Amenés à prendre la succession d’Albert Emon et de Didier Deschamps, Eric Gerets et Elie Baup avaient également réalisé des débuts spectaculaires. Néanmoins, la communion qui lie Marcelo Bielsa à l’OM est unique de précocité et contamine la ville à une vitesse prodigieuse. Il n’est pas toujours évident que les changements d’entraîneurs amènent des modifications très profondes, tant dans le discours et la méthode qu’en termes de dispositif tactique. Dans le cas présent, on peut toutefois penser que le quotidien des membres de l’équipe première olympienne a changé du tout au tout.
Les joueurs ont découvert un nouveau métier
N’en déplaise à certains de ses protagonistes, le championnat hexagonal n’est pas connu pour être à la pointe de l’innovation en ce qui concerne les exercices d’entraînement. Au début de l’été, alors qu’il avait demandé à faire d’importantes modifications au centre Robert Louis-Dreyfus, certains avaient pourtant jugé bon de qualifier El Loco de militaire, voire de dictateur. D’autres avaient vilipendé le contenu de sa préparation physique estivale. Les six victoires obtenues en huit journées leur ont retiré la parole. Elles démontrent que Marcelo Bielsa n’est pas le farfelu qu’ils croyaient. Et, quand Elie Baup ou José Anigo éprouvaient toutes les difficultés du monde à les mettre au travail la saison passée, les joueurs phocéens semblent avoir compris qu’il faut se lever le maffre chaque jour pour progresser. On peut se demander si la présence d’un entraîneur argentin ne les amène pas à faire davantage de concessions. Désormais, les Provençaux bossent leur tactique comme des fadas et s’améliorent de semaine en semaine. Comme à l’étranger, en somme.
Bielsa a réconcilié une ville avec son équipe
Si l’OM nous esbaruscle autant, c’est avant tout parce que la Ligue 1 n’est pas une habituée des shows offensifs. Le championnat français présente la moyenne de buts par match la plus faible, parmi les cinq plus réputés. Il faut remonter à la saison 1985-86 pour voir une équipe inscrire autant de buts que la formation de Bielsa en huit journées (le RC Lens, 23 buts). Et, en ce qui nous concerne, la dernière à être parvenue à faire aussi bien était celle de Mario Zatelli en 1970-71. Elle réunissait quelques légendes telles Josip Skoblar, Roger Magnusson et Joseph Bonnel. Ainsi, les Olympiens ont séduit les fans non seulement pour leurs victoires, mais aussi pour le spectacle qu’ils procurent. Arrivé de Rosario sans rien connaître à Marseille, le Fada est parvenu à réconcilier toute une ville avec son équipe. C’est un tour de force que l’on doit à Vincent Labrune, qui a eu le culot de tenter ce qu’aucun autre président de Ligue 1 n’aurait osé. Dimanche soir, l’engouement des supporters était somptueux et, le toit aidant, l’ambiance du Stade Vélodrome était digne de celle des plus belles heures. Elle devrait être encore meilleure dans les semaines à venir.
Rien ne garantit que la suite de la saison sera à la hauteur de ce que l’on a vu jusqu’à maintenant. Néanmoins, quel pied de voir un OM de cette qualité ! Les joueurs mouillent le maillot et font preuve d’une générosité que l’on ne leur avait plus connue depuis des lustres. Les adversaires de L1 étant désormais avertis du danger qui les guette, le plus dur reste à venir. On espère que les joueurs sauront maintenir ce niveau d’implication et garderont l’humilité qui est la leur depuis plusieurs semaines.