A une époque qui paraît maintenant bien lointaine, les joueurs de foot avaient un certain amour pour le maillot, que ce soit pour celui qu’ils portaient, celui de leur club formateur parfois, le club de leur enfance, encore, ou pour leur club de coeur. Mais ça, c’était avant. Voir M’Vila, Sissoko ou Yanga-Mbiwa quitter leur club formateur n’a rien de choquant, précisons-le tout de suite. Bien au contraire. Mais les voir partir au fin fond de la Russie ou dans un club qui va lutter pour le maintien en Premier League s’avère tout de même plus inquiétant. Ces trois joueurs sont des exemples. Les plus marquants, les plus choquants peut-être, les plus frais surtout, de la vague de fuite qui agite le football français.
L’exode continuel des Français
Il y a encore quelques années, pas si loin si l’on y regarde bien, quand un jeune international bleu quittait la France, c’était pour rentrer dans l’effectif d’un top club européen. Benzema, Nasri, Ménez, Ribéry ont quitté l’hexagone pour jouer l’Europe ! Pas pour se battre pour le maintien avec Stoke City ou QPR en Angleterre (avec tout le respect qu’on leur doit) voire se les geler dans un club « moisi » de la très prestigieuse Première Ligue Russe… Des joueurs moyens qui ont fuit la Ligue 1 pour prendre du fric dans un club moyen de l’autre côté de la Manche, des Alpes ou du Rhin, voire au Qatar, il y en a toujours eu. Le problème n’est pas là. Des jeunes joueurs qui tentent leur chance dans des clubs étrangers, histoire d’avoir un contrat pro beaucoup plus tôt que dans leur club formateur n’est pas non plus un souci (c’est même logique quand on voit comment certains sont traités). Mais voir des internationaux (A ou espoir), parfois l’avenir de l’Equipe de France et du foot français, quitter le championnat national pour évoluer dans des clubs qui n’auront aucune chance de jouer l’Europe dans les prochaines années, dénote pour le moins d’un changement d’état d’esprit. Le passage dans les clubs phares français ne se fait plus. Si on met de côté Paris, qui achète à l’étranger, l’OM, Lyon et Lille n’attirent plus, par manque d’argent. Quant aux autres clubs.
Des choix sportifs ? Pas sûr….
Mais si ! Evidemment ! Le challenge sportif ! On nous l’a rabâché, ressorti à toutes les sauces. Mais personne n’est dupe. Quand M’Vila se satisfait de 4 millions d’euros avec une clause automatique d’augmentation pour partir au Rubin Kazan, il part, évidemment, croyons-le sur parole, pour le challenge sportif. C’était peut-être même son club de coeur… Combien de temps encore, toutefois, cela pourra-t’il encore continuer ? Que fera le football anglais, par exemple, quand les riches investisseurs étrangers auront fini de s’amuser avec leurs jouets ? Après le Deportivo la Corogne, en faillite, les Glasgow Rangers qui ont déposés le bilan, qui sera le prochain ? Beaucoup de clubs espagnols ou italiens rencontrent de gros problèmes financiers. Ces joueurs-là, qui ne seront pas tous titulaires dans leur club, seront-ils conservés quand le fair-play financier entrera en vigueur, quand les clubs se casseront la gueule ? Partir à l’étranger n’est pas non plus la solution à tout. Que dire d’un Drogba qui se recase en Europe quand son club chinois coupe les vannes ? L’argent reste le coeur du problème. Mais la France, la Ligue 1, en manque !
Ligue 1 l’économique au coeur du problème
Voir des clubs comme Lyon ou Marseille en grosse difficulté, contraints de vendre avant d’acheter, laisse un gout amer quand on sait leur passé glorieux pas si lointain. Se débarrasser d’internationaux comme Bastos, Lloris ou Rémy pour prendre, au mieux, des inconnus du championnat roumain est forcément très inquiétant. Surtout quand ces clubs-là font partie des 20 clubs les plus riches du monde. Voir le Bayern de Munich annoncer 278 millions d’euros pour recruter la saison prochaine et constater que Lyon doit vendre Gomis et Lisandro pour baisser sa masse salariale surprend, choque même. Quel écart ! La différence ? Le football allemand, lui, n’a pas attendu la crise pour prendre des mesures pour sauver son football, ce que la Ligue française n’a jamais réellement fait. Les grosses écuries françaises vivent des droits TV, qui représentent quasiment 50% des revenus de l’OM, sachant que le dernier de Premier League encaisse plus que le champion de L1. Les droits télévisuels ne remplissent que 20% des caisses du Bayern, quand le merchandising leur rapporte 160 millions d’euros par an. En comparaison, l’OM ne gagne « que » 35 millions d’euros par an (contexte local mis à part). Comparer le club phocéen à l’ogre munichois peux paraître surprenant, mais comment expliquer un tel écart entre les revenus de produits dérivés ?
Belgique, Pays-Bas, Portugal, nous voilà !
La France tombe peu à peu au niveau de certains de ses voisins européens, mais pas les plus prestigieux footballistiquement parlant. Nous devenons petit à petit, mais inexorablement, un sous-championnat européen au regard des mercatos passés, présents… et probablement futurs. La faiblesse de la Ligue 1 n’est un secret pour personne ni une surprise. Voir l’OM sur le podium en est un malheureusement un exemple cruel. Qui aurait cru, au regard de l’effectif phocéen et des soucis financiers, que les Marseillais se battraient encore fin janvier pour le titre ? La force d’un groupe fait beaucoup, certes, mais le manque de talent de cette équipe a été criant lors des affrontements sur le scène européenne. Et l’OM n’était engagé qu’en Europa League. Cette fuite de nos jeunes talents n’arrangera pas les choses, bien au contraire !
Le championnat de France est bien mal en point et rien ne laisse entrevoir une sortie de crise. Pire, avec un PSG fort, ne recrutant qu’à l’étranger, la Ligue 1 risque, au mieux, de ressembler au championnat écossais avec une seule équipe, dominant outrageusement un faible championnat (bien que pour le PSG ce ne soit pas encore tout à fait fait). Quelles solutions pour ralentir l’exode ? Que faire pour rétablir l’aura de la Ligue 1 ? Voilà des questions qui doivent, espérons-le, hanter les nuits de nos hautes instances, tant sportives que politiques. Car en temps de crise, rien de tel qu’un peu de sport pour se changer les idées.