Nous voici donc peut-être à l’aube d’une saison sans Ligue des Champions, la première depuis 5 ans. Préparez-vous pour des OM-Panionios de toute beauté… Il semble qu’à vouloir jouer sur tous les tableaux avec un effectif toujours plus restreint en nombre et en qualité, l’Olympique de Marseille se casse les dents sur une fin de saison difficile, ne réussissant pas un énième sprint final Boltien. Difficile d’en vouloir à Didier Deschamps, gagneur dans l’âme, d’aller chercher les titres les plus prenables comme la Coupe de France ou de la Ligue. Deschamps, l’anti-Gerets, pas adepte du beau jeu, des belles paroles et des bons sentiments, mais plutôt collectionneur de titres à tout prix. Probablement la plus belle réussite de l’OM depuis… depuis la Ligue des Champions qu’il a lui-même soulevée en tant que capitaine. Un parcours qui laisse sans voix et qui amènera surement des succès au plus haut niveau du football mondial pour la Dèche.
Le bon, la brute et le courtisan
Un changement d’ère se prépare donc. Après des années de souffrances, le club a commencé sa guérison sous l’ère Bouchet, pas diplomate ni modeste pour un sou mais qui aura au moins initié l’assainissement financier. Puis vint le grand Pape Diouf, brillant président toujours au front pour défendre les intérêts du club, et surtout élément clé d’un recrutement à la fois malin et ambitieux. Il perdra sa place en raison des classiques luttes intestines qui rongent notoirement le club. Même si les titres auront été collectés par Dassier, nul doute que c’est son travail qui permit à l’OM de renouer avec son palmarès. Dassier, président ni Africain ni Libanais, qui par ses déclarations saugrenues et ses sorties médiatiques toujours plus fantasques, aura finalement été le pare-feu idéal pour permettre au staff de travailler plus sereinement, malgré des conflits internes toujours présents, à l’image d’un Anigo que rien ne semble pouvoir déboulonner. D’ailleurs avez-vous relevé le titre du poste de José lors du dernier chamboulement de l’organigramme ? « Responsable en charge du recrutement, des relations avec les supporters, de la formation, des jeunes ». Nul doute qu’il a aussi son mot à dire sur les menus de la cantine du centre d’entraînement RLD. Qui a dit que les travailleurs français n’étaient pas assez multi-tâches ? Enfin, on en vient à notre président actuel, le fameux Vincent Labrune. Homme de l’ombre, influent conseiller du regretté Robert Louis-Dreyfus, en voilà un qui a bien su placer ses billes. Malheureusement pour lui et pour nous, il va bientôt devenir le symbole d’un recul de l’OM sur la scène française et européenne. Labrune, on nous l’a rabâché, il connaît du monde, et il connaît aussi bien le football. Passionné mais habitué à oeuvrer en coulisses, sa présidence laissera un goût amer. Pour beaucoup il s’agit surtout du président low cost. Il aura raté certainement une carrière chez Ryanair. Car c’est bien déjà lui qui était aux commandes lorsque Dassier s’agitait dans tous les sens, faisant diversion de façon toujours plus rocambolesque.
Un recrutement en perte de vitesse
Revenons à ce qui a débloqué le compteur de titres après 17 ans de disette. En football il n’y a pas de secret, ni de potion magique, juste des budgets et des hommes. Le titre est venu après un recrutement ambitieux, à travers Deschamps et plusieurs cadres, mais aussi ne l’oublions pas, grâce à la cerise que RLD nous a finalement consenti comme un cadeau d’adieu, j’ai nommé Lucho Gonzalez. Même si on garde en mémoire le fantôme qui hantait le club depuis un an et demi, il ne faudra pas oublier que l’année du titre, il fut meilleur passeur de Ligue 1. Même si le succès est arrivé grâce à un ensemble de facteurs, il n’est pas interdit de penser que le truc en plus qui fait gagner les titres c’est ça, risquer un bon paquet sur un joueur capable de porter une équipe un cran au-dessus. Et de risques, ça, Labrune n’a pas été en mesure d’en prendre. Au contraire, il donne l’image du comptable de Margarita, l’homme par qui l’OM ne fera plus de folies, en d’autres termes ne se fera plus Gignacquer. Voilà donc l’ère du low-cost avec entre autres Morel pour remplacer Taiwo, et une coupe de cheveux sur Brandao pour remplacer Niang. Si l’OM veut être le Porto français, et trouver des pépites à bas prix, il faudra éviter de taper trop de joueurs à Lorient quand même. Et surtout il faudra éviter de se faire avoir par le vrai Porto, tout ça pour économiser le salaire de Lucho ! Morgan Amalfitano, qui fut quand même un bon coup, symbolise quelque part aussi les limites de l’OM actuel. Capable de très belles choses, et même selectionnable, il est comme un Cheyrou (lui aussi méritait une sélection !) : un joueur talentueux mais trop inconstant pour être un « monsieur plus ». Tout le monde loue ces joueurs lorsqu’ils font des bons matchs, mais on ne leur tape pas trop dessus quand, pendant deux mois, ils sont transparents, pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont pas couté 25M€.
Qui veut sauver le soldat OM ?
Des bons joueurs de club donc, mais insuffisants pour porter un club et aller chercher des titres. Cette présidence a aussi eu l’indécence d’aller chercher dans les notes de Pape Diouf d’il y a trois ans en recrutant Diarra, qui était justement bon il y a trois ans. C’est un des leaders de l’Equipe de France que Laurent Blanc avait imaginé à son arrivée. Comme Gourcuff. A son arrivée à l’OM d’ailleurs, les journalistes et commentateurs, un brin moqueurs, désignaient à chaque fois Alou comme « le capitaine de l’Equipe de France ». Quand les journalistes peuvent faire du second degré et tailler l’OM en même temps, on comprend qu’ils ne peuvent pas s’en empêcher. Bref, il reste facile de critiquer un recrutement après coup, et les conseilleurs ne sont jamais les payeurs. Il n’empêche, en tant que supporters aficionados, on connaît beaucoup de gens autour de nous qui connaissent le football et savent qui sont les bons joueurs. Savoir qui sont les bons joueurs de demain par contre, et avoir les réseaux et les compétences pour les faire venir, ça n’est pas donné à tout le monde. On ne trouve pas un Valbuena à tous les coins de rue, et ça reste une science inexacte. Que ce soit Diouf ou Labrune, chacun aura connu ses bons et ses mauvais coups. Mais sans flair et sans argent, et avec une compétition toujours plus accrue, quelle va être la marge de manoeuvre de l’OM désormais ? Afin d’éviter une chute vertigineuse dans les prochaines années, Vincent Labrune devrait sans doute revenir à ses fondamentaux. Avec ce qui se trame dans la capitale et le beau monde qu’il y connaît, il y a surement des fils de sultans ou d’émirs à gratter. Pour gagner du temps, voici un pitch alléchant :
« À saisir, offre exceptionnelle. Club de football le plus célèbre de France, livré avec meilleur public d’Europe. A trente minutes de jet de Paris, stade et centre d’entraînement entièrement rénovés, vue sur la mer et possibilité de parking pour yacht. Nettoyage industriel à prévoir : présence de parasites teigneux dans et autour du club. Prix à débattre.«