La trêve hivernale, c’est plus ce que c’était. Jadis rythmée par les transferts rocambolesques et les chamboulements d’effectifs, la version 2004-2005 aura déçu plus d’un fanatique du football-monopoly, et avec eux, les marchands de torchons à sensation. Certes, les plus décérébrés ont pu rêver tantôt d’un Morientes, tantôt d’un Totti. Certes, les esprits les plus exaltés espèrent encore un gigantesque coup de bluff du flambeur Robert. Mais au jour de la reprise, il est temps de reposer les pieds sur le sol ferme, très ferme, de la Commanderie, et de laisser au firmament les rêves de strass et de paillettes. Les stars n’y sont de toutes façons plus en odeur de sainteté : les champions télégéniques et les caprices de divas, c’est pas trop le genre du nouveau maître des lieux…
Le surfeur de Saint-Jean-de-Luz en sait quelque chose. Arrivé tout fringant au mercato, le Basque n’a guère bondi, sinon pour rejoindre la Bavière en catimini. Tout avait pourtant bien commencé : des premiers matches convaincants, où Mr Elsa s’était montré quasi imprenable sur son flanc gauche, suivis d’une série de rencontres où ses qualités offensives commencèrent à poindre de nouveau le bout de leur nez. Une entrée en matière satisfaisante, donc, que deux événements suffirent à enrayer : primo, la boulette de sa carrière contre le PSG, qui émoussa brutalement une confiance que l’on imaginait plus solide ; secundo, le remplacement du gentil José par le très très méchant Philippe, dont l’exigence n’a d’égal que la bonhomie du premier. Vexé de se voir préférer un Salomon pourtant peu royal, celui dont on vantait l’orgueil et l’amour propre a fui comme un sous-fifre, abandonnant hâtivement le défi que lui avait lancé Troussier, sans avoir jamais réellement lutté.
Place aux jeunes, tel semble être le credo du fossoyeur d’idoles. Au crépuscule des vieilles gloires doit correspondre pour lui l’aurore des jeunes premiers : Pedretti et Luyindula, à en juger par leur dernière sortie, ont reçu le message. Acceptant leur sort sans jamais se plaindre, les deux internationaux français ont fait preuve d’une sagesse remarquable – puisse le destin leur en savoir gré. Le match de Coupe de France de cet après-midi pourrait nous apporter une once de confirmation. Certes, recevoir Angers à la maison, le foie gras et le saumon à peine digérés, ça n’ouvrira peut-être pas l’appétit de victoire de nos troupes. Mais quand on a goûté au placard, on sait qu’on y entre plus facilement qu’on en sort, et bien culotté sera celui qui osera s’économiser samedi après-midi… La carotte ne suffit pas à faire avancer un âne gavé ; le bâton, parfois.