L’OM ou le dégraissage perpétuel

Depuis plusieurs saisons, la direction de l’OM indique que le club doit faire des sacrifices et diminuer sa masse salariale pour en assurer sa pérennité. Mais en perdurant sur plusieurs mercatos, cette politique pose des questions pour une équipe censée être la plus populaire de France.

Depuis le départ de Pape Diouf en juin 2009, la même équipe, peu ou prou, est aux commandes de l’Olympique de Marseille. Beaucoup de titres ont été glanés, beaucoup d’argent a été dépensé et pourtant le club phocéen est aujourd’hui au point mort, tant au niveau financier qu’au niveau des ambitions sportives. En éternelle reconstruction, l’OM parait aller bien mal même si on ne cesse de nous dire que tout ce qui est fait l’est pour assurer sa pérennité. Quoi de mieux, donc, que de faire un retour sur trois années de déclarations de l’un des principaux acteurs du théâtre olympien pour rendre compte de l’actualité du club.

Labrune nous promettait de jouer le titre chaque année

Avec son étiquette de Parisien et ses chemises à la BHL, Vincent Labrune n’avait pas vraiment le dress code du président de l’OM. Ni le bagou d’un Diouf ou d’un Tapie. Dès son entrée en fonction en juin 2011, l’ancien boss du Conseil de surveillance brosse donc les supporters dans le sens du poil. « A Marseille, l’équipe doit jouer le titre tous les ans. » Lors de sa première saison en tant que président, l’OM finit 10ème du championnat (alors que l’objectif était d’être champion) et cette année, Marseille est assuré de ne plus jouer le titre. Le président explique alors que le club de Margarita Louis-Dreyfus n’a pas les moyens des Qataris et devra donc les regarder enchaîner les sacres en attendant un miracle comme cela a été le cas du Montpellier Hérault de Louis Nicollin la saison passée. On nous aurait menti ? Le président qui nous expliquait en juin 2011 que l’OM pouvait se payer Drogba nous déclare aujourd’hui qu’on ne peut recruter que Sougou et Kadir. Est-ce qu’il y a eu un cataclysme en 18 mois ? Non. En août 2012, Labrune déclare que l’OM jouera pour une place parmi les 5 premiers. Fini les rêves de champion.

Champion mais récession

Bien que champion en 2010, l’OM ne s’est pas renforcé durant l’été qui a suivi. Bien au contraire, il a notamment perdu Mamadou Niang, libéré pour services rendus et contre 10 millions. Après que le club ait recruté plus que de raison pour faire oublier l’ère Pape Diouf, Vincent Labrune, alors président du conseil de surveillance, explique en mai 2010 qu’il faut baisser la masse salariale de 10% pour une « pérennisation du club au haut niveau« . Un sentiment de déjà entendu ? Dopés aux primes de match, les joueurs avaient rempli leur part de contrat mais aussi fait exploser le budget du club marseillais. Un an plus tard, Jean-Claude Dassier est viré de l’OM en raison de ces excès. Vincent Labrune sort de l’ombre et prend les rênes du club avec un style qui lui est propre : discrétion et habileté. Depuis jamais remis en cause ouvertement par le Vélodrome et ses groupes de supporters, il annonce pour la troisième année consécutive une baisse de la masse salariale en août 2012.

Dégraissage perpétuel

En laissant partir gratuitement l’été 2011 Vitorino Hilton, Fabrice Abriel et Edouard Cissé, l’OM avait poursuivi sa cure minceur. « L’opération dégraissage est réussie« , expliquait Vincent Labrune en août 2011. « Alléger la masse salariale est déjà une très bonne chose pour le club« , ajoutait alors le boss du club olympien. Dix mois plus tard c’est Hilton qui était champion et l’OM relégué au milieu du classement, ce qui n’était plus arrivé à Marseille depuis des lustres. Malgré ces départs, l’Olympique de Marseille n’avait « pas plus d’argent » fin décembre 2011 pour aborder le mercato hivernal. Une fois Lucho dégagé pour des clopinettes, Labrune n’en avait pas oublié pas les fondamentaux. « La Ligue des Champions est dans l’ADN de l’OM. Si Marseille n’est pas en Ligue des Champions cette année, ça arrivera une année. Pas deux. » Que faudra-t-il en penser si les Phocéens ne terminent pas la saison 2012-2013 dans les trois premiers, ce qui parait probable au regard du jeu minable proposé depuis 5 mois ?

Labrune : « Moi je dis non ! »

En mars 2012, le président nous explique que l’OM ne sera pas obligé de vendre en fin de saison y compris sans la lucrative Champions League. « Dans tous les autres clubs de France, sans la Ligue des champions, on te dit : il faut vendre tout le monde. Et moi je dis non. » Brandao, Mbia, Azpilicueta sont ensuite cédés en juin et Rémy, six mois plus tard. Leurs remplaçants sont des seconds couteaux ou des inconnus de qualité largement inférieure. Alors pari tenu ? Labrune nous apprend pourtant en avril 2012 qu’il a un « plan d’attaque avant tout financier » qui, selon lui, devait permettre au club d’être « très compétitif la saison prochaine ». Nous vivons actuellement justement cette « saison prochaine » mais hélas rien de nouveau et de positif à l’horizon. En juin 2012, le bras droit de MLD change de discours et prévoie un budget à nouveau largement en baisse pour « faire face à une baisse récurrente de ses recettes et à une hausse des charges« . Encore quelques années et l’OM aura le même budget que Martigues.

En août 2011, Labrune indiquait aussi que l’OM était « une pétaudière« , « à la limite de l’implosion, dans un flou artistique total » et que tout était rentré dans l’ordre. Aujourd’hui avec un stade déserté, un staff contesté, des choix sportifs contestables et plus aucun moyen de recruter des joueurs de talent, l’OM s’est assagi pour certains, éteint pour d’autres. Oui, maintenant on ne siffle plus les joueurs quand ils perdent ou quand ils jouent mal. On s’en fout. L’OM est devenu un club comme les autres comme le souhaitaient nos dirigeants. La contre-partie c’est que la passion a aussi quitté les supporters. Logique.