Dans la cité des Ducs, le football est décidément une drôle de religion. Le credo de tout bon paroissien local, c’est le jeu à la nantaise. Hors de là, point de salut. Au grand séminaire de la Jonelière, on inculque aux futurs moines-soldats depuis leur plus jeune âge, ce dogme dans la tête et dans les jambes. A une touche de balle, tu joueras. Sans cesse, tu attaqueras. En perpétuel mouvement, tu évolueras. Tels sont quelques extraits des Evangiles jaunes et vertes…
A ce niveau, on pourrait presque parler de secte. Ici, il y a même le père, le fils et le saint-esprit. Ce dernier, c’est Arribas, fondateur historique de la chose et grand-maître devant l’éternel. A sa droite, sur les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre, son fils spirituel, le très émacié Coco, Suaudeau de son patronyme. A sa gauche, le petit dernier, Raynald, honteusement répudié il y a peu et parti prêcher la bonne parole à des basques convertis.
Que ce soit à l’époque au cœur du vieux temple solaire de Marcel Saupin ou désormais maintenant, au sein de la très venteuse cathédrale de la Beaujoire, les fanatiques n’admettent aucune dérogation aux écritures de leur bible. On a vu des membres éminents de l’Ordre Canari se faire siffler quand ils levaient le pied alors que la formation ligérienne menait 3 à 0 !
C’est pour toutes ces raisons et bien d’autres encore que le sous-commandant Marcos va quitter l’évêché nantais. L’hérétique a trahi. Il a commis le plus cruel des pêchés. Il n’a pas respecté les fondamentaux de la doctrine sacrée. Il va partir la queue basse et le dos voûté, épuisé par les luttes intestines, mortifié par l’opprobre populaire, lapidé par les siens.
Quelque soit l’issue de la grand-messe de samedi face à notre OM, l’impie sera frappé d’anathème et rejoindra ainsi dans les tablettes de l’excommunication, l’infâme Blazevic qui avait voulu avant lui réformer l’Eglise. On attend religieusement sur les rives de la Loire le nom du prochain gourou. L’arrivée de Guy Lacombe en provenance de la maison Peugeot ou une promotion maison de type Eo-Amisse sont des hypothèses d’école que les fidèles commentent cours des Cinquante Otages.
Comme si çà ne suffisait pas, les caisses du diocèse sont aussi vides que les poches d’un mendigot. Gripond, le président greffé par la Socpresse a fait n’importe quoi. Il a dilapidé le magot amassé au cours des croisades européennes en achetant par exemple six millions d’euros cash une authentique chèvre nommé Makukula. C’est plus qu’une faute de goût, à ce niveau-là, çà relève de la catastrophe industrielle, du pillage de bénitier.
En plus il s’est foutu définitivement à dos Landreau, le gardien du temple. Mickaël va se casser et là çà va faire du bobo. On a pu constater récemment qu’en son absence, une horde de paysans guingampais sont venus humilier les oisillons dans leur cocon chéri. 0-4, du jamais vu en terre bénite ! Bonjour la crise de foi. Paraît que San José, le défunt pape, s’est retourné dans son linceul…
Telle est pour l’heure l’état de l’épiscopat nantais avant l’arrivée des olympiens du très païen Perrin. Lui, le beau jeu, c’est pas son obsession. Il ne se relève pas la nuit pour faire des prières sur l’autel de l’Ajax. Les icônes du dieu Cruyff, ils les collectionnent pas. Nan, lui ce qu’il aime, c’est inlassablement accumuler les points.
Le vieil adage « Petit à petit, l’oiseau fait son nid », çà fait partie des fondements de sa quête existentielle. Tout le reste n’est que littérature pour fondus d’Harry Potter ou encore billevesées pour doux rêveur pré-pubère. Qu’on se le dise, le garçon est un pragmatique…
Pour cette ultime homélie, nul besoin de croire au miracle. Marseille est d’ors et déjà assurée d’accrocher une des divines places de la Ligue des Champions. Le retour de Phocée à ses amours d’antan. La magie retrouvée sur la Canebière. Le Vieux Port à nouveau envoûté. Parodiant Maître Serge, on conclura sur cet aphorisme ô combien vérifié : « l’OM a créé des dieux, l’inverse tu rigoles. Croire c’est aussi fumeux que la ganja…