Magnusson et la furia oubliée de l’OM

Mythique joueur de l’Olympique de Marseille et probablement l’un des plus grands dribbleurs phocéens de l’histoire, Roger Magnusson était interrogé aujourd’hui dans les colonnes de France Football à quelques heures du coup d’envoi entre la France et la Suède pour le compte de l’Euro 2012. A cette occasion, il a rappelé ce qu’était Marseille à […]

Mythique joueur de l’Olympique de Marseille et probablement l’un des plus grands dribbleurs phocéens de l’histoire, Roger Magnusson était interrogé aujourd’hui dans les colonnes de France Football à quelques heures du coup d’envoi entre la France et la Suède pour le compte de l’Euro 2012. A cette occasion, il a rappelé ce qu’était Marseille à son époque, ce qui nous renvoie à ce que le club phocéen est devenu ces derniers mois.

« Marseille ressemble plus à l’Espagne ou à l’Italie qu’à la France »

S’il a porté les couleurs du club il y a bien longtemps (de 1968 à 1974), le virevoltant ailier droit de l’Olympique de Marseille a tout de même conservé des souvenirs précis de ce qu’est l’OM et de ce qu’il faut y faire pour réussir. « A Marseille, c’est très important de faire des bons débuts. Il y a plus de pression qu’ailleurs. D’ailleurs, Marseille, ça ressemble plus à l’Espagne ou à l’Italie qu’à la France. Les gens exagèrent tout le temps. De moi, ils ont dit un jour que j’avais dribblé dix mecs d’un coup. » Magnusson était pourtant connu pour dribbler beaucoup et parfois même plusieurs fois le même joueur pour délivrer des caviars au serial buteur de l’époque, Josip Skoblar. C’est ce brio-là qui a fait la gloire de Marseille dans les années 70.

L’OM ou la furia oubliée

Le regard malicieux, Roger Magnusson se souvient de la folie du public du Vélodrome qui, faut-il le rappeler, a toujours été très chaud et cela sans les groupes de supporters et toute la kermesse qui va avec. « On dit que jouer un an à Marseille équivaut à deux années ailleurs. Moi, j’y ai joué six ans, et j’en suis ravi, même s’il faut reconnaître que c’est spécial. Je ne compte plus le nombre d’heures où je suis resté enfermé dans le vestiaire du Vélodrome parce que les supporters nous attendaient à l’extérieur en hurlant et en lançant des objets partout. » Et c’est hélas peut-être cette passion (parfois démesurée) et cette folie qui manquent cruellement à Marseille qui se vide, année après année, de son particularisme pour devenir un club parmi d’autres. Et l’eau tiède (en terme de choix sportifs, de communication) que l’on nous sert depuis plusieurs années n’arrange pas les choses. L’OM est rationalisé pour une exaltation qui n’a jamais rien eu de rationnel.

Et si l’OM redevenait un club d’attaque ?

Depuis deux saisons, le club olympien s’est contenté d’être un gagne-petit qui protège 20 minutes avant la fin du match son petit but d’avance, qui ne produit plus de jeu et se contente de répéter que « seul le résultat compte« . La conséquence de cette politique a été immédiate : baisse des audiences télé, de la billetterie (même les places gratuites ont du mal à trouver preneur), des ventes de merchandising et de notoriété. Ce désamour résulte notamment de la perte d’identité et de l’absence du panache qui a fait l’histoire de ce club. Roger Magnusson a été de ceux, avec d’autres, qui ont construit cette image glorieuse et mythique. Il serait dommage de les désavouer sur l’autel de la médiocrité. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » disait Corneille dans Le Cid. Nos dirigeants et entraineurs devraient y réfléchir à deux fois avant de nous servir une troisième saison aussi décevante.