Après avoir connu, sans réel succès, le football basé sur le beau jeu mis en place par Laurent Blanc, les fans des Bleus découvrent un autre style avec le genre plus physique privilégié par Didier Deschamps. Une tactique payante qui, trois ans durant, a rendu plus sûre la défense de l’OM, apporté six titres dont un majeur à Marseille et… éliminé les problèmes d’insomnie de nombreux supporters phocéens (notamment lors des matchs au Stade Vélodrome). Bref, comme toujours, du positif et du négatif.
Quatre mois après son départ, le nouveau sélectionneur de l’équipe de France continue de défrayer la chronique concernant les supposés rapports difficiles qu’il a entretenu avec ses collègues et joueurs sur le bord de la Méditerranée. Les langues se délient peu à peu…
Un statut d’intouchable ébréché par les conflits
Le palmarès de Didier Deschamps parle pour lui. En tant que joueur, le milieu défensif a laissé un souvenir impérissable du côté de la Canebière, soulevant notamment la Ligue des Champions à Munich en 1993. On se rappelle également de ses remerciements à Bernard Tapie, un soir de juillet 1998, période où il n’était pas particulièrement bien vu de lui apporter un soutien.
Comme entraîneur, le passage de l’ancien champion du Monde a abouti à une recrudescence des tensions dans le club. Adulé lors de son arrivée, le Basque s’est peu à peu mis à dos des joueurs, une bonne partie du staff et certains des groupes de supporters. Il faut dire qu’après avoir tenté de faire revenir Jean-Pierre Bernès au club, il n’était pas vraiment disposé à travailler avec certains des hommes déjà présents. Laurent Spinosi, Christophe Manouvrier et… José Anigo, entre autres, en ont fait les frais. Le dernier après quelques échanges verbaux assez vifs. Deschamps s’est donc rapidement fait quelques ennemis, comme cela avait déjà été le cas à Monaco et à Turin par le passé. Et en misant sur un recrutement onéreux, avec la bienveillance de ses présidents, il a également fait croitre les attentes placées en lui. Son statut a été égratigné par une dernière saison que l’on peut qualifier de catastrophique en championnat, laquelle a plongé l’OM dans une fragilité financière qu’il n’avait plus connu depuis le début des années 2000. Sans son passé triomphal, Didier Deschamps aurait certainement été licencié avant l’hiver 2011.
Deschamps jeté en pâture par ses propres joueurs ?
Deschamps parti, le club olympien a réussi son meilleur départ en championnat depuis… 80 ans. Certainement pas de quoi s’enflammer, tant l’effectif récupéré par Elie Baup au terme de l’été n’a plus rien à voir avec celui des saisons précédentes. La politique d’austérité menée lors du mercato a permis de réduire la masse salariale de 85 à 65 millions d’euros. Cela, conjugué au fait que personne n’a pris sa défense suite à son départ, démontre néanmoins combien la fracture entre Deschamps et ses joueurs était plus importante qu’on ne le pensait. Souleymane Diawara a d’ailleurs indiqué mardi que « l’année dernière, il y a eu une cassure avec Didier Deschamps. Certains joueurs ne pouvaient plus s’entendre avec lui. » Il pense notamment à « certains ont retrouvé de la confiance, cette année, comme André-Pierre Gignac en premier lieu ».
Lors du premier semestre 2012, le groupe de supporters des Winners était notamment monté au créneau pour demander son départ. Mal lui en a pris, puisqu’il s’est mis à dos bon nombre de fans de l’OM, lesquels l’accusait de faire partie de la conspiration, avec José Anigo. Interrogé par Le Phocéen, Rachid Zeroual a livré quelques explications sur l’attitude de son groupe : « c’était devenu invivable, une horreur, jusqu’au jour où les joueurs nous ont convoqués en fin de saison pour nous demander à nous de faire notre travail. On leur a dit c’est quoi faire notre travail ? Ils nous ont dit, c’est de le faire mettre à la porte. » D’après So Foot, Steve Mandanda, Benoît Cheyrou, Nicolas Nkoulou et deux autres marseillais auraient pris part à cette réunion. Une révélation qui, si elle se confirmait, ferait l’effet d’une bombe et mettrait notamment à mal la théorie du complot à la mode depuis quelques mois.
Adulé par les uns, haï par les autres, Deschamps est devenu l’un de ces personnages qui ne laissent personne insensible. Les questions persistent néanmoins. Les hommes « de confiance » de l’entraîneur ont-ils réellement tenté de le faire virer ? Et quel fut l’influence de Jean-Pierre Bernès dans son attitude à l’OM ? Longtemps accusé d’avoir manigancé l’éviction du natif de Bayonne, José Anigo pourrait sortir blanchi de toutes ces divulgations… Les joueurs ne devraient de toute façon pas tarder à réagir et démentir, ou non, les confidences du vice-président des Winners.