Comme il l’a indiqué la semaine dernière au Parisien, Vincent Labrune considère que l’OM a les moyens de « lutter contre les stars du Paris-SG ». Le président phocéen vise le podium, synonyme à minima de qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Une participation à la compétition reine assurerait effectivement des revenus conséquents et, sous réserve de bons choix de recrutement, elle permettrait au club de réintégrer sa spirale de progression. D’autant plus que l’augmentation des droits télévisuels européens, provoquée par la concurrence que se livre BeIN Sport et Canal Plus, compense un peu mieux qu’autrefois la fatigue générée par la participation à la C1.
Comment y parvenir ?
Lutter avec ses armes
Comptant dans ses rangs des joueurs prometteurs tels Florian Thauvin, Dimitri Payet, Giannelli Imbula ou Romain Alessandrini, on ne peut pas dire que l’effectif phocéen soit dénué de talents. Néanmoins, la comparaison avec les armadas parisienne et monégasque donne mal à la tête aux fadas marseillais. Au grand dam de ces derniers, l’époque où Bernard Tapie mettait des billets sur Enzo Francescoli ou Chris Waddle est lointaine et l’OM ne dispose pas des richesses pour concurrencer les deux gloutons du championnat. Que faire sinon l’accepter et lutter avec les armes à disposition ? Les observateurs auront noté l’application que met Marcelo Bielsa à créer un esprit d’équipe et inculquer certaines valeurs. Loin de se laisser abattre, le Rosarino ne perd pas de vue qu’une bonne formation peut devenir fantastique si les joueurs qui la composent font preuve de solidarité, d’humilité et de détermination. Encore plus dans ces villes où la passion est exacerbée.
Ne sous-estimer aucun adversaire
Si elle ferait jubiler les supporters, ce n’est pas une victoire contre Paris ou Monaco qui assurerait une bonne saison. Les 34 matchs face aux 17 autres adversaires représentent 102 points. C‘est bien face à eux que se jouera le podium. Il ne s’agit donc pas de prendre de haut ces concurrents. L’humilité est un contrepoison de l’orgueil, selon Voltaire. C’est elle qui permettra aux joueurs de dépenser la même énergie en affrontant Guingamp, Metz ou Paris. D’autant qu’un adversaire sous-estimé prendra un ascendant mental indéniable, quelles que soient les différences de masses salariales. N’oublions aussi pas combien l’OM est attendu sur les terrains de Ligue 1. S’ils ne répondent pas avec la même intensité que leurs opposants, il sera impossible pour les Marseillais de l’emporter.
Cultiver l’esprit de combat
Terme emprunté à l’Italien, la grinta désigne la rage de vaincre et la pugnacité d’un sportif. Il s’agit de cette détermination qui frôle l’agressivité, de cette prodigieuse envie de gagner qui peut transformer un homme en bête. Un joueur comme Gabriel Heinze l’incarnait parfaitement. Ce n’était ni son talent, ni son physique qui faisait la différence. C’était cette aversion de la défaite ou de l’injustice (sportive) qui l’amenait à se transcender. Elle implique également une solidarité dans l’effort et face aux agressions. Compte tenu de la pression du contexte marseillais, elle constitue une voie par laquelle les Phocéens peuvent compenser le manque (relatif) de qualité. N’en déplaise à certains journalistes, cette combativité permet de se défaire des adversaires lorsque les niveaux sont proches et que les duels sont serrés. L’an passé, l’OM a cruellement manqué de joueurs de tempérament. Fort de son réseau, on espère que Marcelo Bielsa recrutera quelques teignes sud-américaines de la trempe des Gary Medel, Jorge Valdivia, Ever Banega ou Fabian Rinaudo.
Le choix de Marcelo Bielsa par Vincent Labrune va dans le sens d’une reprise en main des joueurs et d’un retour aux valeurs qui ont fait les succès du club. De nombreux exemples ont prouvé que sans elles, le talent n’était rien. Mais, si l’on peut parfois se faire une idée du potentiel d’une équipe lors de l’intersaison, nombreux sont les grains de sable qui peuvent enrayer la machine. C’est certainement pourquoi l’Argentin est si attentif à tout ce qui se passe dans son centre d’entraînement. La dynamique est jusque-là très positive, espérons que cela dure !