Dans les équipes qui flambent, on remarque souvent un ou deux talents plus décisifs que les autres. Dans les équipes qui plongent, on trouve un homme en perdition qu’on accable vite. Mais parfois, dans un cas comme dans l’autre, tout n’est pas immérité. Aujourd’hui que l’OM est à la peine en championnat, les critiques fusent sur son latéral gauche, l’ancien Lorientais Jérémy Morel. Alors, vrai boulet ou bouc émissaire facile ?
Le pedigree de Morel
Venu de Lorient avec plus de 234 matchs de L1 et L2 au compteur, Jérémy Morel pouvait faire office de vieux briscard dans notre bonne vieille Ligue 1 Orange, d’un mec stable et costaud dans son couloir gauche fort d’un capitanat dans son ancienne équipe. Mais un constat déjà alarmant sautait aux yeux, aucune expérience européenne… Contrairement par exemple à un Trémoulinas, trop cher pour feu notre milliardaire, qui pour beaucoup représentait le remplaçant idoine de Taye Taiwo parti se perdre finalement au grand Milan AC avant d’être prêté cet hiver aux grands QPR (sans rire).
Sans faire insulte à Lorient, il évoluait dans une équipe jouant le milieu de tableau et aucunement les places européennes. Oui, Morel est un joueur rompu à la Ligue 1, oui Morel a été capitaine, oui mais tout cela dans un club « tranquille » qu’est le FC Lorient.
Une longue descente aux enfers
Et pourtant, on y a cru. Morel, sur les matchs de préparation et début de saison avec un but au trophée des Champions, semblait être à l’aise dans son couloir gauche — quelques erreurs mais tout à faire normal pour un nouveau joueur, on ne criait pas encore au loup.
Le championnat s’engagea et ce fut le début de la fin pour Jérémy. Si c’était toute l’équipe qui était catastrophique durant les premiers matchs, lui, en revanche, a ensuite gardé ce niveau très faible malgré quelques éclairs de lumière, trop maigres pour contenter le public marseillais et les observateurs. Même quand l’équipe renaît de ses cendres, Morel n’élève pas comme les autres son niveau de jeu. Sans parler des matchs très difficiles de Ligue des Champions pour ses débuts européens (excepté une belle passe décisif pour Lucho au Pirée), avec en point d’orgue le match contre l’Inter en huitième de finale où un jeune et fringuant Argentin de 38 ans connu, sous le nom de Zanetti, lui montra le talent, le vrai.
Morel : à qui la faute ?
On peut tirer à boulets rouges sur Jérémy mais à qui la faute au départ ?
À l’intéressé, qui n’a pas encore réussi à passer le cap de cette pression qui peut soit descendre un joueur ou soit lui donner des ailes. On attendait plus de son expérience : peut-être pas qu’elle lui permît d’être transcendant, mais au moins faire ce job qu’il ne fait toujours pas.
Mais plus encore que le joueur, la direction est fautive. Contente d’avoir « arraché » ce joueur dans les derniers instants à Rennes, d’avoir misée sur un jeune espoir qu’est Traoré pour concurrencer le vieillissant Morel, d’avoir affiché un manque d’ambition affligeant en ne recrutant pas de pointure après les très grandes pertes de Taiwo et d’Heinze, la direction du club doit se poser quelques questions aujourd’hui.
Une solution… sans Morel ?
Il en existe bien une mais Didier Deschamps osera-t-il ? Grande question. Il s’agirait de faire jouer Azpilicueta à gauche, poste qu’il a déjà occupé dans son ancienne équipe d’Osasuna et de mettre Fanni à droite qui revient très bien et a toujours été bon à droite. Traoré n’étant pas une solution viable, Jérémy Morel doit réagir s’il ne veut pas finir sur le banc le reste de la saison, voire partir en fin de saison… Mais l’OM aura-t-il les moyens dans le futur de recruter un titulaire sur le côté gauche de sa défense ?