Depuis plusieurs semaines, nous n’avions de cesse de reprocher aux Olympiens d’être trop gentils sur le terrain. Le manque de cohésion et d’implication de certains d’entre eux étant de plus en plus flagrant, de sérieux doutes commençaient à germer. Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que la réception de Bordeaux sente la poudre. Tout autre résultat qu’une victoire et aurait embrasé les travées du Vélodrome mais certainement aussi la coulisse, les dirigeants sportifs étant attendus au tournant par l’actionnaire et ses sbires. Mais une fois n’est pas coutume, l’OM a su déjouer les pièges qui se présentait face à lui. L’équipe de Gerets est venu à bout du redoutable adversaire bordelais, au cours d’un match intense et sérieux.
Le choc des Titans
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la rencontre a été musclée et que monsieur Bré n’a pas vraiment maîtrisé son sujet. Il a d’abord laissé les 22 acteurs se rentraient dedans en toute impunité pendant une bonne demie-heure avant de sortir 3 cartons jaunes consécutifs. Au final, l’homme en noir a brandi 8 cartons jaunes et un rouge. Marseillais et Bordelais s’en sont donnés à coeur-joie puisque pas moins de 40 fautes ont été commises durant la rencontre. Monsieur Bré, en voulant laisser certainement « jouer » ce match de techniciens (on pense à Gourcuff, Valbuena, Jussié et Cie) aura finalement passé son temps à siffler, rendant le match haché et mettant en lumière les poètes adeptes du coup de tête, balayette, manchette… Et après, on viendra pleurer que l’arbitrage français est pointé du doigt par les instances internationales. Ceci étant, ce laxisme arbitrale orchestré par Stéphane Bré aura été profitable aux hommes de Gerets. Les Bordelais, intrinsèquement meilleurs et réguliers depuis quelques temps ont été bousculés par le combat physique imposé par des Marseillais engagés, volontaires et impliqués qui auront réussi à contenir et parfois à faire déjouer leurs adversaires.
Un gardien déterminé
Souvent épargné par la critique, Stève Mandanda n’en connait pas moins parfois quelques passages à vide. S’il reste en toutes circonstances un rempart de premier ordre, il ne parvient pas toujours à rassurer sa défense par des sorties aériennes autoritaires ou des prises de balle rassurantes. Or, dimanche soir, devant le staff de l’Equipe de France au grand complet, El fenomeno a montré qu’il était l’un des meilleurs gardiens de l’Hexagone. Motivé et concentré, il a été très rapidement mis à contribution ; il a su préserver ses cages inviolées sur les tirs bordelais et a remporté son duel avec Cavenaghi, qui se présentait seul face à lui en première mi-temps, tout en s’imposer dans les airs quand il le fallait. Il a également pu jouir de la réussite qui caractérise les grands gardiens, lorsque la frappe puissante de Wendel est venue s’écraser sur la base de son poteau avant de lui rebondir sur le crâne pour filer en corner à quelques centimètres seulement dudit montant. Avec un Stève Mandanda de ce niveau, l’OM peut vaincre.
Le vent tourne ?
D’autant plus qu’il a pu compter sur ses coéquipiers comme lors de son jaillissement au devant de Jussié où même s’il ne l’arrête pas, il réussit à suffisamment le freiner pour permettre à Taiwo d’intervenir. Cet épisode est sans doute l’un des faits marquants du match. En d’autres circonstances, Mandanda aurait accroché le Bordelais ou Taiwo n’aurait pas pu faire mieux que de concéder un pénalty, mettant l’Olympique de Marseille dans une situation délicate, comme souvent ces derniers temps. Mais là, non. Les Marseillais ont eu le vent en poupe tout au long du match. Une réussite quasi insolente au regard de l’ouverture du score bienheureuse peu avant l’heure de jeu. C’est Marouane Chamakh, l’altruiste ou inefficace (c’est selon) attaquant bordelais qui a offert ce but aux Marseillais d’un splendide coup de tête catapulté dans ses filets. Du reste, en fin connaisseur, le public du Vélodrome ne s’y est pas trompé puisqu’il a scandé le nom de l’international marocain à la fin du match. Ces petits « détails » ont sans doute fait la différence. D’habitude, les rôles sont inversés et ce sont les Marseillais qui pâtissent de ces concours de circonstances. On dit souvent que les contres sont souvent favorables au joueur qui s’engage le plus, il faut croire que la réussite accompagne aussi l’équipe qui montre le plus d’envie.
Les recrues étonnent
L’envie, ce n’est pas ce qui a manqué aux deux recrues offensives de l’OM. Même s’il n’est encore un peu juste physiquement a tenu ses 90 minutes. Il a eu du déchet, manquant parfois de vivacité, mais face aux athlétiques Diawara et Henrique, il a su répondre présent. Il est vrai que quelques contrôles de balle nous ont rappelé un certain Gimenez, cependant Brandao est capable d’apporter beaucoup à ses coéquipiers. Avant de l’immoler comme certains « spécialistes » du ballon rond l’ont fait, les supporters semblent décidés à lui laisser le temps d’exprimer son talent. Le terme « patience » étant enfin entré dans le vocabulaire marseillais. La véritable satisfaction vient du nouveau numéro 22 de l’OM ; Nino. Le vieux briscard a été ultra remuant et concerné. Même s’il s’est montré maladroit dans le dernier geste en première mi-temps, il s’est montré disponible pour ses camarades de jeu. Il aurait dû fêter son premier but au Vélodrome si l’incompétence de l’assistant de monsieur Bré n’avait pas été aussi visible et risible. En attendant le retour de Mamadou Niang, le duo d’attaque marseillais a su se montrer actif, il ne lui manque plus qu’un peu de réussite.
La réussite, peut être était-ce cela qui manquait aux Olympiens ? En tout cas, à nouveau au pied du mur, l’équipe a fait le métier avec acharnement et engagement. Cette victoire méritée est la première de la saison face à un « gros » du championnat. Mais toutes ces confrontations, exceptée la fessée face au PSG avait eu lieu à l’extérieur et s’étaient soldées par un match nul. Alors que l’OM va entamer la période de la saison qui lui réussit le mieux, cette victoire fait du bien à tous points de vue. Reste à confirmer à Monaco et surtout enchainer.