Signe des temps, j’aborde le canapé assez détendu. Presque détaché. Je me dis que les chances que ça se passe bien sont finalement assez minces, alors pourquoi se ronger les ongles ?
C’est soit l’age (et ouais, mon premier match au stade Vélodrome, c’était y a bientôt 20 ans…), soit les années de déceptions qui s’accumulent et qui laissent des traces.
Pourtant, la sixième minute va raviver tout ça vite vite. Et hop, un saut de cabri devant la table basse, deux cris, les poings serrés. Ah merde : le virus est donc si puissant…
Là, en quelques secondes, on se prend à rêver. D’habitude, une occase/un but, c’est toujours les autres, plutôt ! D’habitude, un coup-franc direct dans les filets, ça rentre jamais : le dernier, ça faisait quoi, sept ans, huit ans ? D’habitude, un tir détourné qui rentre quand même, c’est l’apanage des adversaires, non ? Ca y est ? Les choses vont enfin changer ?
Trente secondes après l’ouverture du score, c’est la lumineuse reprise de Mendoza écartée par un très grand arrêt de Coupet qui me fait dire que notre chance vient sans doute de passer. Non, ce ne sera pas une soirée exceptionnelle, tout va rentrer dans l’ordre.
Bon, les minutes s’enchaînent. Comme d’hab, un petit a priori contre l’arbitre, c’est normal, on est en direct, on fera la part des choses après. En attendant, ambiance belge : quand un Lyonnais tombe, c’est » friiitt !! « , quand c’est un Marseillais, c’est qu’on a pas de moule.
Dire qu’on a si souvent traité Ferreira de boulet ! En attendant, ce sont deux missiles qu’il envoie vers Coupet. Dommage qu’ils soient pas thermo-guidés, les skuds, parce que le portier rhodanien était chaud comme une bouillotte…
Et puis cette reprise d’Oruma ! Et ces débordements incisifs de Ribery ! Ces crochets de Meïté ! Ces talonnades de Taïwo !
Bon, finalement je m’amuse bien…mais je sens bien que l’issue risque de ne pas refléter cette première demi-heure, si pleine d’engagement. C’est sûr, ça court, ça s’engage. Mais on peut pourra jamais tenir ni tous le match à ce rythme, ni toute la saison. C’est dommage, le démarrage est généreux. C’est pas comme Dreyfus tiens…
35ème minute, notre bon vieil OM est de retour : première occase, premier but pour nos adversaires. La suite s’annonce longue…
Et puis voilà que Duhamel brouille les pistes en ne voulant pas siffler une faute que même Frank Sauzée annonce évidente. Merde, ça va remettre toutes les théories du complot mondial en question,ça… Cela dit, mon muscle à mauvaise foi fonctionne à bloc : rien dans le ralenti ne me prouve intimement que la faute est avérée.
Bon, mi-temps en apnée : Canal historique coupé, Omplanète en veille. Je ne veux pas commencer à lire les posts des internautes, je veux pouvoir voir la deuxième période tranquille.
Pourtant, j’aurai pu. Mes poulains sont cramés et les Lyonnais sont gavés de ricorée.
Et tout ça va se recroqueviller devant les buts. Le spectacle est terminé, on entre en phase de résistance. Ca tourne à l’armée des ombres. Fernandez est tellement crispé lui aussi qu’il en oublie de faire ses remplacements. Faut dire qu’il a opéré un changement vers la 50ème minute et qu’il cherche toujours a savoir qui est entré sur le terrain…Nuit et brouillard dès lors.
A moins que ce ne soit une nouvelle tactique, qui consiste à épuiser ses joueurs et tromper l’adversaire en ne faisant pas entrer de joueurs frais.
Ou, dernière hypothèse : le banc est si peu profond que les joueurs assis dessus sont tombés. Pourtant, des mecs allongés sur la pelouse, le Jeannot, il en déjà plein devant lui, pas besoin de lui en rajouter ! Mamadou par exemple : il essaie plusieurs figures dans la surface, mais Duhamel n’a pas l’âme du juge olympique, et remplace son 5.9 par un jaune. C’est pas sport.
Allez, coup de sifflet final. On pourra tirer 450 conclusions de cette confrontation et qui comporteront toute leur part de vérité. L’objectif de Fernandez était officiellement de faire décoller la galère olympienne au classement par tous les moyens. De ce point de vue, et devant les quadruples champions en titre, il pourra parler de » mètch réussi « . Au poker, Jeannot ne serait pas un flambeur, et les déclarations du président de Lyon après match permettront d’alimenter la rancoeur marseillaise et assaillir cet Aulas de piques.
Le frisson laziale n’est pas réapparu. La saison s’annonce…comme une de plus sous Robert-Louis (de Bavière du sud). Une ère qui manque de souffle. Une période décidemment glaciaire.
D’habitude, quand on a un jouet, on a envie de s’amuser avec, non ? Une danseuse, on aime la voir virevolter, sinon à quoi bon ?
Surtout que la colère régulière et programmée des supporters sera cette fois alimentée par un élément encore plus énervant : d’habitude, on fait rire la France à deux. Cette fois, Hardy n’a pas attendu Laurel et s’est détaché en tête du classement. Vivement l’automne !