On ne remettra pas si rapidement en cause le travail d’un entraîneur qui a jusque-là beaucoup apporté partout où il est passé. Marcelo Bielsa, lequel supporte toute la pression du club en raison de l’absence d’un directeur sportif et… d’un véritable président, semble pour le moment subir le résultat d’un recrutement incohérent, auquel il a semble-t-il peu pris part. Il aurait d’ailleurs communiqué son mécontentement à ses dirigeants lors d’une réunion, suite à de nombreuses promesses non tenues. En niant certaines évidences, les décisionnaires olympiens semblent avoir réduit la compétitivité de l’équipe. Si un mercato ne se juge généralement qu’après plusieurs mois de compétition, certaines décisions illogiques laissent à craindre une saison très compliquée.
La chasse aux gros salaires
Il y a quatre ans de cela, le club présentait une masse salariale de 101 millions d’euros. Un montant élevé pour un club français, que seul l’Olympique Lyonnais parvenait à égaler. La réduction de cette dépense a été le premier cheval de bataille de Vincent Labrune. L’OM a ainsi perdu des sommes colossales, ces dernières saisons, en bradant ses joueurs pour économiser leur salaire. Cela avait commencé par Lucho Gonzalez, alors que Didier Deschamps était encore là. Acheté 24 millions d’euros au FC Porto, l’Argentin avait été revendu 2 millions d’euros au… FC Porto. Cela s’est poursuivi cet été avec Morgan Amalfitano, Benoît Cheyrou, Rod Fanni, Souleymane Diawara ou encore Mathieu Valbuena. Or, si certains parmi ces joueurs ne sont plus au niveau, on ne peut pas indéfiniment réduire la masse salariale sans affaiblir l’équipe. Vincent Labrune est parvenu à rééquilibrer les finances phocéennes mais il a aussi diminué le rendement sportif du club. Pour la première fois depuis dix ans, Marseille ne participe pas à une Coupe d’Europe et le travail de longue haleine de Pape Diouf, visant à progresser un peu chaque année, est depuis longtemps anéanti.
Une politique de jeunes inadaptée au contexte
En outre, depuis l’année passée, l’OM investit beaucoup sur certains joueurs prometteurs dans l’espoir de les revendre plus cher. Giannelli Imbula (7,5 millions d’euros), Dimitri Payet (10 millions d’euros) ou Florian Thauvin (13 millions d’euros) sont arrivés l’été passé, tandis que Romain Alessandrini (5 millions d’euros), Abdelaziz Barrada (4,5 millions d’euros) et Michy Batshuayi (6 millions d’euros) ont suivi cette saison. L’âge moyen de l’effectif a considérablement diminué. A travers cette politique, les dirigeants paraissent nier le fait que le contexte phocéen reste très difficile à appréhender pour les éléments inexpérimentés. Nombreux sont les jeunes talents qui se sont brûlés les ailes dans la maison phocéenne. Zinedine Zidane lui-même n’avait pas voulu prendre le risque de s’y frotter. Cette obsession des plus-values fait oublier à Vincent Labrune l’importance du mental et des joueurs de club dans le style des Lorik Cana ou Gabriel Heinze. Pour la énième fois, on ne peut que déplorer l’absence de leaders au caractère bien trempé dans cette équipe. Ceux-ci sont pourtant primordiaux afin de servir de relais à l’entraîneur et de soutenir les troupes dans les moments difficiles.
Le déni des besoins défensifs
C’est certainement l’erreur qui a le plus de répercussion sur les résultats actuels. C’est à se demander si on a analysé les besoins de l’équipe avant de recruter cet été. Aucun renfort défensif n’ayant signé, l’arrière garde phocéenne est, sans contestation possible, d’un niveau largement inférieur à celui des dernières saisons. Les dirigeants paraissent ne pas s’en soucier. A titre d’exemple, Abdelaziz Barrada est notamment arrivé la semaine passée alors que Lucas Mendes quittait le club. Il s’agit d’un milieu de terrain qui, comme Giannelli Imbula, dispose d’une faculté à percer les premiers rideaux défensifs. Cependant, à l’instar de l’ancien Guingampais, il n’est pas particulièrement performant dans le travail défensif. Il est dès lors difficile de saisir la logique qui a conduit à l’investissement de 4,5 millions d’euros pour faire venir un joueur évoluant au Qatar, ne répondant pas aux priorités du moment et dont l’avenir est certainement sur le bord de la pelouse. De surcroît, aussi prometteur que soit Michy Batshuayi, quel est l’intérêt de payer un attaquant 6 millions d’euros pour ensuite le laisser remplaçant ? Pour tenir ce rôle, Jordan Ayew présentait l’avantage d’être gratuit. Le pire, c’est qu’on se rappellera bientôt que Rod Fanni était supérieur à Brice Dja Djédjé et que Souleymane Diawara et Lucas Mendes étaient plus constants (et costauds) que Nicolas Nkoulou et Jérémy Morel.
On attend généralement l’intersaison pour changer ses défenseurs car la cohésion nécessite du temps et beaucoup de travail. Nous sommes déjà le 18 août et il sera très compliqué de corriger le tir.
On dit souvent qu’un championnat se joue lors de la préparation estivale. Le retard pris sur les concurrents, en termes de cohérence et d’équilibre d’équipe, sera très difficile à combler. Vincent Labrune ne se souvient apparemment pas des erreurs commises par Yves Marchand, Christophe Bouchet ou feu Robert Louis-Dreyfus, puisqu’il les réitère. Son fameux projet perd beaucoup de crédit compte tenu de sa gestion du mercato et de son insouciance de l’environnement provençal. Le président oublie également qu’un entraîneur a besoin de quelqu’un sur qui s’appuyer. L’Argentin n’aurait jamais dû avoir à répondre aux revendications des journalistes ou à s’expliquer sur le cas de Morgan Amalfitano. C’était au président de la faire ! Enfin, il est aberrant qu’aucun défenseur n’ait encore été recruté. L’OM marche sur la tête, s’obstine dans ses erreurs et risque de le payer très cher.