Elle avait commencé par la tristesse de l’annonce du décès du plus grand Olympien de l’histoire du club, Mario Zatelli. Pour les plus jeunes, on pourrait le comparer à la fois à Jean-Pierre Papin (il a marqué 102 buts sous le maillot blanc) et Eric Di Meco (il a joué 7 saisons avec l’OM entre 23 et 36 ans) pour sa carrière de joueur. Il est de plus un entraîneur unique vu qu’il a aussi bien connu la pire saison phocéenne (antépénultième de D2, humiliation au Vélodrome contre des amateurs en Coupe, plus petite affluence de l’histoire du Vélodrome) qu’une remontée, qu’une Coupe de France, qu’un titre de Champion puis un doublé Coupe/Championnat.
Cette triste évocation me fait replonger 11 mois plus tard avec la mort d’un autre entraîneur de légende, celui qui a fait gagner à l’OM son plus grand titre. Raymond Goethals restera à jamais le premier coach à avoir amené un club français à la plus prestigieuse compétition européenne, la Ligue des Champions.
Le mois de janvier 2004 voit aussi le retour d’un des grands artisans de cette victoire contre Milan, Fabien Barthez, qui, lors de son retour (presque 9 ans après son départ), stoppe deux tirs aux buts strasbourgeois et inscrit le sien pour donner la qualification à l’OM lors d’un 32ème de finale de la Coupe de France.
Le gardien international a pu vérifier que l’OM reste l’OM, club instable quoi qu’il arrive, puisque 3 entraîneurs (Perrin, Anigo et Troussier) et un 1 intérimaire (Emon) se sont assis sur le banc marseillais. Le président, Christophe Bouchet, pourtant efficace dans son rôle malgré quelques erreurs de communication, démissionne pour n’être pas remplacé et finalement resté dans l’organigramme phocéen. L’ex-boxeur qui ne connaît rien au foot, Michel Acariès, est alors chargé par l’incroyable RLD de faire un audit du club. Du côté des transferts, entre le mercato de janvier est celui de l’été presque 30 joueurs sont partis et pas loin de 20 sont arrivés.
Ce tableau ne serait pas complet sans y ajouter les actions troubles des groupes de supporters (insultes envers Marlet contre Ajaccio, à l’encontre du président et de sa femme, grève imposée contre Strasbourg et Nantes). Ils ont été plus enclins à déstabiliser le club et sa direction qu’à encourager les joueurs sur le terrain, outrepassant très largement leur rôle.
Pour continuer dans ce tableau peu joyeux, la pire humiliation de cette année est l’incroyable défaite contre le PSG au Vélodrome en Coupe de la Ligue en novembre. 3 jours après avoir perdu au Parc en Championnat (alors que les Blancs ont joué en supériorité numérique presque tout le match), les Olympiens mènent rapidement 2-0 mais ce sont les remplaçants parisiens qui l’emportent 3-2 avec le dernier but dans les arrêts de jeu sur une hallucinante erreur de Lizarazu.
Heureusement pour tous les supporters, 2004 n’a pas été uniquement faite de larmes, déceptions et défaites. Une des plus belles victoires de cette année a été obtenue en mai sur le terrain du double champion de France en titre qui allait gagner une troisième couronne quelques jours plus tard. Ce jour là, les Lyonnais avaient été incapables d’imposer leur puissance collective qui a fait fureur toute l’année et Camel Meriem avait donné les 3 points en fin de rencontre aux Phocéens.
Le premier buteur de ce match avait bien évidemment été Didier Drogba qui, même s’il n’est resté à Marseille que les 6 premiers mois, est selon moi le joueur olympien de l’année avec ses 17 buts marqués en 29 matches.
Parmi tous ces buts, plusieurs penalties mais l’un d’entre eux reste gravé car il est à la fois le plus gros gag de l’année mais aussi et surtout le départ de la seule belle période de cette année. Qui se souvient que l’OM, éliminé de la Ligue des Champions en décembre 2003, a été reversé en Coupe de l’UEFA et a débuté cette compétition contre les Ukrainiens de Dnipropetrovsk. Sur les 2 matches, un seul but a été inscrit et il n’était pas valable car l’attaquant ivoirien a glissé et touché le ballon avec son pied d’appui puis avec son autre pied et, par miracle, le ballon est rentré.
Pour en revenir aux joueurs, une nouvelle tendance est à signaler avec l’arrivée de jeunes du centre de formation qui intègrent l’équipe de France espoir. Ainsi Fabien Laurenti, Jérémy Gavanon et Mathieu Flamini sont devenus internationaux espoir grâce à leurs performances sous le maillot blanc, même si leurs parcours restent chaotiques, à l’image du club. Pour éviter de rééditer l’épisode Flamini, Ahmed Yahiaoui et Samir Nasri, 17 ans sont devenus pro et le second a déjà joué plusieurs matches avec l’équipe professionnelle.
Si je devais retenir un but lors de cette année 2004, je pense au but de Laurent Batlles contre Bordeaux au bout des arrêts de jeu de la première journée du championnat début août mais aussi et surtout à celui de Camel Meriem à San Siro qui permet à l’OM de gagner dans les des plus grands stades de la planète football et de se qualifier pour une demi-finale européenne.
Ce parcours continental aura été le seul créateur d’émotions et de grands moments. J’en sortirai deux qui m’ont particulièrement marqué.
Tout d’abord l’ambiance dans Goteborg avant et après la finale où nous étions mélangés avec les supporters valenciens sans le moindre policier, échangeant les chants, chambrant gentiment dans les bars, les magasins, les restaurants, dans les rues, sur les places.
Mais ce qui restera avant tout dans mon esprit est l’incroyable folie qui s’est emparé du Vélodrome le jeudi 6 mai lors de la demi-finale contre Newcastle. Dans un stade archi comble (le parcage visiteur était plein à craquer de supporters anglais d’un fantastique fair-play malgré la défaite), avec une tension pesante, une électricité incroyable et un stress à son paroxysme jusqu’à ce que Didier Drogba libère tout le peuple marseillais avec un but hallucinant de créativité et de finesse. Alors que les Magpies se créent plusieurs grosses occasions (ils n’ont besoin que d’un but pour aller en Suède) c’est encore Didier Drogba qui donne définitivement le billet pour Goteborg après un coup-franc de Laurent Batlles en fin de match. C’est dans la liesse, l’hystérie et des larmes de joie que se termine cette soirée inoubliable.
Malgré les innombrables et récurrentes incompréhensions, déceptions, défaites, crises de nerfs qui me font souvent me questionner sur le pourquoi de cette OM dépendance je me rappelle Goteborg et OM-Newcastle et essaie de me convaincre (difficilement il est vrai) que les victoires et les bons moment ne sont plus beaux que quand ils sont rares…