L’OM : club sans couleur fixe ?

L’OM est encore aujourd’hui le club qui vend le plus de maillot en France (environ 400 000 par an). Profitons-en, car étant donné toutes les passions soudaines provoquées par l’arrivée des Qataris au PSG, cela ne devrait pas durer. Malgré ces bons chiffres, la politique des maillots d’Adidas amène quelques interrogations. Sans qu’on en réalise […]

L’OM est encore aujourd’hui le club qui vend le plus de maillot en France (environ 400 000 par an). Profitons-en, car étant donné toutes les passions soudaines provoquées par l’arrivée des Qataris au PSG, cela ne devrait pas durer. Malgré ces bons chiffres, la politique des maillots d’Adidas amène quelques interrogations. Sans qu’on en réalise vraiment l’impact, une tradition s’est installée en Ligue des Champions : l’OM ne joue pas avec ses couleurs à domicile pour une obscure raison de marketing. Retour sur un maillot orange (très) controversé :

2007 : Zenden comme chez lui

Il faut bien l’avouer, étant donné les illuminations des stylistes d’Adidas de ces dernières années, on pourrait presque penser que la marque aux trois bandes a confondu la Commanderie avec le cirque Pinder. Qui donc a pu instaurer une telle règle ? Qui donc a autorisé Adidas à bouder les couleurs bleues et blanches ? Le troisième maillot est apparu à la fin des années 90 et il n’est devenu maillot domicile de Coupe d’Europe qu’il y a quelques saisons. En 2007-2008, donc durant l’ère Pape Diouf, l’OM accueillait Liverpool en C1 avec son maillot orange et ça saoulait déjà beaucoup de monde. La couleur était un clin d’oeil à un groupe de supporter et aux valeurs anti-fascistes du club. A moins que ça ne fut un clin d’oeil au sponsor de la Ligue 1, finalement on ne sait pas trop… On ne se doutait en tout cas pas que c’était le début d’une longue série de couleurs « hommages ».

Pourquoi jouer en blanc quand on peut l’éviter ?

Ca n’est un secret pour personne, le Milan AC, le Real Madrid et tous les grands clubs européens jouent avec leurs couleurs à domicile en Coupes d’Europe. C’est tellement plus marrant de compliquer la tâche des Chinois ou des Japonais en leur faisant croire que chaque année c’est un club différent qui dispute la compétition, qu’il est difficilement compréhensible que ce qui soit valable pour Marseille, ne le soit pas pour les autres. On note d’ailleurs que quelques journalistes d’Angleterre, d’Espagne ou d’Italie arrivent encore à confondre l’OM et l’OL, malgré toutes les participations à la Ligue des Champions. Une preuve de plus que la politique d’Adidas est très performante. Et puis ce n’est pas comme si l’Olympique de Marseille était un club centenaire et avait des valeurs et une histoire sur lesquels s’appuyer…

Porter haut nos couleurs, oui mais lesquelles ?

Cela fait plusieurs décennies que le fric dicte la loi dans le football. Malgré le réel souhait (ou non) de Michel Platini de revenir au football corrompu (mais avec plus d’égalité entre pays) des années 80, il parait bien tard pour s’en soucier et inverser la tendance. L’attribution de la Coupe du Monde au pays du Qatar, représenté par le Madrilène qui vaut 14 millions d’euros, en est le symbole absolu. La Ligue 1 et l’OM n’échappent pas à la règle. Le club phocéen est d’ailleurs au centre d’un assez gros paradoxe : il subit les inconvénients d’un club riche mais il n’a pas un rond dans ses caisses. Et le contrat signé avec Adidas est assez symptomatique du mal qui ronge l’entité provençale : non seulement le montant versé par la marque allemande est faible pour un club d’une telle renommée, mais en plus il implique le sacrifice de ses couleurs. Dit autrement, on a vendu nos fesses, comme le PSG, mais pour quedalle.

Espérons qu’Adidas, qui n’est pas irremplaçable, prendra le temps de se poser les bonnes questions concernant sa politique des maillots. Si le merchandising est devenu une composante essentielle des clubs du XXIème siècle, on ne peut pas le laisser empiéter sur les valeurs et l’identité de l’OM ! Que le troisième maillot soit utilisé à l’extérieur quand on n’a pas le choix, c’est une chose, mais au Vélodrome c’en est une autre. Avant de reparler marseillais, il faudra déjà que l’Europe réapprenne que Marseille joue en blanc et bleu…