Au plus loin que puisse le ramener sa pensée,le petit marchand n’avait connu matin plus égayé.
Oubliées les soirées passées à se lamenter,finies les matinées perdues à errer.
Le petit marchand, au fond de lui savait, point de malédiction, point de bonheur égaré…
Son amour avait trouvé la clé,son amour avait de nouveau gagné.
Assis avec son fils devant la cheminée,il décida alors de lui raconter
L’histoire comme il avait pu la vivre,celle du succès qui détruit puis ennivre…
Conscient que son fils était un jeune enfant,il raconta l’histoire tout en utilisant,
Des mots lancés d’un coeur inaltérable, ceci narré sous forme d’une fable…
» L’Ogre et les Hyènes
L’Ogre ruminait depuis maintenant plus d’une décade, il n’avait plus rien à manger, rien à se mettre sous la dent. Oh, il avait bien pu tenir jusque là, dévorant par-ci, par-là quelques personnages…mais bon, point de bon repas, juste de quoi oublier un peu la faim qui le tenaillait jour et nuit…Car cet Ogre avait une habitude, prise à la fin du siècle dernier…En guise de repas, de banquet, ce sont les titres dont il raffolait… Voyant ceci, et sentant qu’elles pourraient en faire bon usage, ne se nourrissant que du commérage, le chef des Hyènes passant par là, prit la parole et déclara :
-mes soeurs, voici une proie facile car elle est presque morte, efforçons-nous de la maintenir à terre, ainsi, nous aurons de quoi manger et proliférer en ces mois de disette car quoiqu’on en dise, depuis notre dernière victoire à la fin du siècle, notre fratrie tend à se dépeupler…
Curieuse victoire à laquelle faisait référence le chef des Hyènes, car elle avait été acquise contre ce même Ogre qui suite à la gloire de régner sur tous les continents, avait failli mourir pour une petite histoire d’argent caché au fond d’un champ…
Les Hyènes commencèrent alors leur travail de sape, usant de tous les artifices pour accomplir leur acte…Parlant à tort et à travers, faisant du mensonge leur crédo, elles s’acharnaient comme un loup mange un troupeau… Ne reculant devant rien, elles frappaient tour à tour, dénonçant les erreurs commises, les transformant si besoin était, s’appuyant sur la vindicte populaire, elles parvenaient même à faire gronder les partisants de l’Ogre sans qu’une bonne raison soit invoquée. Elles déversaient leur fiel, écrivaient avec des plumes acérées, transformaient la vérité… Arriva alors ce qui devait arriver, l’Ogre fut blessé, honni, raillé, chassé des sommets, il souffrit, alla se recroqueviller… Les Hyènes fières de leur travail en voulaient toujours plus, elles frappaient, fort, encore et encore, faisant de la traitrise leur arme favorite…
L’Ogre fut tellement désorienté, qu’il décida de s’en aller… Bien lui en prit car c’est aux détours d’un chemin désolé, dans la pénombre d’un bois maudit qu’il réussit à libérer de son esprit…
-Pourquoi vivre dans cette cité où les Hyènes me pourfendent… Elles ne pensent qu’à la haine à la simple évocation de mon nom… Je ne comprends pas cette punition que je n’ai pas méritée… hurlait l’Ogre dans le bois déserté…
Déserté ? rien n’est moins vrai que ce mot, car au fond de ce bois, vivait un vieux Renard, qui voyant sa vie se terminer, avait quitté la dite cité…
-Ne te lamente pas, l’Ogre !!! lança le vieux Renard…
-Es-tu ici, Renard, pour achever le travail des Hyènes ? Je n’en puis plus, porte le coup de grâce, fais vite je t’en supplie, que l’on éteigne ma race…
-Pourquoi te ferais-je ce deshonneur, je suis le seul de tes admirateurs… rétorqua le Renard.
-Que me veux-tu, Renard, si ce n’est me pourfendre ?
-Te rappeler pourquoi tu es sur terre, l’Ogre… Je t’attends depuis longtemps pour te le dire…
-Me dire quoi, Renard ?
-Simplement ceci : Tu es un Ogre, qui a oublié sa nature… retrouve-la et en Roi tu reviendras…
Après avoir lancé ces mots à l’Ogre intrigué, le Renard disparut dans la forêt… Durant trente jours et trente nuits, l’Ogre pensa à la remarque du Renard, la tournant dans tous les sens, essayant de la décripter… Un matin, il fut illuminé, il prit alors la route de la cité, balayant tout sur son passage, il entra alors dans le village, combattit l’ensemble des habitants, les mit à terre, imposa sa force, car il luttait de tout son être, animé d’une puissance sans partage… Il récupéra très vite son fauteuil de Roi… Pouvant ainsi se nourrir à sa faim de son met favori… Il dévora alors tout sur son passage, ne laissant que des miettes à tout son entourage… Sa force ne lui servait à aucune autre chose que se battre, à sans cesse attaquer car telle est sa nature: Attaquer et se battre…
Le Lion qui occupait la place jusqu’alors laissée vide, mourut presque de faim, redevint insipide… Et les Hyènes dans tout ça, me direz-vous, elles repartirent dans l’ombre, attendant une unique occasion, de dévorer la simple cible que devenait le Lion…
Ce que l’Ogre avait compris au fond de cette forêt,
C’est qu’a trop avoir régné,
Il avait oublié, ce que sa nature imposait…
Dévorer…ou être dévoré… »
Cette fable terminée, le marchand put s’endormir,
Convaicu qu’en son fils aimé, la relève pouvait grandir.
L’avenir est ce qu’on en fait, Il suffit de ne pas oublier,
Que la nature de notre OM est « gagner », pas simplement « essayer »…
Et à tous ceux qui doutent,qui pensent à la déroute,
Surtout n’oubliez pas, soyez Ogre ou Repas…