On a pu remarquer en tout début de saison, le caractère quasi obsessionnel qu’avait pris chez le très équilibré Perrin, la possible venue à Marseille du maestro Celestini. On avait pu s’interroger alors sur les raisons de cet étrange fantasme, la réputation de l’italo-suisse n’étant que partiellement arrivée jusqu’aux abords du Vieux-Port. Pour le soustraire aux charmes de Troyes dans l’Aube, le bon Alain avait même frôlé l’incident diplomatique avec son ancien club, ce qui pour un gentleman de son rang, ne manquait pas d’étonner le quidam moyen.
Force est de constater que dès son arrivée, le relayeur helvète a fait taire tous les sceptiques en devenant match après match le Monsieur Propre de l’équipe olympienne, récupérant ballon sur ballon et les distillant avec soin dans les pieds de ses attaquants. Oui mais voilà, contre les Dogues de Puel, le métronome manquait singulièrement de rythme. C’était la première fois de l’année et son interprétation du registre classique fut rapidement dissonante. La plupart de ses partenaires se sont mis subitement a joué faux. La défense a accumulé les couacs, les solistes pointaient aux abonnés absents et la prestation d’ensemble s’est achevée sur une fausse note. 3-0, cacophonie complète plus que symphonie inachevée…
Depuis, sans l’ami Fabio appelé en sélection, l’orchestre marseillais est allé se ressourcer dans la charmante station balnéaire de Capbreton et a retrouvé à Bayonne, une certaine harmonie face aux basques de la Real Sociedad. 4-1, triplé de Baka et en avant la zizique! Dimanche, Celestini sera du concert phocéen donné au Vélodrome. Il devrait retrouver Fernandao, un joueur avec lequel il affectionne les duos. En l’absence de Leboeuf blessé et de Dos Santos suspendu, il pourrait même être promu chef de choeur contre les alsaciens.
Du côté de Strasbourg, c’est toujours Corentin, l’ex-enfant prodige qui donne le tempo. Après avoir récité ses gammes avec plus ou moins de bonheur dans des formations plus huppées, il apporte au Racing sa précision et sa vista. Bon an mal an, après une intro de championnat chaotique, le club d’IMG France dirigé par l’ancien beauf de Noah, vient d’aligner consécutivement trois victoires précieuses qui n’avaient rien à voir avec celles de la musique. On respire donc un peu sur les berges du Rhin à la huitième place du classement et à seulement un point de notre Olympe chéri. Petit bémol, Bassila et Ismaël suspendus ainsi que le portier Fernandez et le stoppeur Njanka blessés ne seront pas du voyage dominical sur la Canebière.
En ce jour du Seigneur, on attend avec émotion un récital de nos virtuoses locaux. On souhaite réentendre une musicalité dans le jeu. On rêve d’une interprétation sublime des partitions concoctées par l’infatigable Perrin, compositeur à la Commanderie.