Marseille vs Bordeaux : le match des clubs

Pour réussir une analyse comparative, il ne suffit pas de piocher des concepts par ci par là, il faut « historiciser » la comparaison, contextualiser les deux clubs, chiffrer les différences. A la fin de ce match, on ne pourra pas dire lequel est meilleur (parce qu’on le sait déjà…) mais on pourra classer ces clubs dans […]

Pour réussir une analyse comparative, il ne suffit pas de piocher des concepts par ci par là, il faut « historiciser » la comparaison, contextualiser les deux clubs, chiffrer les différences. A la fin de ce match, on ne pourra pas dire lequel est meilleur (parce qu’on le sait déjà…) mais on pourra classer ces clubs dans différentes catégories.

L’histoire
Regardons du côté du passé de ces deux clubs, pour observer leur différence.
Les Girondins ont eu depuis 1937, 35 entraîneurs de l’équipe première et 27 présidences. L’Olympique de Marseille a eu depuis la création du club, 36 présidences et … 79 entraîneurs.

Les palmarès
FCBG : 6 Championnats de France, 3 Coupe de France, 3 Coupe de la Ligue, 0 Coupe européenne.
OM : 8 Championnats de France, 10 Coupe de France, 1 Ligue des Champions.
Ici il n’y a pas photo, l’OM domine largement les débats. Si Bordeaux est un bon club de l’hexagone, Marseille est le plus gros palmarès du football français, notamment grâce à la Ligue des Champions 1993, exploit jamais réalisé depuis par aucun club français. « A jamais les premiers » selon le dicton consacré.

Le contexte
Dans l’analyse du contexte, on va chiffrer le différentiel de passion entre ces deux villes. Bêtement, on a cherché sur internet « Girondins de Bordeaux » et « Olympique de Marseille ». Résultats ? 4 650 000 résultats pour l’OM et … 1 130 000 pour les girondins. Tiens bizarre, le vice champion, 4 fois plus présent ?
Et si on regardait du côté des joueurs ? On peut raisonnablement penser que Yoann Gourcuff, icône girondine et de l’équipe de France est le plus connu des 2 effectifs réunis… mais non ! Hatem Ben Arfa et Lucho Gonzalez sont plus cités sur internet !
Respectivement, 505 000, 546 000 et 530 000 résultats. Tiens bizarre, le meilleur joueur français 2009 et champion de France ne sont pas les plus connus ?
Ne parlons pas des pages wikipédia, 5 fois plus longues pour l’OM que pour les Girondins de Bordeaux.
Regardons du côté des abonnés de ces clubs : 15 000 à Bordeaux, 42 000 à Marseille. Près de trois fois. Le Vélodrome est-il 3 fois plus grand ? Non. Marseille est-elle 3 fois plus grande ? Non. Tiens bizarre ?
Prenons deux gros déplacements de ces clubs. A la Juventus de Turin et au Milan AC. 400 bordelais d’un côté, 5000 marseillais de l’autre. Rapport ? 1 Pour 10. Bizarre…
D’accord les chiffres ne ramènent pas les résultats. Mais ils peuvent permettre de comprendre la différence entre les clubs. Marseille et Bordeaux ne joue pas dans la même cour, le contexte, la pression marseillaise, n’a d’égal que l’anonymat et la quiétude bordelaise.

Le cercle vicieux marseillais
Depuis 2004 et le retour d’un OM toujours dans le haut du tableau, une sorte de fatalité sévit. A chaque grande occasion de progression (finales, match à enjeu en championnat) et ce quel que soit l’adversaire, l’OM ne gagne pas (Liverpool, Madrid, Valence, Paris, Sochaux…). Fatalité? Pas vraiment. Un ensemble de facteurs favorisent les contre-performances marseillaises. Pas de titre depuis 17 ans, attente de plus en plus forte, pression énorme (médias+supporters), résultats immédiats exigés, … Si on gagne pas, on brûle tout ce qu’on a aimé. Sifflets, plus de soutien, mauvais match, pas de titre et donc ce qui conduit à la dernière et première étape : attente énorme.. etc !
Ce schéma simpliste peut expliquer en partie pourquoi l’OM n’y arrive pas au moment M. A l’inverse, le cercle vertueux marseillais a souvent favorisé les résultats de l’équipe. Titres, émulation collective, soutien indéfectible, matchs gagnés même contre des plus gros, titres, soutien indéfectible etc… Un titre (Coupe de la Ligue, Coupe de France, Championnat, Europa League) et c’est l’assurance de revoir un Marseille qui domine l’hexagone.

Le parcours
« Bordeaux s’envole, Marseille ne peut pas suivre. » Si on lit la presse ces derniers jours, c’est fini, on éteint la télé et on se contente de la LDC. Mais à la moyenne anglaise, classement qui tient compte des victoires à l’extérieur et des contres performances à domicile, Marseille est à 6 points de Bordeaux, avec un match de retard. En cas de victoire à Sochaux, nous serions à 8 points au classement régulier mais à 4 points à la moyenne anglaise. Un exemple simple explique la différence de traitement médiatique du parcours de l’OM et de Bordeaux. A Sainté, Marseille a ramené un point, Bordeaux y a perdu. Mais on ne parle que d’une mauvaise opération de Marseille. Bizarre non ? Il y a donc de l’espoir.

Les perspectives
Si l’OM arrive à bien négocier son mercato en se renforçant devant, sans tout re-chambouler, et que Deschamps gère au mieux son effectif, on peut tabler sur une demi-saison encore meilleure que la première. Les Bordelais eux, doivent composer avec une Gourcuff-dépendance et la pression de la Ligue des Champions. Ces deux éléments pourraient jouer en faveur de l’OM pour enfin conquérir le titre.

Marseille et Bordeaux ou l’affrontement d’une rivière avec un volcan. Ces deux clubs ne jouent pas dans la même catégorie. Comme aime à le rappeler Laurent Blanc, Bordeaux est « outsider » et Marseille sera l’éternel favori…