Sommet de la 4ème journée de Ligue 1, le match entre l’OM et Bordeaux l’est aussi de par l’histoire respective et commune de chacun des deux clubs. À la lutte avec les Marseillais pendant trente-huit journées la saison dernière, les Bordelais avaient décroché le titre au bout du suspense. Un scénario rappelant étrangement le dénouement de 1999. Avec dix titres de champion, dix coupes de France, une Ligue des Champions, et trois finales européennes, l’OM est le maître artificier du football français, mais Bordeaux – notamment de sa grande époque des années 80 – a su faire son trou dans le paysage footballistique hexagonal. Six titres de champion de France, trois coupes de France, trois coupes de la Ligue, et trois Trophées des champions garnissent la vitrine du Haillan. Autant dire que la véritable rivalité sportive française, c’est Marseille-Bordeaux. Dimanche soir, au Vélodrome, les deux clubs prendront à nouveau acte. Deux points – en faveur des Girondins – séparent les deux équipes. Ce match conditionnera déjà à coup sûr la suite de la saison. Zoom en questions.
Deschamps pourra-t-il enfin aligner son équipe-type ?
C’est en bonne voie. Sauf forfait de dernière minute, le Basque peut compter sur les forces vives de son effectif. Et ce sera bien la première fois cette saison. Les spécialistes déclarent souvent que la notion » d’équipe-type » n’existe pas. Qu’un roulement (ou turn-over) doit s’installer pour dynamiser la totalité d’un groupe professionnel. Or, un entraîneur, son staff, et sa hiérarchie effectuent bien souvent une campagne de recrutement dans le but de dégager une colonne vertébrale. À Grenoble, Mbia était suspendu, et Bonnart forfait. Face à Lille, Bonnart était toujours blessé, et le Camerounais était fiévreux. À Rennes, enfin, Edouard Cissé avait été préféré à… Mbia, toujours, pour débuter. Hormis Lucho Gonzalez, blessé de longue date, et dont le retour n’est pas prévu avant mi-septembre, Didier Deschamps aura donc toute latitude pour composer son onze face aux Girondins. Deux interrogations voient alors jour : Ben Arfa conservera-t-il l’immunité alors que ses prestations frôlent le néant ? Morientes sera-t-il appelé à débuter en pointe, de par son expérience des grands rendez-vous ?
La pénurie de défenseurs centraux peut-elle être un handicap pour Bordeaux ?
Un marabout aurait-il jeté un mauvais sort aux défenseurs centraux bordelais ? C’est l’hécatombe avant le déplacement à Marseille, et seul le Brésilien Henrique est à 100% pour affronter l’OM. Ciani se remet d’une douleur à la malléole au pied droit. Il a été ménagé vendredi encore, et sa présence sur le terrain n’est pas encore garantie. Planus, lui, s’est fracturé la main droite. Il pourrait participer au match avec une protection. En cas de double forfait, les solutions qui se présentent à Laurent Blanc ne sont pas légion. L’inexpérimenté Ludovic Sané est la seule alternative fonctionnelle, depuis l’officialisation du prêt de Matthieu Saunier à Rodez (National). Ultime option : faire reculer Alou Diarra d’un cran. Cette solution démunirait alors fortement l’entre-jeu girondin, bâti autour du capitaine et international français. Il est donc clair qu’on espère une participation des titulaires du côté de Bordeaux. Sinon, l’enchainement de 14 victoires consécutives – meilleure série de l’Histoire – pourrait voler en éclats.
Deschamps-Blanc : peut-il y avoir un match ?
En 1998, Didier Deschamps soulevait la Coupe du Monde et devenait ainsi le premier capitaine d’une équipe de France à remporter un trophée de ce prestige. Son vice-capitaine, autre véritable taulier d’Aimé Jacquet, était alors Laurent Blanc. Les deux joueurs ont suivi une trajectoire similaire en sélection et se sont affirmés comme des icones de la victoire à la française. Onze ans plus tard, ce n’est pas une surprise de les retrouver face à face sur des bancs de Ligue 1. Pas n’importe quels bancs, puisque Dédé entraîne l’OM et Lolo les Girondins de Bordeaux. Soit ce qu’il se fait de mieux en France à l’heure actuelle. Si Deschamps est dans le circuit depuis 2001, avec des expériences à Monaco et à la Juventus Turin, Blanc n’exerce lui que depuis 2007. Un retard à l’allumage qui ne l’a pas empêché de – déjà ! – remporter un titre de champion de France, une Coupe de la Ligue, et deux Trophées des Champions. Ce sont deux coachs brillants qui se retrouvent donc au Vélodrome. Mais avant d’être un combat d’hommes, ce sera une opposition d’idées. Mais qu’on ne s’y trompe pas ; à ce niveau, ce sont les joueurs sur le terrain qui feront la décision !