Ou bien alors les deux. Force est de constater que le retour de Bernard Tapie aux commandes du secteur sportif de l’Olympique de Marseille, ne fut qu’un pâle remake de ses années glorieuses dont le chef d’oeuvre fut sans conteste, la victoire de 1993 en finale de la coupe d’Europe des clubs champions. Un grand moment d’émotion gâché partiellement par une prestation pour le moins cahotique, dans un infâme navet valenciennois qu’on pourrait intituler cyniquement « Le jardin de Robert »…
Son come-back au crépuscule de la saison dernière, avait pourtant soulevé bien des espoirs dans nos petites têtes frustrées de titre depuis bientôt dix ans. Ni une, ni deux, il aller leur montrer à tous ces nantis de la Ligue, à tous ces gratte-papier des torchons, qui était le vrai boss du foot français. Lui dont même Didier Deschamps disait que sans sa culture de la victoire, la France n’aurait jamais gagné la dernière coupe du monde.
Ex-César du meilleur acteur du ballon rond, pourquoi donc a-t-il échoué dans son revival?
D’abord, peut-être parce qu’il n’avait pas en fait cette fois-ci les clés de la maison mais seulement l’accès au jardin ou si vous préférez, à la pelouse. Un cerbère moustachu était niché rue Negresko et aboyait tellement fort quand le burné approchait que les papas rasés des journaux en firent rapidement leur choux gras et que l’image du club en prit d’entrée de jeu un sale coup.
En plus, la pelouse visiblement, c’était pas sa tasse de thé au Nanard. Il bigophonait au coach ses compos et ses tactiques, et allait au stade quand il avait le temps… Il a réussi à essouffler le vieux cardiaque , à qui on peut pourtant sans conteste, décerner le prix du meilleur entraîneur de l’OM de l’année. Il a lessivé Anigo et essoré Emon, réussi à se faire la peau de l’ex-para et presque celle du magistrat, et tout de même battu le record du monde des transferts pour un club en une seule saison…
Enfin, parce que le foot a terriblement changé en une décennie. Non seulement, les bons joueurs valent désormais très chers mais encore faut-il les connaîtrent. Ses conseils et ses contacts de début de saison n’était visiblement pas les bons. Erreur de casting avec les deux bosniaques partis aussi vite qu’arrivés, idem pour Dill, pantalonnade avec Jardel, pas franchement inspiré avec Delfim, Fernandes, Cavens, Brunel et autre Nouma… D’où ce retard à l’allumage fatidique au départ du championnat.
Certes le garçon apprend vite et s’est rapidement rendu compte de ses magistrales bourdes. Lui qui avait réussi à dénicher les inconnus Boksik, Anderson ou bien encore Mozer, nous laisse quand même un certain héritage : une ossature d’équipe autrement séduisante que celle qu’il avait trouvée. Malgré le très probable départ d’Andre Luiz, avec des joueurs tels que Runje, Yobo, Meïté, Leboeuf, Dos Santos, Tuzzio, Piotr, Sakho voire Fernandao, on peut envisager l’avenir avec espoir sinon sérénité…
Alors, salut l’artiste et attention de ne pas glisser sur les planches savonneuses de cette nouvelle carrière!