Dans une ville où la passion pour le football et l’OM a un réel impact en terme économique et social, il est logique que ce sujet passionne les hommes politiques qui sont eux mêmes souvent apostrophés par leurs administrés à ce sujet. Espérant en vain la mairie depuis de nombreuses années, Renaud Muselier se sent concerné par l’OM en tant que marseillais mais aussi en tant qu’acteur politique important de la ville. Opportuniste ou vrai profession de foi ? Peu importe. Connaisseur de la complexité locale, il voit d’un mauvais oeil l’arrivée de Jean-Claude Dassier. Et il tape juste.
« Monsieur Dassier n’est toujours pas arrivé à Marseille et il engage toutes sortes de polémique pour savoir qui va faire quoi, avec qui, et comment ça va se passer avec les gens en place. Je ne pense pas que ce soit la meilleure façon pour se faire accepter à Marseille. » Pas encore désigné officiellement, le responsable du service info de TF1 a mis en cause le travail de José Anigo dans le recrutement. Rappelons que ce sont les amis de Dassier qui ont créée le contexte pour que le mercato olympien se passe au plus mal en liquidant deux des personnages les plus importants du club : Pape Diouf et Julien Fournier.
« Tout ce que je constate, c’est que l’arrivée de Dassier a suscité beaucoup de commentaires, celle de Bernès les démultiplie. Le sentiment populaire doit être partagé. Quand Bernès était là, on a eu beaucoup de résultats mais aussi des catastrophes sportives et juridiques, et des sanctions. Le sentiment populaire de la ville doit être partagé entre l’appât de la victoire et le rappel de mauvais moments. » L’Olympique de Marseille ne sera jamais pour les provençaux la simple addition de résultats sportifs. C’est aussi un ciment culturel, un phare de reconnaissance pour une ville souvent méprisée. Et on ne peut effectivement pas dire que la venue de Jean-Pierre Bernès dans son club de coeur soit du goût de tout le monde ici.
Étrangement, tous les observateurs qui ne connaissent rien de Marseille (Moscato, Larqué, Mougeotte, Villeneuve) semblent très optimistes quant à la venue de Dassier alors même que tous les régionaux (Courbis, Cangioni et aujourd’hui Muselier) sentent toutes les réticences locales à accueillir cet homme mais surtout à devoir supporter encore le clan RLD qui a fait tant de mal au club ces derniers jours. Après Gaudin, Muselier signifie lui aussi toute sa défiance par rapport à cet aréopage parisien.
Si son regard n’a aucune importance pour les hommes de Robert-Louis Dreyfus, il dénote un climat hostile dans la ville phocéenne pour ceux qui ont fait tomber Diouf. Ne pas le prendre en compte serait suicidaire car, même si les résultats sportifs positifs peuvent masquer une colère un temps, on ne peut faire un club sans son public. Les nouveaux « amis » de l’OM (ou qui ont intérêt à l’être pour d’autres raisons que le simple goût du football) devront prendre en compte cela au risque de perdre beaucoup demain …