Les quinze dernières minutes de la dernière Coupe de France et du championnat 2005/2006 auront laissé un goût amer aux joueurs et aux supporters de l’Olympique de Marseille. L’espoir né avec le printemps n’aura donné qu’un bourgeon, mais pas de fleur. Pape Diouf, à travers des décisions pertinentes, a préféré garder la racine et sa tige naissante, car la sève qui coule à l’intérieur semblait de nature à donner une plante à la fois solide, carnassière et parfumée. Aujourd’hui, ceux qui s’amusaient de voir l’OM rater la Ligue des Champions en mai viennent au Vélodrome avec crainte. Inspirer le respect et faire parler en bien, voilà le premier fruit récolté par les olympiens cette année. La culture de la gagne, oubliée du côté de la Commanderie ces dernières années, a quand même du bon…
Invaincus en L1 dans la forteresse boulevard Michelet depuis la dernière visite des Girondins, l’OM occupait avant cette journée la première place au classement depuis trois journées, avec en point d’orgue une belle victoire au Parc. S’épanouir en terre hostile est le propre des plantes vivaces, mais le faire dans son jardin donne racine aux plus belles saisons. Car vaincre à domicile, donner du spectacle à ses supporters et garder cette bonne ambiance dans le groupe sont le meilleur engrais pour cette équipe qui, en cas de succès ce soir, pourra vraiment regarder l’avenir avec ambition. L’architecte paysagiste Diouf, le pépiniériste Anigo et le jardinier Emon ont su pour le moment allier leurs compétences pour donner une composition réussie. Certes nous pouvions craindre le pire suite aux départs de tuteurs comme Fabien Barthez ou Frédéric Déhu, mais la plante n’a pas fléchit et les jeunes pousses Carrasso et Zubar les ont fait oublier. La défense et l’apport de Lorik Cana sont de très bons pesticides, tandis que Ribéry, Nasri et Niang sont jusqu’à présent des abeilles très efficaces pour apporter le pollen estampillé OM sur le pistil des buts adverses. Certes les fleurs ne se récolteront qu’au prochain printemps, mais le rude automne connu l’an dernier nous a montré que les dix premières prestations sont primordiales quand on veut avoir un bouquet réussi. L’été se termine officiellement le 23 septembre prochain. Espérons qu’avant de connaître la saison des vendanges, les olympiens sauront faire le plein de soleil et qu’ensuite les feuilles mortes ne se ramasseront pas à la pelle…
Difficile de ne pas parler vin quand vient le match face à Bordeaux. Les hommes au scapulaire sortent d’une saison de grand cru quand on jette un oeil à leur bilan. Mais si le millésime est une garantie de revenus importants, il suffit de regarder le jeu développé pour avoir un goût de vinaigre dans la bouche. Ricardo, en implantant un système vignoble rugueux, a enlevé tout le moelleux de cette équipe. Malgré le retour de Micoud et son jeu soyeux, un match des Girondins ne laisse qu’un souvenir âpre et piquant dans le palais. Le technicien est brésilien de naissance, mais doit avoir des chromosomes allemands et un lien de parenté direct avec les inventeurs du catenaccio italien. Alors qu’avec des joyaux comme Faubert ou Mavuba il pourrait régaler tout le monde, voir son équipe évoluer pendant 90 minutes est comparable au fait de s’envoyer quelques douzaines d’huîtres du bassin d’Arcachon.
De plus, la récente rencontre face à Galatasaray a laissé des traces, et l’absence de Planus pourrait fendre le tonneau girondin et faciliter la mise en bouteille de trois points très importants pour nos favoris. Néanmoins cela ne va pas être une partie de plaisir, et il va falloir se retrousser les manches pour se laisser enivrer du parfum capiteux d’un nouveau succès. Il faudra donc maîtriser l’oenologie mais surtout son football pour garder l’appellation d’origine contrôlée de leader du classement. Un automne fruité et coloré comme celui de Giuseppe Arcimboldo en dépend.
Le calme monacal à la Commanderie, le retour au premier plan sportif de l’OM, et sa bonne gestion actuelle permettent de faire un premier bilan simple et encourageant : l’OM va bien. Moins de parasites en gravitation autour du club et un été ensoleillé pourraient être garants d’un avenir fleurit. Mais avant de rêver à de belles récoltes, il faut savoir garder la tête froide et travailler la terre pour y planter de nouvelles graines de succès. Ce soir, espérons que les olympiens auront la main verte. Et comme le dit le proverbe, » Le vin qu’on a bu ne vaut pas le vin qu’on va boire « . Alors trinquons !