L’OM en mal de jeu

Mi-novembre : ce devait être la crise à Paris, Claude Puel aurait dû être débarqué du tanker lyonnais, et l’OM devait avoir déjà déposé son empreinte virile sur la L1. Mais rien de tout ça ne s’est produit. La seule certitude aujourd’hui, c’est que Noël est le 25 décembre – normalement. On n’est plus sûr […]

Mi-novembre : ce devait être la crise à Paris, Claude Puel aurait dû être débarqué du tanker lyonnais, et l’OM devait avoir déjà déposé son empreinte virile sur la L1. Mais rien de tout ça ne s’est produit. La seule certitude aujourd’hui, c’est que Noël est le 25 décembre – normalement. On n’est plus sûr de rien, et des certitudes, tout comme un début de championnat de France nivelé par le bas et affaibli, l’OM en manque cruellement. Nous, supporters, attendions la confirmation d’une fierté retrouvée pendant un printemps euphorique fait de victoires valeureuses, avec au bout les titres qui nous manquaient tant. Pour l’instant, c’est la déception qui prime.
Évidemment, un championnat, c’est long, et les gros se retrouvent presque toujours à l’arrivée, mais pour l’heure personne n’a encore saisi sa chance dans une L1 au ralenti ; chacun garde la sienne bien au chaud en attendant des jours meilleurs. Et l’Olympique de Marseille, si dominateur il y a quelques mois, ne déroge pas à la règle. Après 13 journées, 12 pour les Marseillais, on ne peut que faire le constat un peu triste d’une équipe de l’OM qui bafouille et demeure en mal de points, d’identité et de jeu.

Trop de joueurs qui ne sont pas à leur niveau
Intrinsèquement, l’effectif marseillais est plutôt bien doté, riche et varié, et s’il lui manque peut-être un grand milieu défensif et un homme d’expérience en attaque, il demeure largement suffisant pour aller décrocher la timbale en juin. L’un des problèmes récurrents depuis le début de saison, c’est le manque d’homogénéité dans les états de forme : Mbia a traîné un genou douloureux et des états d’âme durant les deux premiers mois de compétition, la cuisse de Diawara a lâché, Cissé revient juste de blessure, et aujourd’hui, c’est Cheyrou qui manque à l’appel. Tous ces joueurs, qui sont autant de tauliers, sont encore loin d’avoir donné pleine satisfaction. Ajoutons à cela Gignac qui ne retrouve que très lentement le chemin de la grande forme – cela fait trois mois que l’on entend régulièrement que sa condition physique s’améliore… -, et des joueurs qui ont été très peu utilisés en début de saison, tels Brandao et Abriel, et qui retrouvent seulement un peu de temps de jeu maintenant.
Après le match nul concédé par l’OM face aux Lensois samedi dernier, Didier Deschamps avait évoqué la question. « Il y a des performances individuelles qui sont en-dessous du niveau de certains joueurs. Ce n’est pas facile d’être dans l’obligation d’être performant, et il y a parfois un peu de fébrilité, ou de timidité. » Nul doute que cette fébrilité qu’évoque l’entraîneur de l’OM s’atténuera quand les patrons seront enfin dans le bon tempo et stabiliseront ainsi toute l’équipe.

Un entraîneur qui cherche encore la formule
En ce moment, l’OM balbutie son football : pourtant, comme l’année dernière, c’est un 4-3-3 a priori bien rôdé qui reste le système de référence, même si l’équipe peut passer en 4-4-2 en cours de jeu grâce aux qualités de vitesse de Rémy. Mais c’est dans le choix des joueurs que Didier Deschamps tâtonne.
L’entraîneur de l’OM tient sa défense type, et la concurrence Heinze-Taiwo est non problématique. Seules les absences répétées de Diawara et Mbia l’ont obligé a modifier trop souvent sa ligne de derrière. Au milieu, Lucho est indispensable, et même en jouant très peu, Cissé a retrouvé beaucoup de crédit tant son remplacement par Kaboré a été décevant. Devant, il semble clair que Gignac et Rémy ne bougeront pas de leur poste. C’est donc essentiellement à propos du côté gauche que Didier Deschamps hésite. Tiens… Qui de Kaboré, Cheyrou ou A. Ayew en milieu relayeur ? Qui de A. Ayew ou Valbuena en ailier gauche ? Quel profil, quelles compétences pour retrouver un 11 équilibré ? L’entraîneur a fait plusieurs essais, il a trimballé ses joueurs avec plus ou moins de bonheur, mais aucune hiérarchie ne s’est encore dégagée. Il est certain que quand l’équipe sera fixée de ce côté-là, tout ira un peu mieux. Cela étant dit, il ne faut pas minimiser le fait que le départ de Niang et les arrivées de Rémy et Gignac ont eu pour conséquence de renouveler entièrement la ligne d’attaque, une ligne où même Valbuena, seul rescapé, a dû changer de position et doit se réadapter. Reconstruire à ce point prend du temps. Qui a écrit que l’Histoire était un éternel recommencement ?

Un état d’esprit à revoir très vite
L’état d’esprit, c’est sans doute la plus grosse carence de l’OM à l’heure actuelle. Samedi dernier, après le match, Didier Deschamps a expliqué que le manque de réaction des joueurs n’était pas dû à un problème de condition physique… Il y a dix jours, au Parc, l’équipe s’est fait chahuter pendant les 30 premières minutes sans que les joueurs mettent le pied – une ou deux fautes commises seulement pendant cette période. L’OM a bel et bien mal à la tête. D’une manière générale, ô sacrilège, les olympiens manquent d’engagement et de détermination : on mène 1-0 contre un reléguable, on gère ; on se fait bousculer par une équipe de Paris confiante et folle furieuse, on courbe l’échine en attendant que ça se calme…
Mauvais calcul. Mauvais calcul par rapport au jeu, que l’on ne respecte plus et que l’on ne produit qu’a minima, mauvais calcul vis à vis de nous, supporters, hommes de foi qui pouvons comprendre la défaite, mais pas le manque d’investissement.
De cette attitude, il résulte que les joueurs ne sont plus assez efficaces pour jouer à hauteur de leurs prétentions : carence technique générale, une défense moins intraitable et qui a perdu de sa superbe, un milieu de terrain moins dominateur et moins créatif, et des attaquants qui ne tuent pas les matchs. Tous les étages de l’équipe sont concernés, sauf Mandanda, joueur et gardien impeccable, mais capitaine que l’on aimerait bien entendre hausser le ton à ce sujet. Parce qu’il serait grand temps de retrouver un peu de coeur à l’ouvrage et de remettre un peu d’ordre dans les têtes olympiennes.

Vu la qualité des hommes qui composent l’effectif – les joueurs expérimentés, les grognards, les jeunes loups, les ambianceurs -, le groupe possède les ingrédients qu’il faut pour parvenir à se remettre dans le sens de la marche et se projeter vers le titre. Tout ne va donc pas si mal pour un OM potentiellement leader du championnat avec son match en retard contre Rennes et dont la complémentarité entre les joueurs ne peut que s’améliorer. Autrement dit, là où certaines équipe plafonnent, l’OM ne fait que cahoter.
Mais justement, il lui faut cesser de ronronner, et aussi se méfier de l’air du temps, trompeur et vicié ; depuis plusieurs semaines, à l’OM et plus généralement en Ligue 1, se dégage grosso modo le discours suivant : il faut enchaîner les victoires, la confiance reviendra, et le beau jeu suivra, éventuellement… Si Didier Deschamps a raison de vouloir construire une équipe expérimentée et solide sur ses bases, une équipe pour qui la gagne est primordiale, il n’est pas concevable que les olympiens soient si peu ambitieux, généreux et enthousiastes qu’ils le sont en ce moment dans le jeu. Nous attendons un autre contenu, de meilleures prestations. Et le temps presse, car Moscou est dans moins de huit jours, et ce n’est sans doute ni dans la nature de ce club ni dans les gènes de cette équipe-là que d’y aller en épicier. Il faudra bien jouer en Russie. Il faudra gagner.