C’était une époque où les clubs français (un en tout cas) pouvaient rivaliser avec les clubs étrangers, où l’arrêt Bosman n’existait pas et où Arsenal ne pouvait aligner aucun joueur anglais sur un match, où les tacles à la carotide était toléré et où le Conseil National d’Ethique n’existait pas. C’était une époque où les brushings de Bernard Tapie ne choquait personne, où Jean-Pierre Bernès n’était pas agent de joueurs, où Raymond Goethals nous faisait marrer avec sa cigarette au coin de la bouche et avec son parler-vrai. C’était une époque où le Vélodrome était en feu à la moindre étincelle, où les supporters ne crachaient pas sur leur joueur même s’il avait tort, où le Boss virait son entraineur s’il n’était que deuxième au classement, où on jouait tous les titres et où on y mettait les moyens, une époque où les joueurs ne parlaient pas à leurs adversaires avant les rencontres.
C’était l’époque où on devait déjà supporter Bietry et Gilardi avec leur journalisme de fan du PSG, où les consultants ne se prenaient pas pour des experts du foot, où nous n’avions que 5 chaines, où internet n’existait pour le grand public et où La Provence était lue comme si c’était la Bible. C’était une époque où on ne parlait pas de dopage mais où il n’y avait pas un Xavi qui court comme un lapin après 90 minutes de jeu malgré ses 33 ans, une époque où le football français n’avait gagné qu’un titre (celui de champion d’Europe des Nations avec Michel Platini) et était empli d’un réel complexe d’infériorité, où Claude Bez arrivait au Vél en limousine, une époque où on ne savait pas si Lyon avait un club de foot. C’était une époque où les joueurs avaient tous envie de jouer à l’OM, où les spectateurs se battaient pour les voir au stade, où les maillots de foot ne coutaient pas une blinde et où Marseille jouait systématiquement avec ses couleurs plus soucieux de son identité et du fric qu’elle pouvait engranger.
C’était une époque où Bill Clinton ne jouait pas encore avec ses cigares, où Frederik de Klerk et Nelson Mandela étaient auréolés du prix Nobel, où Alain Prost fêtait sa 50ème victoire en Grand Prix, où Limoges tutoyait l’Europe en basket, où un cycliste chargé comme une mule pouvait remporter le Tour de France sans gagner une seule course, une époque où certains footballeurs faisaient des trous dans leur jardin, où on faisait Paris-Béthune en une heure, où Aimé Jacquet était nommé à la tête de l’équipe de France, où Jim Courier courrait et où Pete Sampras gagnait, où Castres recevait le bouclier de Brennus, une époque où Florian Thauvin gazouillait dans sa poussette
C’était une époque où Berlusconi ne s’était pas encore fait lifté, où Van Basten, Gulitt et Rijkaard étaient dans le club meilleur club du monde, une époque où ce meilleur club avait une bête noire qui s’appelait l’OM. Cet OM-là avait des demi-sels, des stars vieillissantes et des futurs grands. Ce n’était pas la plus belle équipe de la décennie (on lui préfère celle de 1991) mais celle qui a marqué l’histoire avec ce premier et seul titre européen. C’était le 26 mai 1993.