Lors de la 35ème journée de championnat, l’OM a de nouveau mordu la poussière : 5ème défaite à domicile de la saison, 12ème défaite au total, soit un ensemble de déconvenues beaucoup trop élevé pour figurer sur le podium de la saison 2004-2005. Aujourd’hui l’OM en est à espérer au mieux une qualification pour la Coupe de l’UEFA, qualification loin d’être acquise, tant le niveau de jeu des phocéens est actuellement déliquescent, et leur niveau de performance indigne (6 points sur 27 possibles lors des 9 derniers matchs…).
L’arrivée de Philippe Troussier en décembre et les excellents résultats qui ont suivi avaient pourtant fait naître de beaux espoirs de réussite et de gloire. Solidement accroché à une deuxième place porteuse de grandes promesses, l’OM a même semblé, un temps, en mesure de revenir sur l’OL, et quelques forumeurs n’hésitaient pas à pronostiquer la conquête par l’OM d’un nouveau titre, treize ans après. Aujourd’hui, ces espoirs de conquête sont à ranger dans ce qui constitue le quotidien des supporters de l’OM depuis trop longtemps : des espoirs déçus et des conquêtes qui restent du domaine du rêve.
A qui, à quoi imputer ce nouvel échec ? Il ne s’agit pas de rechercher des boucs émissaires commodes, des coupables idéaux sur lesquels le bon peuple des supporters pourrait se venger des frustrations accumulées ces dernières années. Il s’agit d’essayer de comprendre ce qui empêche durablement ce club de retrouver la seule place qui lui convienne, la première. Je me permets d’avancer ici quelques hypothèses.
Des luttes de pouvoir incessantes
Même lorsque l’OM n’est pas gangrené par le milieu et/ou la pègre, les poignards ne restent jamais longtemps dans les fourreaux. En janvier, l’interview de Christophe Bouchet qui a suivi son éviction est à cet égard édifiante : luttes d’influence, coups bas, carriérisme, arrivisme, hommes de l’ombre qui ne jouent que leur carte personnelle, l’OM au sommet semble être un panier de crabes de la plus belle espèce. Quelques semaines plus tard, au moment où la situation du club exigeait une mobilisation simultanée de toutes les énergies, les amoureux de ce club n’ont eu d’autre choix que d’assister avec consternation aux crêpages de chignon Diouf vs Troussier, Troussier vs Acariès, Diouf vs Acariès, Acariès vs Diouf, Diouf + Troussier vs Acariès…La presse, pas toujours bienveillante ni désintéressée (suivez mon regard en direction du prétendu » quotidien sportif de référence « ), s’en est léchée les babines avec gourmandise et a contribué à amplifier le malaise, mais constatons avec lucidité que si la presse a jeté de l’huile sur le feu, ce n’est pas elle qui l’a allumé…
Au sommet de l’OM, l’esprit d’équipe et le jeu collectif sont des notions qui n’ont aucune réalité, et c’est grave.
De réels problèmes sur le terrain
En janvier/février, Troussier a fait la démonstration que les joueurs de l’effectif 2004-2005 pouvaient être complémentaires (Pedretti/Costa l’ont été pendant 2 mois) et performants (réveil de Luyindula). Donc il ne me semble pas primordial de revenir sur le recrutement, car le problème me semble être ailleurs : il se situe au niveau de la mentalité. Cette équipe n’a que rarement donné l’impression d’être réellement soudée. Rares ont été les situations de jeu où l’observateur pouvait assister au spectacle d’un joueur se sacrifiant pour un partenaire, rares ont été les matchs où l’on a pu voir l’OM produire du jeu d’équipe, et je crois que l’on peut hélas affirmer que jamais cette saison l’OM n’a eu la maîtrise du jeu.
Tout se passe comme si les aberrations de l’équipe dirigeante avaient contaminé les joueurs et le football pratiqué sur le terrain : pas ou peu d’esprit d’équipe, pas ou peu de jeu collectif, sans oublier le pire : malgré les méthodes musclées de Troussier, aucun sentiment de révolte perceptible, mais plutôt, chez la plupart, un lent et irréversible renoncement, et de la part de professionnels rémunérés de façon » convenable « , c’est grave.
Au sommet, un projet illisible
Il faut bien ici évoquer la responsabilité de Robert Louis-Dreyfus. Il n’est pas question d’oublier les sommes colossales que cet homme a injecté dans les finances du club à une époque où les caisses étaient vides ou presque. Qu’on le veuille ou non, RLD a contribué puissamment au redressement de l’OM dans la deuxième partie des années 1990, et les supporters doivent garder en mémoire ce fait incontestable.
Pour autant, ce devoir de mémoire ne saurait interdire de porter un regard lucide sur les dernières années : Robert Louis-Dreyfus brille désormais par son absence. Il est le leader fantomatique d’une équipe d’ectoplasmes.
Un club professionnel de football a besoin d’un skipper qui tienne solidement la barre, mobilise autour de lui toutes les compétences en vue d’atteindre des objectifs clairement définis, détermine un projet sportif à moyen et long terme.
Ajoutez à cela que l’OM, plus que tout autre club, a besoin d’un skipper qui sache se faire respecter et faire respecter le club, qui sache étouffer dans l’oeuf les velléités d’ambitions personnelles des arrivistes de tout poil, qui sache faire preuve de la poigne nécessaire pour tenir le cap, aux commandes d’un navire qui peut très vite devenir un Bateau Ivre.
Robert Louis-Dreyfus n’est plus cet homme-là. Robert Louis-Dreyfus peut, en toute logique, être tenu pour responsable des luttes de pouvoir incessantes qui rongent le club et, au second degré, des problèmes du terrain qui affectent un groupe de joueurs qui ne voient pas le cap fixé et sont gagnés par un sentiment de dérive que Robert Louis-Dreyfus a laissé s’installer..
Aujourd’hui, Robert Louis-Dreyfus est un actionnaire qui se complaît dans l’inaction.
Un investisseur qui n’investit plus rien, et qui surtout ne s’investit plus du tout. Et c’est grave.
Aujourd’hui, pour remettre l’OM sur les rails, l’alternative est simple à énoncer, et difficile à concrétiser : ou bien Robert Louis-Dreyfus devient enfin un Président en exercice, ou bien alors il doit constater avec lucidité que son inaction constitue pour l’OM un obstacle majeur, et en tirer toutes les conséquences.