L’été passé, le mercato a finalement été plutôt bien géré. Car compte tenu de l’état des finances et du dégraissement imposé par Vincent Labrune et Margarita Louis-Dreyfus, parvenir à accrocher une première place ex-aequo à la trêve n’est pas loin de relever de l’exploit. Malgré tout, l’humeur n’est pas à l’optimisme. Le marché des transferts hivernal, qui a débuté par la signature du bon joueur qu’est Foued Kadir, amène à se poser quelques questions tant certaines rumeurs d’arrivées et de départs. José Anigo, aujourd’hui en première ligne, a annoncé vouloir recruter en Ligue 1. Un choix très discutable ?
Anigo loin de faire l’unanimité
Les virages ont toujours beaucoup épargné José Anigo. Mais, hors Vélodrome, l’individu ne semble pas bénéficier des mêmes largesses, que ce soit à Marseille ou ailleurs. On peut même penser que son travail fractionne les supporters. Il est dès lors très difficile de rendre un avis objectif. Car il n’est pas possible malgré tout de lui mettre sur le dos tous les maux du club alors que certains de ses prédécesseurs paraissent avoir fait bien pire, même si tout le monde ne s’en rappelle pas. Et il ne disposera de toute façon pas des mêmes moyens que lors des étés 2009 et 2010 (menés par Didier Deschamps essentiellement) mais de plus de liberté puisqu’Elie Baup parait assister à ce mercato plutôt qu’en être un des acteurs. Alors oui, pour une partie d’entre eux, sa détermination à sauvegarder l’identité du club est appréciable. Cependant, il ne faudrait pas qu’elle s’accompagne d’un nivellement par le bas. Et, outre l’arrivée de Foued Kadir qui parait être une bonne affaire à 500 000 euros, les rumeurs menant à Modibo Maïga et Ryan Boudebouz sont autrement moins érectiles. Tous les présidents, managers, directeurs sportifs ou entraîneurs font confiance à quelques agents pour leur dégoter des joyaux. Et si le problème se situait là ?
Et si l’OM changeait de crèmerie ?
Quand il était à l’OM, Didier Deschamps demandait notamment conseil à Jean-Pierre Bernès, agent au passé très controversé à Marseille mais doué dans son métier. Plus libre que jamais depuis le départ de son meilleur ennemi, José Anigo semble apprécier des joueurs (Foued Kadir, Ryad Boudebouz et Modibo Maïga) qui font partie de la même écurie (Karim Aklil) et qui se retrouvent être les cibles principales du club phocéen cet hiver. Certes le talent d’un agent est d’avoir les « meilleurs joueurs » mais la coïncidence peut interloquer. Or si l’ancien Valenciennois a réalisé un bon début de saison et devrait amener une concurrence intéressante au poste de milieu offensif, l’intérêt de faire signer les deux autres parait moins évident. Boudebouz semble avoir un mental assez friable et on l’imagine mal apporter un plus dans l’effectif d’Elie Baup. Maïga est quant à lui doté d’un caractère difficile et, à 25 ans, il est en train de montrer ses limites à West Ham, club de milieu de tableau de Premier League. Et puis surtout, rares sont les anciens Sochaliens qui ont brillé à Marseille. On se souvient volontiers de Franck Sauzée, mais c’était il y a plus de 25 ans… Ne pourrait-on pas plutôt aller voir ce qui se fait au-delà de nos frontières ? En Amérique du Sud par exemple puisque notre directeur sportif est un fan du football argentin ?
Ligue 1 : un rapport qualité/prix très faible
Comme se plait à le signaler Daniel Riolo depuis plusieurs semaines, la Ligue 1 propose des salaires très peu en adéquation avec le talent des joueurs. Il suffit de jeter un oeil sur les rémunérations de Série A et de Liga pour se rendre compte de l’indécence de certains des contrats proposés par les clubs hexagonaux. Le parallèle est-il à faire avec les acteurs décriés par Maraval ? C’est bien possible d’autant qu’on ne peut pas dire que la mentalité des jeunes Français soit à la hauteur du talent qu’on leur prête, Knysna et l’Euro ont pu le démontrer. Alors que nombre de clubs espagnols et italiens éprouvent des difficultés financières et que les impositions et charges sur les revenus se sont plus ou moins harmonisées, n’est-ce pas justement le moment d’étudier leurs marchés et d’aller y faire de bonnes affaires ? A titre d’exemple, Lorik Cana toucherait un salaire de 1.7 millions d’euros bruts par an à la Lazio de Rome quand Charles Kaboré, dont les performances sont très discutées, gagnerait 1.8 millions d’euros bruts annuels à Marseille. Pas besoin d’épiloguer…
L’été dernier, les recrutements de Joey Barton et de Lucas Mendes ont surpris (en bien) et il faut sans nul doute les mettre au crédit de José Anigo et de Vincent Labrune. Mais étant donné les récents propos du directeur sportif sur sa volonté de recruter des joueurs de L1, il est peu probable que le club réitère hélas ces achats « exotiques ». On espère donc que José Anigo saura rapidement faire évoluer ses idées et ses réseaux car, même s’il est appréciable d’avoir des Provençaux dans l’effectif, il ne parait pas normal que l’OM fasse de la Ligue 1 sa priorité pour recruter et surpayer des joueurs au talent très limité étant donné le contexte international.