation aurait été  » la même que la saison passée  » qui avait connu un départ fulgurant des phocéens…
Peu de disponibilité des joueurs pour offrir des solutions au porteur du ballon, peu d’efforts de replacement, beaucoup de manque de lucidité dans le placement. Les olympiens sont fatigués au bout d’un mois de compétition là où ils devraient péter la santé. Etrange.

Des blessures à répétition
Des joueurs clés se sont rapidement blessés (Nasri, Niang, Cissé, Givet, Carrasso) et sont encore en convalescence (Nasri, Niang). Hormis Cissé qui semble en grande forme malgré sa contracture du match à Caen, Nasri et Niang semblent bien en peine de tenir tout un match. Dès lors, difficile de produire du jeu quand les joueurs censés le faire sont diminués.
Préparation physique trop lourde ? Ou manque de chance ? Difficile à dire.
Ajoutons à cela les matchs perpétuellement décalés l’après-midi en plein été (merci Canal +), les joueurs devant supporter des chaleurs plus – voire beaucoup plus – importantes que s’ils avaient joué à 20h ou 20h30.

Des milieux sans boussole
Albert Emon semble vouloir persister dans son 4-3-3 fétiche qui lui a valu tant de succès la saison dernière, même si, sporadiquement, on a pu voir Niang monter d’un cran pour un 4-4-2 avec 2 meneurs excentrés (comme en début de match à Paris) ou un 4-4-2 en losange. Une chose étonnante en l’état, c’est que l’on a l’impression que Karim Ziani prend la place de Ribéry poste pour poste sur l’aile droite. Les 2 joueurs ont un profil bien différent et on voit mal Ziani partir en percussion et délivrer un caviar après avoir enrhumé l’arrière garde adverse. On peut se demander : quelles sont les consignes demandées à Ziani ? Jouer ce rôle de Ribéry qui ne lui sied guère ? Ou alors doit-il jouer un rôle d’une sorte de meneur de jeu décalé sur un côté, chargé de prendre les intervalles, de combiner avec ses partenaires, etc… Dans tous les cas, le résultat est peu probant, le sieur Ziani ayant décidé de jouer tout seul dans son coin. Zenden ne serait-il pas une solution plus appropriée ? Grand spécialiste du poste d’ailier, jouant très vite en 1 ou 2 touches de balle, ayant une belle qualité de centre, ne serait-il pas un bout de la solution pour faire vivre le ballon ?

Un latéral droit qui se fait attendre
Autre souci, le poste d’arrière droit : Bonnart et Zubar devront se partager, à priori, le poste laissé libre par le départ d’Habib Beye. Bonnart a toujours joué arrière gauche au Mans, bien qu’il soit droitier. Il lui faudra certainement un temps d’adaptation pour se créer les bons repères. Mais le voir se faire prendre de vitesse par Rothen au Parc des princes est relativement inquiétant. Quant à Zubar, il a pour lui la puissance et la vitesse. Mais il manque cruellement de qualité technique pour jouer à ce poste dont et il est loin d’être un spécialiste, préférant jouer stoppeur ou milieu défensif.

La récupération de balle
Secteur si souvent mésestimé mais qui apparaît pourtant si précieux dans le football moderne, à l’instar du rugby (dogme de Bernard Laporte, qui affirme que récupérer le ballon haut permet de commencer une phase offensive face à une équipe déstabilisée et déséquilibrée. Et de parcourir moins de chemin jusqu’à l’embut adverse). Ce secteur a fait la force du Milan AC champion d’Europe 2007, du Liverpool champion d’Europe 2005 et vice champion d’Europe 2007. Quel constat pour l’OM dans ce secteur ? Le ballon est récupéré trop bas et la qualité de relance est actuellement faible.

Un bloc-équipe élastique
Comment ne pas voir l’espace intersidéral qui sépare le duo Cana-Cheyrou des défenseurs centraux ? 10 mètres, parfois 20… Autant d’espace où s’engouffrer pour fixer tranquillement la défense. Ce n’est pas une nouveauté dans l’OM made in Emon. Ça a toujours été le cas aussi loin que l’on s’en souvienne, le tout souvent compensé par des joueurs physiquement au top et gagnant beaucoup du duels (Taiwo, Beye, Cana, M’Bami…). Mais en ces temps de pénurie physique, la carence est accentuée, les joueurs s’épuisent à boucher des boulevards qu’ils ont eux-mêmes créé…

Cana, clé de voute du système
Un élément clé dans tout cela : Lorik Cana. Le patron de la récupération de balle. Quel est vraiment son rôle sur le terrain ? Quelle est sa relation avec la défense centrale ? Le néo-capitaine aime presser très haut, imposer un combat (tout à son honneur tant le public marseillais en est friand). Mais le pauvre est souvent bien seul, il monte à l’assaut, laissant un boulevard dans son dos, aisément exploité par les quelques joueurs de cette zone qui jouent au toro avec lui. Alors il doit soit jouer en 6, libéro devant la défense, et il doit alors apprendre à contrôler ses pulsions, soit la défense doit apprendre à remonter (et par la même, apprendre à jouer le hors-jeu). Au coach de régler le problème, ce qui permettrait à l’adversaire de trouver moins de solution simple et aux joueurs de moins s’épuiser.
Autre conséquence à cela, les seconds ballons. L’équipe olympienne est systématiquement battue dans ce secteur. Personne au point de chute. Les joueurs sont souvent trop loin et les jambes lourdes ne les aident pas.

Un manque d’agressivité chronique
Evidemment, il est aisé de tout mettre sur le dos de l’entraîneur pour ce qui est du bloc équipe, du manque de pressing, et j’en passe. Pourtant, on ne peut négliger le manque d’agressivité générale de l’équipe (excepté Cana évidemment, voire Rodriguez). Les joueurs ne vont pas au contact, l’exemple le plus frappant étant Ziani. Ajoutons à cela, la molle activité défensive des offensifs (à commencer par Niang et Nasri), seul Cissé, exemplaire, se démène et n’hésite pas à revenir filer un coup de main. Résultat : un nombre de duels gagnés très insuffisant (à coupler avec un manque de jus).

Les coups de pieds à l’arrêt
Depuis des années, le pêché mignon de l’OM. 4 buts encaissés (sur 8) en 7 matchs sur coups de pieds arrêtés : 1 sur corner, 2 sur coup franc indirect et 1 pénalty. En contre partie, 2 buts marqués (sur 6) : 1 sur coup franc indirect et 1 sur corner. Joueurs paumés ou déconcentrés ? Comme on dit souvent, au jeu de tête, c’est celui qui en veut le plus qui l’emporte.

Comme on peut le voir c’est tout un collectif qui tâtonne, du préparateur au coach, en passant par chaque joueur et les recruteurs (qui ont peut-être mis en place un effectif trop bancal à disposition de leur entraîneur). L’équilibre entre tous ces petits soucis reste à trouver. Sans une amélioration de l’état physique et un surplus de volonté des joueurs, rien ne sera possible, Albert Emon ou pas. Les prochaines échéances vont être cruciales. Un Toulouse décevant et en quête de rachat, des adversaires européens dans une compétition où la moindre erreur se paie cash, et enfin une ribambelle de mals classés aux dents longues. Le programme est piégeux, mais le groupe olympien devra passer autants d’embuches pour prétendre à atteindre les objectifs naturels d’un groupe talentueux sur le papier : un titre