En fin de saison 2010/2011, Vincent Labrune s’inquiète ouvertement du déficit que l’OM pourrait enregistrer. Le président de l’OM, Jean-Claude Dassier, nie l’existence de ce trou financier mais est tout de même débarqué un an avant le terme de son contrat. On apprendra plus tard que Margarita Louis-Dreyfus a du injecter 16 millions d’euros pour remettre le club phocéen à l’équilibre et empêcher qu’il soit rétrogradé en Ligue 2 par la DNCG. En juin 2009 alors que Pape Diouf est viré par RLD sous l’impulsion de Vincent Labrune, l’OM était pourtant le club qui faisait le plus de bénéfices en France. Mais la vision à court terme de Didier Deschamps guidé par une incroyable soif de titres et la générosité de l’ancien patron de l’information de TF1 ont mis l’OM dans cette situation. On aurait pu croire que ce serait la fin de cette dérive mais ce n’est pas le cas puisque cette saison, l’Olympique de Marseille sera le club le plus déficitaire de France avec le PSG (qui s’inscrit lui dans une toute autre démarche). Retour sur une incroyable année.
Une politique de rigueur voulue par Labrune et MLD
Agacée (et on peut la comprendre) par les millions dépensés à combler les pertes de juin 2011, Margarita Louis-Dreyfus demande à Vincent Labrune, promu nouveau président de l’OM, de serrer la vis et d’engager une politique de rigueur. Une intention louable puisque l’intérêt de l’OM est d’être indépendant de son actionnaire et de dégager le plus de bénéfices possibles pour investir et pourquoi pas être racheté.
Vincent Labrune décide donc de se séparer de Gabriel Heinze (même si c’est Dassier qui le fait), d’Edouard Cissé (qui a beaucoup joué les deux saisons précédentes avec 64 matchs en tant que titulaire) et de beaucoup de lofteurs qui ne jouaient plus et qui sont libérés par le club. On retrouve parmi eux Vitorino Hilton qui fait actuellement les beaux jours de Montpellier, Fabrice Abriel, Charley Fomen… Taye Taiwo, lui, part gratuitement après une gestion calamiteuse de son cas par Didier Deschamps (au niveau sportif) et les dirigeants (au niveau de son contrat qu’il n’a pas souhaité prolonger). Pour la première fois depuis longtemps, l’OM ne vend pas un seul joueur de l’été mais dégraisse abondamment. On pensait alors l’OM sur la bonne voie et capable de renouer avec les bénéfices en fin de saison…
Un recrutement qui affaiblit l’OM
Si l’OM n’a pas vendu un seul joueur, Didier Deschamps a cependant souhaité recruter, même s’il est tenu par un enveloppe plutôt insuffisante : 11 millions d’euros. Sa priorité se porte sur Alou Diarra qu’il veut absolument depuis 2 ans et qu’il recrute pour 5.5 millions d’euros mais surtout un salaire démentiel de 3.6 millions d’euros par saison (source Le Parisien). Les mois suivants nous montreront qu’il n’en mérite pas le quart. Pour pallier au départ de Taye Taiwo, Jérémy Morel est recruté pour 1.8 millions d’euros. L’ancien Lorientais n’a pas le même rendement que le Nigérian qui était à Marseille depuis de nombreuses années et s’avère assez décevant. En tout cas pas au niveau pour être titulaire dans un quart de finale de Champions League. Morgan Amalfitano est recruté gratuitement (fin de contrat) avec un salaire conséquent (190 000 euros bruts par mois) mais alterne le bon et le moins bon. Gennaro Bracigliano est recruté pour être second gardien à la place d’Elinton Andrade qui ne donnait pas satisfaction à Didier Deschamps. Sans avoir joué un seul match de la saison, le Brésilien est propulsé titulaire face au Bayern Munich après que, quelques jours plus tôt, Bracigliano n’a pas donné satisfaction à … Didier Deschamps. Niveau économie, on a vu mieux. Seule réelle satisfaction, Nicolas Nkoulou, recruté pour 3.5 millions d’euros montre plus qu’on ne pouvait l’imaginer. Pas certain d’ailleurs qu’il reste à Marseille très longtemps.
Toujours est-il que cette politique de restriction amène inévitablement l’OM à s’affaiblir d’autant qu’André-Pierre Gignac reste blessé la quasi-totalité de la saison et que Lucho Gonzalez ne met pas un pied devant l’autre durant les 4 premiers mois de la saison. Ce dernier est d’ailleurs cédé 2 millions d’euros (que l’OM devait à Porto) alors qu’il avait été payé 22 millions d’euros à ce même club deux saisons avant. Un mauvais choix économique pour un joueur acheté bien trop cher et vendu bien trop peu. Une décision qui soulage les finances (une économie de 9 millions d’euros chargés) mais qui plombe le sportif ?
La série noire qui plombe la saison de l’OM
Malgré un début de championnat catastrophique, l’OM se reprend fin novembre et en décembre pour revenir dans le coup pour la troisième place qualificative en Ligue des Champions. Certains parlent même d’une chance pour accrocher le titre de champion de France au terme de la saison. Le mercato hivernal entérine le départ du salaire le plus élevé du club (4.3 millions d’euros bruts par an), Lucho Gonzalez, et le retour du Brésil de Brandao dont le salaire était déjà payé en partie par le club phocéen. S’en suivent quelques matchs où Marseille arrache des victoires inespérées en janvier pour décrocher complètement en février et en mars 2012. Ainsi lors de ces deux mois, l’OM a enregistré seulement 3 victoires en 14 matchs, 3 nuls et 8 défaites. Les Marseillais empochent en L1 3 points sur 24 possibles. Mais oh miracle, les Olympiens sortent l’Inter Milan en huitième de finale de Ligue des Champions alors que les Nerazzuri sont eux aussi en crise (ce qui conduira au limogeage du deuxième entraîneur de la saison Claudio Ranieri quelques défaites plus tard).
L’Olympique de Marseille pointe alors à la 9ème place du classement de L1, à 20 points du leader et à 13 points du troisième, le LOSC. Marseille n’a donc plus aucune chance de jouer la très lucrative Ligue des Champions la saison prochaine. Le début du désastre ?
L’OM ou la fin d’un cycle ?
Qualifié chaque saison pour la Champions League depuis la saison 2006/07, l’OM ne sera pas présent l’année prochaine dans cette prestigieuse compétition. La faute à des choix sportifs et économiques malheureux qui dans un premier temps ont paru intéressant mais qui au final se sont avérés financièrement catastrophiques. En voulant rompre brutalement avec une politique dépensière de l’après-Diouf, Vincent Labrune a pris le risque de la rupture. Le challenge était de dépenser moins pour investir demain. Or en fin de saison, Margarita Louis-Dreyfus devra à nouveau mettre la main à la poche. Bien plus que la saison précédente. Toute l’économie de l’OM mise en place par Pape Diouf reposait sur deux axes : vendre bien quelques joueurs acheté à petit prix quelques temps plus tôt et être présents chaque saison en Ligue des Champions. Ce cercle vertueux est rompu. Pour les prochaines années, irons-nous vers ce retour aux fondamentaux ou glisserons-nous vers un autre système ?
Bien moins dominateur dans l’hexagone en terme de notoriété avec la fin de la bipolarité et l’émergence de plusieurs clubs comme le LOSC et l’OL, l’Olympique de Marseille peine à passionner comme en témoignent la baisse de fréquentation au Stade Vélodrome et l’érosion des taux d’audience. Marseille a perdu de son attractivité et de la passion qui entourait le club jadis. Et ce n’est pas tant les résultats sportifs qui ont scellé ce désamour. Sans panache depuis plus de 2 saisons, l’OM a certes engrangé des titres mais a aussi perdu de sa singularité et de son prestige. Il faudra du temps pour retrouver cette passion d’antan qui faisait déchainer les foules et ce n’est hélas pas les titres qui donneront ce sursaut d’amour mais plutôt l’affirmation d’une identité et de valeurs fortes et intemporelles.