Didier Deschamps peut boucler la boucle. Une boucle longue, sinueuse et écharpée. Une boucle qui a commencé à se former le 26 mai 1993 et qui attend désormais de se refermer. De 1993 à 2010, il y a dix-sept ans. Dix-sept longues années de disette depuis le dernier titre décroché par l’OM en compétition officielle (si on excepte sa consécration symbolique en coupe Intertoto en 2005). Ce soir de mai, Deschamps et sa bande avaient fait vaciller le grand Milan en finale de la Ligue des Champions (1-0). En bon capitaine, le Basque avait alors brandi bien haut la coupe aux grandes oreilles dans le ciel de Munich. Depuis, plus rien. Quatre finales perdues : 0-3 face à Parme (UEFA 1999), 0-2 face à Valence (UEFA 2004), 1-2 face au Paris Saint-Germain (Coupe de France 2006), défaite aux tirs au but face à Sochaux (Coupe de France 2007). De quoi blaser. Mais aussi, donner de l’espoir. 2010 pourrait être enfin la bonne. Celle qui dépoussière une étagère que l’on s’était presque résignés à voir inchangée encore longtemps. Ce samedi, Didier Deschamps pourrait de nouveau soulever un trophée. Comme entraîneur. Tout un symbole. Dernier capitaine et premier entraîneur, dix-sept ans après. Et il est très loin d’y être pour rien.
De Milan à Bordeaux, il n’y a qu’un pas. Le Basque est prêt à bondir sur l’Histoire avec un grand H. Celle du football, en l’occurrence. Mais surtout celle de l’OM. Club le plus populaire de France, jalousé, haï de toutes parts, mais adoré par tout un peuple. Ce peuple n’a pas la mémoire courte et sait se rappeler. Deschamps fait partie de la famille à tout jamais. Face à Milan, il a été le relais sur le terrain de la hargne de Tapie et du savoir-faire de Goethals. Le compétiteur qui a su tirer tout un groupe de stars vers le haut et la soif de victoire. Il insuffle cette même abnégation aux garçons de 2010. De quinze à vingt ans leur aîné, il sait de quoi il parle et il sait trouver les mots pour les galvaniser. Le meilleur exemple est la transformation de Ben Arfa. Face à Bordeaux, il sait qu’il ne peut pas se louper. L’OM non plus. Après quatre tentatives infructueuses en huit ans, le club est mur. Et ce destin est surprenant. Comme si le temps s’était arrêté de 1999 à 2007 pour attendre DD le messie.
L’OM n’a pas gagné et a un match à jouer face à Bordeaux. Mais l’histoire semble tellement belle, écrite à l’avance. Certes, la Coupe de la Ligue n’est pas la Coupe de France, et encore moins le championnat, qui échappe au club depuis 1992. Mais un titre reste un titre. Même sans Cheyrou, le stratège, le collectif semble armé pour aller au bout. Deschamps l’a façonné contre vents et marrée. Lucho, Heinze, Diawara, Cissé : c’est lui. Ces choix ont parfois surpris. Mais, il fallait du temps. Du temps pour que l’empilement de noms ronflants deviennent un mélange huilé et parfaitement homogène. Malgré le couac Benfica, Deschamps a trouvé la recette. Nul ne doute qu’en cas de difficulté, face à Bordeaux, il trouvera à coup sur la solution. Parce que c’est écrit…