Après la débâcle de dimanche, cette défaite aussi cinglante que surprenante, il n’est pas facile de se remettre dans le quotidien du championnat. Les quatre buts encaissés sur deux occasions et demi des Parisiens, la fin de l’invincibilité et ce rendez vous raté avec la tête de la L1, autant de raisons de ressasser cette défaite. Les nombreuses interrogations se bousculent. Ben Arfa aurait-il dû débuter la rencontre ? S’est-il brouillé avec Gerets ? Ce club va-t-il enfin arrêter de nous décevoir ?
Pourtant il faudra bien avoir la tête à Nantes ce soir, car les Olympiens n’auront pas le temps de tergiverser. Comme d’habitude un stade de la Beaujoire qui troque ses couleurs habituelles pour adopter le ciel et blanc, et 11 joueurs qui vont tout donner pour leur match de l’année. Une routine vécue à travers tout l’Hexagone, un rituel bien connu. L’inconnue reste la prestation des Phocéens, et leur aptitude à faire preuve de professionnalisme, de sérieux et de réalisme.
Lorsque l’on observe les grosses cylindrées européennes, voire l’OL des saisons précédentes, un déplacement chez un promu se résume assez rapidement. Trois points. Le match peut être terne, accroché, le promu parvient même parfois à mener au score. Mais la logique est quasiment toujours respectée, les stars font le boulot et l’exploit individuel laisse l’outsider défait mais presque content d’avoir accroché Goliath. Avec l’OM, c’est la roulette russe perpétuelle. Ou plutôt la roulette suisse, car le Russe ne se contente pas de claquer sa fortune, il veut des titres et s’implique. Voir l’OM ouvrir la marque, creuser l’écart et gérer son résultat paraît utopique. Cela doit être plus drôle de courir après le score, ou d’offrir un ou plusieurs buts à l’adversaire. L’accident de parcours est souvent invoqué, mais la semaine dernière l’Olympique de Marseille s’est fait secouer à deux reprises et PSV comme PSG n’y sont pas allés de main morte. Marseille se retrouve groggy, un peu perdu, face à une crise qui couve sans que le feu ne se déclare. S’ils se comportent en véritables pros et qu’ils assument leur statut et leurs ambitions, les Olympiens doivent clairement tuer dans l’oeuf ce doute naissant. Un tacle solide, une passe propre, un centre appliqué, ce n’est quand même pas compliqué ! Ne pas laisser son vis-à-vis démarqué au point de pénalty, lever une balle sur un corner, et cadrer ses frappes non plus. Et quand on voit le talent des Marseillais, ça serait vraiment dramatique de ne pas réussir à en coller deux ou trois à Heurtebis, sans pour autant craindre un doublé de Bagayoko…
Pourtant, qui peut s’affirmer serein avant cette rencontre ? Encore et toujours cette même instabilité qui a fini d’user tous les supporters. Cela devient vraiment lassant de se poser éternellement les même questions, d’alterner le bon et le médiocre, de jongler entre joies et déceptions. Le football, et le sport en général, tiennent leur essence dans l’incertitude. Mais l’OM développe ce culte à outrance, malgré un travail effectué dans un calme quasiment incroyable à Marseille. Certes il n’y a pas de science exacte, ni de garantie dans la constitution d’un groupe, et il ne faut pas brûler si tôt une équipe qui peut encore donner de belles choses cette saison. Mais il faut maintenant que Cana et les siens fassent leur job avec professionnalisme et efficacité. Et c’est urgent !
Cette soirée ne doit pas laisser de place à l’à peu près. En sniper froid et précis, l’OM n’a d’autre choix que d’exécuter une proie nantaise friable. Sans manquer de respects aux Canaris, l’effectif concocté par Larièp et Baup est loin de faire peur, et sauf une nouvelle désillusion les Marseillais doivent s’imposer. Les matchs vont s’enchaîner, l’OM doit faire de même. En cas contraire, si les succès échappent encore à cette équipe, le risque de voir le travail de plusieurs saisons s’effondrer est bien réel. Il ne manque pas grand-chose, les lacunes sont visibles mais pas insurmontables. Pour combien de temps encore ? Nous en saurons un peu plus après ce match…