Lizarazu, un arrière pas gauche à l’OM

Bixente Lizarazu, voilà le remplaçant de Manuel Dos Santos. Il est loin le temps où le  » Roberto Carlos du pauvre  » faisait figure de cadre au sein de l’effectif olympien. A la saison 2002-2003 pour être plus précis, avant que Nicolas  » Schumacher  » Penneteau ne vienne briser son élan – et son tibia […]

Bixente Lizarazu, voilà le remplaçant de Manuel Dos Santos. Il est loin le temps où le  » Roberto Carlos du pauvre  » faisait figure de cadre au sein de l’effectif olympien. A la saison 2002-2003 pour être plus précis, avant que Nicolas  » Schumacher  » Penneteau ne vienne briser son élan – et son tibia avec. Le natif du Cap Vert avait de quoi l’être, vert. Il venait en effet d’être préselectionné en équipe de France, et beaucoup voyaient en lui l’un des meilleurs latéraux de la Ligue 1.

Que ladite préselection fut octroyée par un certain Jacquot devrait pourtant inciter à la circonspection. Vous vous souvenez, le type aussi expressif qu’un inspecteur Derrick sous Temesta, dont le débit ferait passer Roger Lemerre pour un commentateur de courses hippiques ? Vous voyez ? Bon. Vous me comprenez.

Bref, tout ça pour dire que le bon Manu, tout respectable qu’il soit, n’était pas un cador. C’était un bon joueur… de Ligue 1. Il tenait correctement son couloir – sans plus. Quant à ses centres, ils servaient surtout à rabattre les gabians pour son complice Bakayoko. Bien sûr, il a rendu de fiers services. Bien sûr, il était le meilleur joueur disponible à ce poste (heureusement pour lui, hélas pour nous). Mais pour un club qui se veut ambitieux, ça ne suffit pas. Alors bon vent à toi Manu ; à ton âge, et vu ton comportement exemplaire, tu méritais mieux que le banc. Et reconnaissez que Benfica, il y a pire comme placard. Ce ne sont pas Vedran, Stepan, Cyril ou Rudolf qui diront le contraire.

Eux n’auront pas la chance de côtoyer le surfer de Saint-Jean-de-Luz, l’homme qui a dit non à l’ETA et aux pellicules (campagne Pétrole Hahn 2001). Partout ailleurs en France, une telle recrue n’aurait suscité qu’enthousiasme et optimisme. Partout ailleurs, les supporters du cru auraient salué le renfort de poids, le coup de maître des dirigeants. Mais à Marseille, au pays de la Runjemania et du sytchevisme éhonté, on fait la fine gueule. Comme en janvier, lors de l’arrivée de Barthez, on ressort l’argument de l’âge et de la motivation. Avec en sus la nouvelle rengaine sur la  » stabilité  » (stabilité, oui mais dans quoi ?), ce qui est pour le moins paradoxal chez des gens réclamant constamment la démission de l’entraîneur en place et/ou des dirigeants.

Or, quelques mois après l’arrivée de Barthez et toutes les pleurnicheries qui s’ensuivirent, tout le monde a fini par se rendre à l’évidence. Le divin chauve, avec ses années en plus et ses cheveux en moins, est nettement meilleur que son prédécesseur ; l’OM n’a pas perdu un  » symbole « , mais a plutôt gagné un grand joueur au change. Bref, le temps a fait son oeuvre dans l’esprit des supporters olympiens.

C’est sans doute ce qu’il se passera d’ici peu de temps, lorsque le Basque bondissant aura prouvé à toutes et à tous qu’il n’est pas venu en préretraite, mais plutôt en quête d’un dernier défi. Mais que lui reproche-t-on, au juste ?

L’ancien défenseur du Bayern serait cuit. Certains ont du célébrer la fête de la bière avant l’heure, car le joueur a une nouvelle fois répondu présent sous le maillot bleu, cet été au pays de Linda de Souza. D’ailleurs, trente-quatre ans et des poussières, est-ce vraiment trop vieux pour jouer au foot (surtout pour un joueur qui ne se blesse jamais) ? Trente-quatre ans, comme Leboeuf en 2002-2003. Trente-quatre ans, soit dix de plus que Philippe Christanval lorsqu’il débarqua sur le Vieux Port l’été dernier… Jugez vous-mêmes.

Le Basque ne serait plus motivé, ayant déjà tout gagné. Possible. Mais si tel était le cas, quelle folie le pousserait à venir évoluer dans un club où on le sifflera au moindre signe de faiblesse, où l’on fracassera sa voiture au premier centre raté, et où un excité ira cracher  » comme un voleur  » sur la belle Elsa en cas de contre-performances répétées ? Si Liza est un mercenaire blasé, il est aussi un crétin, car tandis que beaucoup ont choisi l’exil doré au pays de l’or noir, lui a préféré rejoindre l’un des clubs les plus sulfureux d’Europe… Etrange calcul, n’est-ce pas ?

C’est bien beau tout ça, rétorqueront certains, mais recruter un joueur en fin de carrière, même s’il tient encore la route, c’est une solution à court terme. Très bien. Il serait donc préférable – selon ceux-ci – d’acheter le futur Liza plutôt que l’original. Plus facile à dire qu’à faire. C’est en plus mal connaître le marché des transferts : car s’il est un type de joueurs difficile à conserver en France, pour des raisons exclusivement économiques, c’est bien la star en phase ascendante. On l’a vu récemment. Benoît Pedretti lui-même ne fera pas de vieux os à Marseille, son contrat stipulant une clause libératoire au bout de deux ans. Deux ans, c’est justement le temps que Bixente devrait passer en Provence… On pourrait aussi dire que, contrairement à un jeune, il ne rapportera rien dans deux ans ; mais rien, c’est aussi ce qu’il nous a coûté. Dois-je rappeler le formidable retour sur investissement qu’a constitué l’achat des brillants espoirs qu’étaient Stepan Vachousek, Ahmed Hossam Mido ou Rudolf Skacel ?

L’âge du Basque ne fait donc pas de son recrutement un choix à court terme. Surtout s’il l’on envisage la question d’un angle un peu plus large. D’une part, parce que la présence de vieux briscards est toujours bénéfique à leurs coéquipiers plus jeunes (qui en sortent grandis… à long terme). Et d’autre part parce que l’on peut très bien imaginer qu’une fois les crampons raccrochés, le mangeur de Lu pourrait intégrer le staff olympien, et lui faire profiter de toute son expérience et de tout son vécu.

En définitive, Bouchet Diouf and co ont sans doute réussi un joli coup sur le marché des transferts. Un coup certainement pas unique : loin des recrues exotiques et des paris du passé, nos dirigeants ont jusque-là su dénicher des valeurs sûres, qui apporteront indiscutablement un plus qualitatif au groupe marseillais. Un recrutement dont la qualité rend d’autant plus incompréhensible l’actuelle vague de pessimisme.

Toutefois, tout n’est pas rose pour autant : tandis que les Marseillais sont encore en pleine campagne de recrutement, leurs concurrents fignolent les schémas tactiques et les automatismes. Un retard qui risque de peser lourd lors des premiers matches, et qu’il conviendra de combler rapidement. Grâce à l’expérience de Liza ?