La trêve approche, le peu de matchs restant est à bien négocier. Il parait que c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens. Dans le sud, nous sommes plutôt habitués à obtenir une nouvelle valse au sein des joueurs voire des dirigeants à mi-parcours. L’Olympique de Marseille rencontre l’équipe de Nancy, un bien valeureux adversaire qui nous rappelle notre période en seconde division. Même banni, l’équipe ne craignait personne ! Capable de pondre des partitions agréables contre n’importe lequel de ses adversaires de l’Hexagone. Désormais, il n’en est rien et l’AS Nancy Lorraine est un vrai rival de taille dans cette Ligue 1 gangrenée par la star academy lyonnaise et de la soupe qui l’accompagne.
Penser qu’il suffira juste d’improvisation pour vaincre cette équipe nancéenne serait bien la preuve que les tomates reçues depuis une décennie n’avaient pas assez de goût pour en redemander encore. Il suffit de voir que la brève intervention annuelle de notre cher actionnaire n’apporte jamais rien de plus que ce l’on sait déjà : il faudra se démerder tout seul. Autant dire que chacune de ses maigres déclarations nous donne l’impression qu’il pisse pour de vrai dans notre Stradivarius. Il sera temps un jour de lui dédicacer un requiem puisqu’il tarde de plus en plus à le finir soi-même. Il a pourtant déjà attribué de bonnes bases. Il doit être fétichiste et instable. Ce serait ironique de le voir finir dans la fosse commune. Un riche qui gaspille son argent de manière déplorable et sans intelligence, ça s’est déjà vu. Mais on doute grandement que ses conneries de gestion de club soient un modèle pour le futur et qu’elles passent dans le domaine public comme l’oeuvre d’un Mozart. On se souviendra surtout qu’il a mal soigné une maladie honteuse…
Il faudra se passer pour cette rencontre de notre Maestro, toujours en convalescence. Une nouvelle habitude qui pourrait bien être une préparation pour le concerto de l’année prochaine. Qu’importe, il faudra battre cette équipe lorraine même s’il faut se résigner à écouter des morceaux qui font toujours succès comme « l’écrasante victoire 0-1 » ou le traditionnel « victoire sur le fil ». Si l’envie de nos joueurs est de faire une composition qualifiable de chef-d’oeuvre, qu’ils ne se gênent pas. Cela fera plaisir aux mélomanes que nous sommes et régulièrement abonnés aux mélodrames. Un brin de folie et un zeste d’agilité serait la preuve que cette équipe dispose de tripes et qu’elle continue à jouer ce qu’elle pense être une bonne musique, même lorsqu’elle est conspuée alors que bon nombre de critiques nous louait une confiance presque aveugle au départ.
Albert Emon est toujours le chef d’orchestre de cette formation inconstante. Etrange cette équipe, elle est parfois capable de ressembler à une simple troupe de minables troubadours tout comme nous offrir un superbe opus. Contre Nancy, il devra composer avec un groupe presque complet, son duel de banc de touche avec son homologue Corréa sera donc bien l’une des clefs du match. Tenir ou contenir cette équipe séduisante en essayant de se porter vers l’avant est un vrai challenge. Il serait dommage de voir que tout le staff sorte à l’issue du match les trompettes de service pour excuser une fausse note. On mise beaucoup sur Cissé, peut-être qu’il nous aidera sur la durée, mais il faut dire que le prendre comme un messie reste une énorme bêtise, il lui faudra du temps ; la coupure sera peut-être un point d’orgue pour reprendre cette folle habitude de marquer des buts.
Cravacher pour progresser, c’est ce que tout le monde demande, un essai efficace mais qui casse encore les oreilles serait déjà une bonne chose. On ne demande pas grand chose : une victoire. Il y a des objectifs affichés, une attente des supporters placardée. Il faudra battre Nancy pour se placer sur les places d’honneur en attendant mieux. Notre devise reste la même, droit au but alors : en avant la musique !