On a déjà tout dit ou presque sur l’AS Monaco. Ses stars défiscalisées à chaque mercato, le seul club de L1 où les supporters ont leur place nominative au stade, les joies très princières en tribune et la lutte pour le maintien dans l’indifférence générale. Tout le contraire de l’OM pour résumer… Cet Olympique où le recrutement se fait à l’UNFP ou dans les fins de contrat ; où les supporters sont toujours là malgré presque 15 ans de misère sportive ; où un inconnu roublard peut faire la danse du slip dans les vestiaires et où chaque défaite est vécue comme un psychodrame. Mais même si ces voisins ne se ressemblent en aucune manière, le match de ce soir ne délivrera que trois points, ô combien précieux ! Il ne faudra pas caler au démarrage messieurs les Marseillais !
Le moteur olympien a bien connu quelques ratés, surtout lors des dernières sorties. A domicile, les Marseillais maîtrisent le circuit, mais à l’extérieur, c’est une autre histoire. On dit souvent que Louis II est le petit Vélodrome, un peu à la façon de San Marin pour les tifosi de Ferrari, mais ça ne donne pas une victoire assurée. Et cette victoire, elle vaut très, très cher.
Il ne reste que quatre tours avant l’arrivée, et l’OM a les pares chocs dans les échappements lensois et bordelais. A l’aspiration, et avec des succès contre Monaco, Nancy, Saint-Etienne et Sedan, ça devrait passer en fond de ligne droite et permettre d’accrocher le podium. Mais la manoeuvre est délicate, et les hommes d’Albert Emon pourraient aussi bien se retrouver en tête à queue dans le gravier…
Il va donc falloir rôder les mécanismes, et lâcher les chevaux Nasri et Ribéry pour prendre de vitesse l’entre jeu monégasque. Cana, en grande forme actuellement et objets de convoitises comme ses deux compères, sera également une des clés de la rencontre. On pourrait espérer des adversaires démotivés, n’ayant plus rien à gagner et surtout à perdre. Hélas, tous les présidents de L1 ne s’appellent pas Aulas, et nul doute que les joueurs du Rocher auront à coeur de s’offrir un baroud d’honneur en gagnant ce match de prestige. S’appeler Olympique de Marseille a des avantages au niveau de la notoriété, mais on y laisse des points en décuplant la cylindrée de l’adversaire. Monaco a un tracé difficile, mais si l’on sort la tête haute du tunnel, le plus dur sera fait.
Il resterait alors un match de championnat avant de plonger dans l’ivresse de la finale. Ce soir les Sochaliens seront tranquillement devant la télé, et joueront mercredi 2 heures avant les Olympiens. Ce genre de petits détails, dans cette F1 qu’est une équipe de football, font parfois la différence. Le grand argentier de la reine des compétitions automobile, Bernie Ecclestone, est d’un autre niveau que le pitre à moustaches qui préside la Ligue. Un président bon pour aller faire le beau à l’anniversaire des South Winners, mais incapable de garantir l’équité sportive d’une finale. Et il vaut mieux éviter de parler de celui de la FFF, au vu de l’organisation minable de la vente des places pour le 12 mai prochain. Alors que la grande famille des supporters aura eu le droit de galérer pour obtenir un précieux sésame au Stade de France, la grande famille du football va littéralement se faire des couilles en or sur les sites d’enchères… On a peut être la même passion, mais on n’a décidément pas le même honneur.
Néanmoins à Monaco, ce n’est pas le tarif exorbitant des billets aux enchères qui doit faire peur. Il y aura enfin du monde pour enlever la poussière sur le 5ème rang des places de Louis II, et les joueurs de la Principauté verront le huis clôt permanent prendre fin. Alors messieurs gardez vos bonnes habitudes, en manquant quelques rapports lors de l’accélération, en foirant quelques réglages dans la mise au point, et en établissant une stratégie de course lamentable. On ne change pas une équipe qui ne gagne pas.
On ne juge une course que lorsque le drapeau à damier est agité devant votre nez. Certes l’OM aura prit un bon départ en août dernier, avant de prendre place dans le peloton. L’occasion est trop belle de voir le podium en fin de saison, et de soulever enfin un trophée. Alors bien entendu l’écurie ressemble plus à celle d’un tiercé qu’à Mc Laren, on admettra que les stands sont gérés comme la Foire du Trône et pas comme dans la Team Renault, et que le team manager s’appelle Albert Emon et pas Jean Todt… Mais si les 12 et 26 mai nous pouvons faire péter le champagne sur les Champs-Élysées et la Canebière, la course aura été belle…