Bonjour, tout d’abord, peux-tu te présenter, ainsi que ton site ?
Je suis Razik Brikh, trente-deux ans, journaliste et spécialiste de l’OL au mensuel Lyon Capitale qui édite le site Internet olympique-et-lyonnais.com. Ce média existait sous la forme d’un blog de supporters depuis 2005-2006. Il y a deux ans, nous l’avons racheté car nous sommes persuadés qu’il y a de la place en France pour ce type de supports. O&L est un média à part entière consacré à l’actualité de l’OL. Notre baseline pourrait être 100% OL, 100% indépendant.
Après des débuts difficiles, l’OL monte en puissance. Quel a été le déclic ? Quelle place est capable de briguer l’équipe lyonnaise, selon toi ?
Tout d’abord, il y a eu un changement d’entraîneur (Garde remplacé par Fournier), une réorganisation au niveau du staff médical avec l’arrivée d’Alexandre Marles (ex-PSG) chargé du pôle performance. On se souvient tous des critiques émises par les joueurs (Maxime Gonalons) à ce sujet car il a fallu s’adapter à de nouvelles méthodes de travail. Le club a également perdu, à l’intersaison, deux attaquants d’expériences Bafé Gomis et Jimmy Briand. Bref, l’OL a eu du mal au démarrage. Comme à l’accoutumée, Jean-Michel Aulas a réglé ces soucis à la Lyonnaise : c’est-à-dire en motivant ses troupes et en soutenant publiquement Hubert Fournier. L’environnement extérieur, j’entends par là que les groupes de supporters, ont donc accepté de laisser passer l’orage. Sinon, je suis d’accord avec Christophe Jallet, je pense que le match contre Monaco est le « déclic » de la saison lyonnaise. Les joueurs ont fait les efforts les uns pour les autres, ils ont pris du plaisir et cela s’est vu sur le terrain. Depuis, l’OL a lancé sa saison.
Selon toi, qu’est-ce qui différencie les méthodes d’Hubert Fournier et de Rémi Garde ? As-tu une petite préférence pour l’un ou pour l’autre ?
Rémi Garde n’était pas forcément fait pour entraîner. Il a longtemps hésité avant de prendre ses fonctions. Je pense qu’il a été usé par le métier d’entraîneur. Il n’a guère supporté tout l’environnement, la pression… Bref, il était éreinté. Cela dit, il a bien travaillé en s’adaptant aux contraintes économiques du club. Hubert Fournier contrairement à Rémi Garde est à l’aise avec son rôle d’entraîneur. Ce métier lui plaît. Il connaît parfaitement le club et ses composantes. Fournier communique beaucoup avec ses joueurs. Il est très pédagogue. Cela plaît au vestiaire composé de nombreux jeunes. J’appréciais Rémi Garde mais professionnellement je préfère travailler avec Hubert Fournier qui a une bonne approche avec les médias. Il a compris que nous étions des intermédiaires et pas là pour l’embêter.
Quels sont les points forts et les points faibles de l’OL version 2014-2015 ?
La force de l’OL ? Sa jeunesse ! Cette envie de proposer du jeu, cette fougue, ces individualités mises au service du collectif lyonnais… 90 % des buts de l’OL débouchent d’une passe décisive. C’est un chiffre parlant. Le public de Gerland se régale ces derniers temps. Maintenant, Lyon manque de maîtrise collective. On l’a bien vu contre Montpellier, à 3-1, l’équipe peut se faire rejoindre et le match peut se finir sur un 3-3.
Penses-tu que l’élimination des Coupes d’Europe soit un mal pour un bien en vue de vos ambitions en championnat ?
Forcément, au regard des derniers résultats, difficile de dire le contraire. Mais, objectivement, ce n’est jamais bon de ne pas disputer une Coupe d’Europe. Un club comme Lyon se doit de figurer au sein du gratin européen.
Vous semblez pouvoir compter sur une nouvelle génération de jeunes joueurs très talentueux. Lesquels d’entre eux te semblent en mesure de faire une belle carrière ?
Nabil Fékir est la révélation de ce début de saison. C’est un joueur qui a un parcours atypique (lire son portrait). Il a su faire les efforts pour percer au plus haut niveau. Ce qui est intéressant, c’est que l’OL forme de sacrés joueurs. Vous allez entendre parler dans les prochaines années d’un milieu de terrain (numéro 10) pétri de talent qui s’appelle Farès Bahlouli.
Penses-tu que l’arrivée du stade des Lumières va véritablement booster l’OL, comme le prédit Jean-Michel Aulas ?
Pour rivaliser, les clubs français ont besoin de liquidités financières. Le Grand stade de Décines va permettre à Lyon de générer de nouvelles ressources. À condition toutefois, d’avoir une équipe compétitive qui dispute la Ligue des champions.
Gardes-tu un souvenir particulier parmi toutes les oppositions entre l’OL et l’OM ?
Le 5-5 de 2009. Je me souviens en tribune de presse, on était tous là à se regarder et à se dire qu’il fallait recommencer nos papiers (rires). J’ai aussi un souvenir des interviews d’après-matchs. Il y avait de l’effervescence au niveau des médias. Alors que de son côté, Didier Deschamps était plus mesuré car son équipe avait encaissé cinq buts… Quant à Claude Puel, fidèle à lui-même, il ne sautait pas au plafond. Alors que ce soir-là, on s’était tous régalés !
L’arrivée de Marcelo Bielsa à l’OM n’est pas passée inaperçue, que penses-tu de sa fameuse méthode ?
La méthode Bielsa ? Ca passe ou ça casse. C’était un pari risqué. Il faut que les joueurs adhèrent au projet proposé par une telle personnalité. Après, regardez, cela marche dans un club comme Marseille. Mais à Lyon, Bielsa, je pense que s’il se permet de critiquer publiquement Aulas ou le club, le lendemain, il est convoqué au siège (rires). Et cela se termine mal.
Tant en matière de résultats que physiquement, penses-tu que les Phocéens sauront évoluer longtemps au même rythme ?
C’est une bonne question. Je n’en sais rien. Enfin, pour être honnête, on le sait bien, il y aura forcément une période de moins bien. Il faudra voir comment elle sera gérée.
Quelles sont les forces et faiblesses de l’équipe phocéenne, d’après-toi ?
Comme Lyon, Marseille a un jeu bien huilé, des joueurs plus expérimentés que Lyon. Les faiblesses ? L’OM ! Non, mais sont-ils capables d’enchaîner ? Va-t-il se passer quelque chose en interne qui va déclencher une nouvelle crise ? …
Peux-tu faire un petit pronostic pour cette rencontre ?
Je mise sur un succès de l’OL 2-1.