OM – Bordeaux : pas de sentiments

Nous y sommes… Le temps des matchs couperets, des points qui valent cher, du money time – comme on dit en basketball. Cette rencontre c’est un peu l’essence qui nourrit ce sport et ses supporters. Une rivalité trentenaire, une incertitude inquiétante, et un enjeu sportif majeur. Malheureusement, cet enjeu est pour Bordeaux le titre de […]

Nous y sommes… Le temps des matchs couperets, des points qui valent cher, du money time – comme on dit en basketball. Cette rencontre c’est un peu l’essence qui nourrit ce sport et ses supporters. Une rivalité trentenaire, une incertitude inquiétante, et un enjeu sportif majeur. Malheureusement, cet enjeu est pour Bordeaux le titre de champion, car ils peuvent mettre à mal l’hégémonie d’une équipe lyonnaise à bout de souffle. Du côté Olympien, la lutte est en revanche nécessaire à l’obtention de l’objectif minimum. Quel que soit le résultat, il y aura ce soir une équipe très déçue. Raison de plus de ne pas avoir d’hésitations et d’empocher les trois points.

Au coup d’envoi, les deux équipes seront dos à dos, à la manière de duellistes. Ils avanceront lentement, la main sur la gâchette, et celui qui aura la chance ou le reflex de se tourner et de tirer en premier, prendra un ascendant énorme. La perte du titre, ou l’adieu à la Ligue des Champions, voilà qui peut couper les jambes. Car si Lyon et Nancy sont loin d’être des foudres de guerre, ils capitalisent et se trouvent en position de force après les matchs d’hier soir. Cette absence de droit à l’erreur fait presque penser à une finale sans trophée, une sorte de bataille dramatique pour la survie de son rêve.
Cette rencontre sera également l’occasion de voir le retour du Président au Vélodrome. Celui qui aura marqué l’OM lors de son passage en tant que joueur, sublimant le maillot, revient à la tête d’une équipe à son image. Solide, appliquée, relativement discrète mais efficace. En somme, il personnifie assez bien l’image de Bordeaux comme Gerets illustre celle des Phocéens. Du caractère, de l’ambition, de la passion. Cela manquait, à Marseille, d’avoir un homme aussi impressionnant sur le banc. Et ça doit leur faire tout drôle aux Girondins, de passer de Ricardo à Lolo ! Leur différence de niveau sur le banc est proportionnelle à celle sur le terrain, tant Blanc incarnait le serein et Ricardo le bourrin. En une saison, le Président montre qu’il a le football dans la peau, et sera le principal rival du Lion de Rekem pour l’élection du meilleur coach de l’année. C’est avec une certaine nostalgie qu’on le voit réussir ailleurs, lui qui nous a fait vibrer, notamment par des penalties transformés face à Montpellier et Bologne. Son seul défaut sera donc d’entraîner Bordeaux, club aussi envoutant que le regard d’une huître du bassin d’Arcachon. C’est pour cette raison que l’affection pour Blanc sera à mettre de côté 90 minutes durant, le temps d’avaler cette équipe de mollusques de la passion.

Des huitres, il ne faudra en obtenir que la perle. Celle qui nous placerait à nouveau devant Nancy, en espérant que les lyonnais vont enfin gagner un match contre une équipe classée en haut de tableau, le weekend prochain. A défaut de victoire, c’est le goût salé et gluant qui nous restera en bouche. Il y a deux ans, les supporters bordelais s’étaient félicités de chambrer leurs homologues phocéens par une banderole. Le Ligue des Champions à la télé, non merci. En se qualifiant, l’OM priverait les Girondins de diffusion, l’attractivité médiatique de ce club étant proche du néant. Alors c’est pour cela que Lolo, malgré notre amour pour toi, il n’y aura pas de sentiments ce soir. A trois journées de la fin, espérons que la lumière ne vienne pas de toi !