Club préféré des français depuis plus de 25 ans, l’Olympique de Marseille vit-il sur ce glorieux passé ? C’est en tout cas ce que semble indiquer l’affaissement sensible enregistré dans deux indicateurs qui peuvent rendre compte de la notoriété d’un club de football : le nombre de spectateurs au stade et les audiences TV.
Le boomerang du « seul le résultat compte »
Durant toute la saison dernière et alors que la qualité de jeu n’était pas au rendez-vous, Didier Deschamps, son adjoint Guy Stephan et quelques joueurs (dont Edouard Cissé) n’ont cessé d’affirmer que le plus important était d’engranger les victoires, délaissant ce qui reste malgré tout le plus important pour les supporters qui mettent la main à la poche pour se payer une place : le spectacle. Aujourd’hui, l’OM subit un véritable retour de boomerang avec un effritement des ventes de places au Stade Vélodrome. « Nous avons rendu près de 900 packs Europe, soit plus du tiers qui nous a été mis à disposition« , note Christian Cataldo, président des Dodger’s. Même en configuration réduite, le stade peine à se remplir à chaque journée de championnat quand ce n’est pas une grande affiche. Pour endiguer ce mouvement, le club olympien brade ses places mais cela n’a que peu d’effet.
Certes cette baisse de fréquentation peut aussi en partie s’expliquer par les travaux effectués dans le stade et la crise économique qui secoue la France. Malgré tout, une partie des supporters marseillais s’interrogent sur l’intérêt de venir dans l’enceinte phocéenne pour voir un match de « comptable« . Autant passer les 90 minutes et regarder le résultat de la rencontre sur L’Equipe et économiser quelques dizaines d’euros. Notez que le constat est le même en ce qui concerne les audiences TV qui sont en constante baisse par rapport aux années passées.
La normalisation de l’OM
Moins rebelle et bien moins canaille que par le passé, l’Olympique de Marseille a normalisé son image sous l’impulsion de Pape Diouf puis aujourd’hui sous celle du roi du brushing, Vincent Labrune. Les grandes gueules se sont tues. Plus d’Eric Gerets pour balancer des vannes sur les adversaires, plus de Raymond Goethals pour envoyer sur les roses tel ou tel consultant, plus de Bernard Tapie pour faire fermer le clapet des dirigeants de la LFP. Désormais c’est Didier Deschamps et son parler creux, José Anigo et sa Provence tiède, Vincent Labrune et ses polos Ralph Lauren. Certes l’OM est devenu un club plus sérieux, plus fréquentable, mieux structuré, plus stable mais le revers de la médaille est que le club phocéen a perdu sa singularité et un peu de son pouvoir d’attraction.
Une concurrence accrue en Ligue 1
Dans les années 80 et 90, le championnat de France était bipolaire, tantôt avec l’OM et Bordeaux, tantôt avec l’OM et le PSG. Une véritable situation d’oligopole qui a permis notamment à Marseille d’asseoir rapidement sa domination sur le football français à coup de titres (dont le mythique sacre européen face au grand Milan AC de Rijkaard, Gullit et Van Basten), de matchs d’anthologie et d’actions d’éclat. Aujourd’hui, plusieurs clubs comme l’OL, l’OM, le PSG, le LOSC, Bordeaux peuvent prétendre à rogner des parts de marché du club phocéen. Une situation inéluctable même si la L1 est un championnat où l’élite se gagne plus rapidement qu’ailleurs comme en témoigne le retour fulgurant au premier plan du Paris Saint-Germain.
Face à ces adversaires sportifs, médiatiques et économiques, l’OM se bat désormais sans les armes qui furent les siennes par le passé. Aujourd’hui l’OM est dirigé de Paris, à distance, comme une entreprise. Si le football moderne l’y oblige peut-être, on peut se demander quand même si l’Olympique de Marseille n’y a pas perdu un peu de son âme.