L’OM de Troussier sait voyager. Caen, Lyon, Lille : trois déplacements, et autant de résultats positifs, voire très positifs. Il est vrai que le nouvel homme fort olympien n’est pas du genre casanier, mais plutôt pigeon voyageur. Il est vrai aussi que l’équipe concoctée par les soins dudit pigeon aime laisser l’initiative à l’adversaire – pour mieux le contrer. Il est vrai enfin que le public du Vélodrome, de par sa passion virulente et sa terrible exigence, peut inhiber un joueur au mental déficient. Mais depuis la réception de Nice et la très convaincante victoire des Phocéens sur leurs rivaux méditerranéens, il est légitime de penser que cette équipe sait aussi recevoir, et qu’elle n’est pas seulement destinée à réussir des coups à l’extérieur. Et si l’OM était tout simplement devenu une bonne équipe ?
Or, une bonne équipe gagne chez elle, et prend du bonus à l’extérieur. Inutile donc de mettre une pression démesurée sur les épaules olympiennes : une victoire est bien sûr souhaitable face au treizième du classement, mais un résultat nul ne serait pas honteux pour autant. Le match aller a permis de découvrir une équipe jeune et talentueuse ; et si les Messins sont désormais loin du haut de tableau, n’oublions pas la faculté de l’OM à réveiller les talents… adverses ! En effet, des talents, en dépit de l’absence de l’excellent Franck Ribéry (que l’on dit aussi habile de ses poings que de ses pieds…), il y en aura : Renouard, Obraniak, Béria ou Tum forment une jeune garde messine assez prometteuse. Ajoutez-y la frustration consécutive à la récente défaite face à Lyon, et vous comprendrez que l’on ne gagne pas à Metz comme l’on met une lettre à la poste.
A moins que l’OM n’opte encore pour l’option Colissimo… Les Marseillais sont effectivement devenus en quelques matches les spécialistes incontestés de l’expédition rapide et sans frais au fond des filets. 3e et 14e contre Nice, 3e (encore) et 22e contre Lille, 3e (décidément…) contre Lyon : malheur aux retardataires ! L’OM frappe vite et fort, ce qui comporte un double-avantage : forcer l’équipe adverse à se livrer, ce qui permet à l’OM de jouer son jeu de contre ; et aussi de s’économiser, car on se fatigue toujours moins en préservant deux buts d’avance qu’en courant après un score défavorable pendant 60, 70 voire 90 minutes…
En définitive, et ce en dépit de l’absence d’Abdoulaye Meité, il est ce soir des raisons d’espérer : la conjoncture globale est bonne, les hommes, en forme, l’adversaire, à notre portée, et la réussite, visiblement revenue. Mais il est aussi des raisons de se méfier : un adversaire transcendé par l’enjeu et l’évènement pourrait avoir raison d’olympiens trop sûrs d’eux. Mais ayons confiance en leur sérieux, et – surtout – n’oublions pas qu’une victoire à l’extérieur est toujours une grande performance : ainsi, si cette performance venait à ne pas être répétée ce soir, inutile de remettre le feu à la maison olympienne… D’autres s’en chargeront bien assez tôt.