Éclaboussé par les exploits en jardinage de Christophe Robert en 1993, les Courbissades de Rolland de 1997 à 1999, l’Olympique de Marseille est de nouveau l’objet de soupçons de la part de la justice qui s’intéresse de près à certains transferts effectués ces derniers mois. On parle notamment de celui de Lucho Gonzalez, de Samir Nasri, d’André-Pierre Gignac, Souleymane Diawara et de quelques autres. On avait eu droit aux rétrocommissions dans l’affaire Karachi. On a droit désormais à celles de l’Olympique de Marseille, ce qui n’est pas sans rappeler que le système déjà démantelé il y a 15 ans et pour lequel des condamnations avaient été prononcées dont certaines pour de la prison ferme. Sauf que cette fois-ci, le club semble être la victime de ce système à la marseillaise.
L’OM en mode mute
Interrogé à ce sujet alors que les révélations d’RMC (en violation du secret de l’instruction) sur les écoutes opérées autour de José Anigo font grand bruit, Elie Baup a esquivé les questions comme cela avait été déjà le cas lors de la perquisition effectuée par la police à La Commanderie il y a quelques semaines. Présent aussi en conférence de presse, Nicolas Nkoulou n’a pas pu indiquer son sentiment puisque le responsable de la communication de l’OM lui a coupé le sifflet. « On ne va pas répondre à ces questions, on est là pour parler du clasico. C’est la décision du club. » Motus et bouche cousue.
Via un communiqué de l’OM, Vincent Labrune avait pourtant indiqué vouloir se constituer en partie civile (ce qui a été fait depuis) s’il advenait que des rétrocommissions aient été indument versées lors de transfert « à l’insu et au préjudice du club« . Depuis, le président ne s’est pas exprimé et n’a pas suspendu de ses fonctions José Anigo qui est pourtant mis en cause. Le club lui a même renouvelé sa confiance. « Face à cette campagne de diffamation orchestrée deux jours avant un match capital, le club tient à renouveler, à l’ensemble de ses salariés et notamment à son directeur sportif, toute sa confiance« . Appréciant certainement peu ces nouvelles révélations, Margarita Louis-Dreyfus ne s’est pas non plus manifestée publiquement. Cette politique de l’autruche est assez déconcertante et plutôt incompréhensible mais ce n’est pas la première fois que le management du club olympien nous étonne.
Marseille capitale de la magouille
Après l’affaire de la BAC nord et celle de monsieur frère, Marseille est donc éclaboussée par des présomptions de nouvelles malversations qui ressemblent à bien des égards à celles qui avaient mis Rolland Courbis aux Baumettes. Capitale de la culture pour la seule année 2013, la cité phocéenne s’est aussi taillée au fil des décennies une solide réputation de capitale de la magouille et il faut avouer qu’elle ne nous déçoit pas avec ces fuites révélées par RMC.
En effet en vertu d’une information judiciaire pour « extorsion en bandes organisées et associations de malfaiteurs« , la police enquête sur les liens entre certains transferts à l’Olympique de Marseille et le grand banditisme corso-marseillais. Sans plus de capo di tutti capi depuis Zampa, la cité phocéenne a cependant un réseau de caïds très vivace. Et si par le passé l’argent se gagnait par la drogue ou le crime, certains préfèrent aujourd’hui miser sur des magouilles en col blanc. Ainsi autour de certains agents sulfureux, certains membres de la pègre corso-marseillaise auraient mis du beurre dans leurs épinards en touchant des pourcentages substantiels sur plusieurs transferts. Sur d’autres transferts avortés, des pressions auraient été exercées sur des joueurs et des agents de joueur pour que les deals transitent par des agents moins regardants. Au milieu de tout cela, José Anigo empêtré par des pressions de toutes parts (au point de vouloir tout quitter à un certain moment jusqu’à ce qu’il se ravise), des amis au passé douteux et des arrangements pas très orthodoxes.
La goutte de trop pour MLD ?
Après avoir déjà peu goutté de la condamnation de son époux il y a quelques années pour des affaires similaires, la propriétaire de l’Olympique de Marseille, Margarita-Louis Dreyfus, a certainement peu apprécié de voir à nouveau le club phocéen dans le collimateur de la justice et ce d’autant que, selon les écoutes effectuées sur José Anigo, la veuve de RLD serait disposé à céder l’Olympique de Marseille pour 90 millions d’euros soit le montant de ce qu’aurait réellement couté l’OM à la famille LD (on nous avait toujours dit 200 millions d’euros). Reste que ce nouveau déballage pourrait conduire MLD à prendre un recul supplémentaire vis à vis du club et pourquoi pas à revoir ses prétentions. Bernard Tapie estime que l’idéal serait un investisseur du Moyen-Orient. « Ce serait l’idéal. En tant que patron de presse, j’ai ma petite idée pour les aider. » L’ancien boss de l’OM s’estime en capacité en tout cas pour faciliter la reprise du club par d’autres capitaux. Une aubaine pour la famille Louis-Dreyfus ? Peut-être bien même si le plan initial est d’attendre que le stade Vélodrome soit achevé.
A l’instar des révélations de l’affaire Karabatic juste avant une demi-finale de Coupe du Monde de Hand-ball, il est assez étrange que ces informations sortent tout de même à quelques jours du Clasico face au Paris Saint-Germain. Les apparatchiks des médias parisiens (Ménès, Riolo, Moscato et les autres) diront bien sûr que la Provence est un vivier inépuisable de paranoïaques. C’est possible et surtout cela permet à la France d’en haut de ne pas se poser les bonnes questions. Toujours est-il qu’il y a de meilleures façons de préparer un Clasico au Parc des Princes d’autant que, comme à l’accoutumée, nous aurons certainement droit aux calembours bien foireux des journalistes de C+ comme cela avait le cas dernièrement face à Valenciennes.