OM : de l’ombre à la Luz

Face à une équipe redoutée par nombre d’observateurs et dont le tableau de chasse en Liga Sagres comme en Europa League pouvait faire craindre une déconvenue, les Marseillais ont pris la mesure de leur adversaire dès l’entame de match. Si cette rencontre était censée étaloner le niveau actuel de l’Olympique de Marseille, on peut dire […]

Face à une équipe redoutée par nombre d’observateurs et dont le tableau de chasse en Liga Sagres comme en Europa League pouvait faire craindre une déconvenue, les Marseillais ont pris la mesure de leur adversaire dès l’entame de match. Si cette rencontre était censée étaloner le niveau actuel de l’Olympique de Marseille, on peut dire que le onze de Didier Deschamps a énormément progressé dans certains domaines tout en marquant le pas dans d’autres.

Une tactique et une seule
Le coach marseillais a longtemps cherché la bonne formule pour faire jouer aux mieux ses troupes, jusqu’à trouver un soir de janvier 2010 face à Lille le parfait équilibre et la meilleure utilisation de ses éléments forts. Un milieu à cinq avec Edouard Cissé en sentinelle, Lucho Gonzalez et Benoit Cheyrou en milieux polyvalents ainsi que deux purs offensifs sur les côtés (Hatem Ben Arfa ou Mamadou Niang sur la gauche et Mathieu Valbuena ou Bakari Koné sur la droite) et le tout avec un seul joueur en pointe ! Rien de bien neuf puisqu’Eric Gerets utilisait avec succès un schéma proche de celui-ci la saison passée, notamment en seconde partie de saison. Il apparait en tout cas que c’est dans cette configuration que l’OM joue le mieux !

Une garde noire de fer
Jeudi, il y avait deux grands joueurs sur le gazon de l’Estadio da Luz : le très prometteur David Luiz sous le maillot des aigles et Stéphane Mbia côté olympien. Puissant, vif, rapide, roublard, souvent bien placé, l’international camerounais a montré de nouveau qu’il avait l’étoffe d’un grand défenseur central. On espère qu’il prendra du plaisir peu à peu à jouer à ce poste qu’il n’apprécie guère pour le moment.
A ses côtés, Souleymane Diawara a fait parler sa puissance et son métier. L’ancien bordelais parle désormais beaucoup sur le terrain et semble avoir pris en main cette défense. C’est lui le boss et personne ne peut lui contester ce rôle. En guise de déclarations, le sénégalais a décidé de se protéger et de faire plutôt parler ses performances. Leur association révèle en tout cas une plus grande complémentarité qu’on ne pouvait le penser.

Le milieu fait la loi
Dès le début de la rencontre, Cissé, Cheyrou et Lucho ont étouffé le milieu du Benfica avec un pressing à tiroirs bien orchestré et dont les hommes de Jorge Jesus ont eu bien de la peine à se défaire. Parfois même en allant chercher plus haut sur Luisao notamment, les Marseillais ont fait collectivement ce que d’autres ne faisaient auparavant qu’individuellement. Bien plus efficace ! Et ce n’est pas une nouveauté puisqu’on a pû voir lors des derniers matchs des embryons de ce qui fut longtemps utilisé comme une arme fatale par Raymond Goethals avec l’OM. En tirant le meilleur parti de ses trois joueurs, Deschamps a permis à ses hommes de faire une première mi-temps de très haut niveau qui aurait mérité un ou deux buts peut-être. Très encourageant !

Une attaque et des bémols
En privilégiant la position préférentielle de son atout maitre Mamadou Niang, dans l’axe, Didier Deschamps a surtout opté pour bloquer le couloir du très offensif latéral urugayen Maxi Perreira et mettre dans le doute Luisao (dont la vitesse n’est pas sa grande force) avec la vivacité de l’international sénégalais. Pari gagné, car le Brésilien a systématiquement été mis en difficulté sur les accélérations du Marseillais, mais Niang a tout de même éprouvé des difficultés face à l’excellent David Luiz ! L’OM s’est créé beaucoup d’occasions ce soir-là comme à l’accoutumée, mais a de nouveau manqué de réalisme avec notamment deux énormes opportunités de Lucho Gonzalez et une belle tête de Niang.

Mandanda, où es-tu ?
Plus décisif depuis bien longtemps, Steve Mandanda connait une période bien difficile, avec notamment jeudi un but concédé face au Benfica Lisbonne sur une faute de main manifeste. Malgré tout son talent, il connait une grosse phase de doute et ses performances s’en ressentent. Après le manque d’engagement face à la charge de Chamakh, le voilà de nouveau responsable d’un résultat moins favorable qu’il n’aurait du l’être pour les Marseillais. Le gardien de l’OM doit se reprendre !

La montée en puissance de Ben Arfa
Celui que l’on qualifiait il y a peu d’intermittent du spectacle est entrain de prendre une nouvelle dimension depuis quelques semaines. Bien que médiocre hier soir sur chacun de ses choix, Hatem Ben Arfa a été décisif sur sa seule opportunité et c’est bien là l’essentiel pour un offensif. Après plusieurs buts (PSG, Copenhague…) lors des derniers matchs, Ben Arfa semble libéré de ses vieux démons. Plus constant, plus enclin aux taches ingrates, le Marseillais a mûri et son jeu s’en ressent. Il postule désormais clairement pour une place à la Coupe du Monde.

Après les deux confrontations face au Milan AC et au Real Madrid, l’OM a de nouveau manqué de réalisme en Coupe d’Europe en se créant bon nombre d’occasions sans pour autant arriver à tuer le match. Bien au contraire, les Marseillais ont failli repartir de l’Estadio da Luz avec une défaite. Si dans l’animation et l’organisation, l’OM a beaucoup progressé, une bonne dose de réalisme en attaque sera nécessaire pour espérer plus en Europa League. Marseille a les moyens de faire quelque chose dans cette compétition mais il faudra plus de rigueur et d’application à la finition pour espérer aller plus loin !