L’OM et la mauvaise foi des médias

Le premier janvier dernier, l’OM était certainement bien inspiré de souhaiter une année 2013 « spectaculaire » à ses supporters. Car, dans la lignée des saisons précédentes, l’OM ne pratique pas un jeu flamboyant.

Néanmoins, l’équipe d’Elie Baup compte aujourd’hui 20 points de plus que celle de Didier Deschamps l’an passé à la même époque. De bons résultats qui ne paraissent toutefois pas convaincre tout le monde. Car plutôt que de s’intéresser à son classement, la presse préfère souligner la pauvreté du jeu marseillais.

Le pari des dirigeants presque gagné ?

Il est trop tôt pour parler de franc succès car une mauvaise série pourrait encore ruiner la saison phocéenne. Toutefois, cet OM a déjà déjoué les pronostics de la grande majorité des observateurs (nous y-compris). Entre dégraissage et recrutement low-cost, les dirigeants sont effectivement parvenus à monter une équipe compétitive. Surtout, ils ont su faire confiance à Elie Baup qui n’avait plus exercé depuis 2009 et dont les résultats sont assez exceptionnels avec un effectif largement amoindri par rapport à l’année passée (49 % de victoires depuis son arrivée). Vincent Labrune nous avait annoncé une année de transition et pour le moment elle semble bien négociée. L’OM peut notamment compter sur une défense solide (Steve Mandanda n’a pas pris de but depuis 6 matchs) et sur le côté lâche-rien de ses joueurs. Si tant est que l’Olympique de Marseille parviendrait à se qualifier pour la prochaine édition de la Ligue des Champions, on pourrait considérer que les dirigeants auraient parfaitement réussi leur coup.

Catenaccio non, inefficacité oui…

Avec 37 buts inscrits en 33 journées, on ne peut pas dire que les joueurs olympiens régalent leurs supporters. Néanmoins, on est encore loin de la tactique « catenaccio » qui avait notamment été utilisée en Italie dans les années 1980. Car ce n’est pas la rigueur tactique et la volonté de défendre à tout prix qui caractérise cette équipe mais plutôt la solidarité, son tempérament et… le manque d’efficacité offensive. Avec 14 tirs par match en moyenne, l’OM est d’ailleurs la formation qui frappe le plus en Ligue 1 (devant le Paris-SG). Pour rappel, en 1993-94, malgré une pléiade d’attaquants tels Dejan Savicevic, Zvonimir Boban, Brian Laudrup ou Jean-Pierre Papin, le Milan avait gagné la Série A en n’inscrivant que 36 buts en 34 matchs. Cela n’avait pas empêché les médias de saluer sa solidité et de la porter au rang des meilleures formations de tous les temps. D’ailleurs, au terme de cette même saison, le Milan avait passé un mémorable 4-0 au Barça de Johan Cruijff (que certains essaient aujourd’hui de nous faire passer pour la meilleure équipe de tous les temps…), en finale de la Ligue des Champions. La supériorité de la tactique italienne sur le football total néerlando-catalan n’était alors pas à démontrer. Les choses ont depuis bien changé.

La mauvaise foi des journalistes…

La mode est désormais au football offensif. Et, sans se soucier des différences de moyens entre les uns et les autres, certains mènent désormais une véritable chasse aux sorcières. Ainsi les journalistes adoubent des Lillois qui, comme chaque saison ont préféré sacrifier la Coupe d’Europe pour se consacrer à la Ligue 1. D’autant que les Nordistes disposaient des 40 millions d’euros de la vente d’Eden Hazard pour faire leurs emplettes l’été dernier et répondre à tous leurs objectifs. Peut-on louer l’état d’esprit d’une équipe qui se moque éperdument du coefficient UEFA de son pays et se préoccupe uniquement de ses futures retombées financières ? La majorité des médias n’étaient pas loin de crier au scandale quand les Phocéens sont parvenus à ramener le nul de Lille. Plutôt que de s’extasier sur le jeu nordiste et de critiquer celui des Marseillais, il serait intéressant que ces gros cerveaux s’interrogent sur les raisons pour lesquelles l’OM, avec un budget transfert nul l’été dernier, est arrivé à maitriser l’attaque lilloise et à devancer son adversaire au classement.

… et des mouvements contestataires

On ne peut qu’être sensible à une partie des arguments exposés par ces derniers. En ligne de mire, la perte de l’identité du club, José Anigo et sa réputation, Vincent Labrune et sa passion douteuse et Margarita et son porte-monnaie clos. Mais l’obstination à toujours vouloir mettre tout le négatif sur le dos de ces personnes décrédibilise inexorablement le mouvement. N’en déplaise à l’endoctrinement haineux en vogue sur le web, la situation est loin d’être la même qu’au début des années 2000 et les trois décisionnaires ne sont pas l’incarnation du diable. S’ils sont coupables d’erreurs ayant conduit, notamment, à la situation de la saison passée, on ne peut pas les exclure des victoires passées et présentes. Depuis juillet dernier, le redressement opéré est remarquable. Une qualification pour la prochaine édition de la Ligue des Champions, compte tenu du contexte, des scandales et de la trésorerie disponible, ne serait pas loin de relever de l’exploit. Cela ne va pas dans le sens de l’opinion à la mode, qui aura donc les couilles de les féliciter ?

Cet OM est loin d’être parfait mais il obtient des résultats surprenants, au grand dam de ceux qui préfèreraient le voir échouer pour voir leurs prévisions alarmistes se vérifier. Le populisme de certains journalistes et le prosélytisme de quelques fans ne sont pas fait pour élever le débat. Et le traitement médiatique serait certainement différent avec un autre club. A l’heure de faire le bilan de cette saison et des derniers mercato, certains comprendront peut-être qu’il ne sert à rien de donner trop d’importance aux grands orateurs qui basent leur marketing sur la critique systématique. En attendant, une fois n’est pas coutume, le groupe phocéen (joueurs, staff et dirigeants) est uni. Il reste cinq finales à l’OM pour mettre tout le monde (ou presque) d’accord.